Et pendant ce temps-là… des dossiers qui passent au second plan.
Si, à l’ouverture de la réunion du conseil métropolitain du 26 mai, la poussière semblait être retombée, le retrait unilatéral de délégation d’un vice-président écologiste en soirée a ravivé la flamme du conflit. La réunion s’était pourtant plutôt bien passée… On fait le point.
Après les échanges salés de courriers entre le président de la métropole et le groupe UMA (écologistes et insoumis) de la semaine, après les ultimatums des uns et les appels à l’apaisement des autres, un calme relatif planait sur l’hémicycle métropolitain ce vendredi 26 mai.
Sous la pression, Christophe Ferrari avait renoncé à mettre à l’ordre du jour l’examen de modifications de la composition de son exécutif. Lorsque le vice-président Nicolas Beron-Perez l’interpelle publiquement sur le sujet, le président rappelle qu’aucune délibération n’aborde la question, laissant entrevoir dans le ton apaisant employé une possible sortie de crise.
De rebondissements en rebondissements
Las, quelques heures à peine après la fin de séance, les groupes de la majorité de gauche reçoivent un courrier lapidaire : Lionel Coiffard, vice-président en charge de la gestion des déchets, se voit retirer ses délégations sans ménagement.
Il n’en fallait pas plus pour sonner le tocsin dans la galaxie écologiste : les réactions indignées se succèdent, l’affaire montant même jusqu’à Marine Tondelier, secrétaire nationale d’EELV, qui réagit dans les colonnes du Dauphiné libéré. S’en suivent les déclarations des présidents de groupes NMC (petites communes, ndlr) et ACTES (PS et apparentés), en soutien à Christophe Ferrari. Et tout semble repartir pour un tour…
Front unitaire
C’était compter sans la montée en puissance des tenants de la ligne unitaire. Si les communistes s’étaient publiquement exprimés dès le départ en ce sens, appelant à l’apaisement et à renouer le dialogue, et qu’ils réaffirment cette position cette semaine sans surprise, d’autres voix se sont fait entendre depuis.
Ainsi, les élus de la France insoumise, particulièrement discrets sur le sujet jusqu’alors, dénoncent-ils « des querelles sans fin » difficilement supportables.
Mais surtout, les élus de quatre communes aux majorités plurielles s’expriment pour la première fois publiquement ce mercredi 31 mai, pour appeler à un « retour au calme » afin de mettre fin à ce qu’ils qualifient de « querelles de clans ».
A l’origine de cet appel, on retrouve notamment Guillaume Lissy, maire socialiste de Seyssinet-Pariset connu pour son attachement sans faille à l’union de la gauche, et Laurent Amadieu, maire écologiste de Saint Egrève qui a su lui aussi faire l’union dans sa commune pour l’emporter face à la droite. Si ce dernier figure dans les premiers signataires de l’appel au rassemblement initié par Guillaume Gontard et Frédérique Penavaire en vue des élections sénatoriales de septembre, sa première adjointe, Françoise Charavin, avait quant à elle signé l’appel « Territoires singuliers », initié par… Christophe Ferrari. Quelques semaines plus tard, elle prend ainsi ses distances, rejoignant l’appel « à la raison et à la responsabilité » autour d’un objectif clair : trouver un chemin pour renouer le dialogue à gauche.
Pas de « majorité dans la majorité » pour la rupture
Alors que (presque) tout le monde s’est exprimé, il semble que la majorité plurielle de la métropole soit revenue au point de départ : de toute évidence, il n’y a pas de « majorité dans la majorité » pour soutenir le scénario mortifère d’une rupture. Une situation dont se félicite un élu communiste : « maintenant, il va falloir se poser, baisser d’un ton et renouer le dialogue, parce qu’on ne va pas laisser la droite arbitrer le match, ça serait encore plus ingouvernable… ».
Robert W. Ewellnes
Pourquoi tant de précipitation ?
À entendre plusieurs élus de toutes obédiences, Christophe Ferrari a semble-t-il commis une faute en procédant avec autant de brutalité. « S’il avait accepté de convoquer un séminaire de travail avant d’y aller à la hache sans prévenir, il aurait pu emporter une majorité contre la ville de Grenoble ; mais là il a choqué tout le monde et s’est isolé. Incompréhensible, quand on sait combien il aime à peaufiner son image de stratège politique… »
Reste que l’essentiel est peut-être ailleurs… Pour un habitué du sérail, « s’il donne l’impression de faire une faute sur un échiquier, c’est qu’il joue une autre partie en parallèle ». Et de citer les élections sénatoriales.
Les bruits d’une liste de centre-gauche conduite par Jean-Yves Brenier et soutenue par le président de la métropole se font en effet pressants, agaçant jusque dans les rangs du Parti socialiste. « Si on se range derrière eux, c’est la mort du PS en Isère, c’est fini… », réagit ainsi un militant. Or, alors que de plus en plus d’élus divers-gauche regardent avec intérêt la démarche engagée par Guillaume Gontard, la liste en construction autour des ténors de « Territoires singuliers » pourrait avoir besoin de cautions du PS pour assoir sa légitimité.
Ainsi, les postes occupés par des écologistes que Christophe Ferrari entendait redistribuer au forceps viennent-ils peut-être gager des négociations en coulisse, d’où un empressement sinon difficilement compréhensible…
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