La mort choisie, thème débattu à Grenoble
Par Edouard Schoene
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Un public nombreux pour cette conférence du docteur François Damas.
L’association « Le choix — Citoyens pour une mort choisie » accueillait vendredi 28 avril à Grenoble le médecin belge François Damas, pour une soirée consacrée à la demande d’une nouvelle loi autorisant l’aide à mourir.
Elisabeth Manfreo présentait en ouverture l’association invitante (sa délégation en Isère) fondée en 2018 à la suite de deux pétitions réclamant une loi autorisant l’aide active à mourir, lesquelles ont recueilli 500 000 signatures. L’association demande à la fois une nouvelle loi et l’augmentation de l’offre de soins palliatifs très insuffisants en France.
Les objectifs de l’association.
Le docteur Damas introduisait la soirée en soulignant la qualité du film qui était présenté, Les mots de la fin, bien plus explicite qu’un long discours d’introduction. Ce film, récemment programmé par Arte, montre de courts extraits d’entretiens, dans un hôpital belge entre le docteur Damas et des patients qui viennent demander la mort assistée. Le documentaire donne également à voir les réunions de concertation entre médecins pour instruire les demandes de mort assistée.
Elisabeth Manfreo, responsable de la section iséroise de l’association Le Choix — Citoyens pour une mort choisie.
De vifs et longs applaudissements ont envahi la salle (où le public était nombreux) à l’issue de la projection. Le docteur Damas a répondu à une série de questions sur ce sujet très chargé d’émotions. Sur la douzaine de scènes tournées à l’hôpital de la citadelle à Liège (Belgique) trois montrent des entretiens interdisciplinaires à l’hôpital, six des entretiens avec des patients. Une scène donne à voir un entretien entre le Dr Damas et la maman d’une jeune femme décédée après la mise en œuvre du protocole de mise à mort, laquelle était réclamée par la patiente, en fin de vie.
Le film permet de comprendre que le processus pour accéder à la mort choisie par un dispositif d’euthanasie, conformément à la loi belge de 2002 est précis, mis en œuvre entre le patient et son entourage familial et médical et une équipe médicale (médecins, psychiatres). Seuls les patients très gravement malades, d’une maladie menant certainement à la mort et proches d’une mort par la maladie, peuvent accéder à l’euthanasie.
Le docteur François Damas est l’auteur de La mort choisie : comprendre l’euthanasie & ses enjeux (2013).
Après 20 ans d’existence de la loi, le décès assisté a été réalisé en 2022 pour 2800 patients soit 2,5% des décès. Aujourd’hui l’essentiel des mises en œuvre de la mort assistée se fait à domicile.
Le film donne à entendre la dernière parole de M. Lombard, près de sa famille, « tchao ». Signe ayant été donné au médecin par le patient qui demandait d’être délivré de sa souffrance, celui-ci a actionné l’injection : la mort est arrivée en quelques secondes.
Le Dr Damas a été amené à préciser que nombre de médecins, tout particulièrement au début de la mise en œuvre de la loi, se refusaient à agir pout mettre un terme à la vie d’un patient réclamant la mort. Or l’euthanasie ne peut être pratiquée que par un médecin ou en présence d’un médecin. Ce sont essentiellement des médecins urgentistes ou anesthésistes qui pratiquent l’acte d’assistance à la mort qui ne peut se faire qu’après un signe ou un mot du patient la réclamant.
Aucune question n’est venue de l’assistance pour interroger philosophiquement ou moralement la question du suicide assisté, de l’euthanasie.