A la métro, l’exécutif travaille. Il y a aussi des élus qui se regardent en chiens de faïence et d’autres qui n’y mettent plus vraiment les pieds.

Grenoble Alpes métropole est-elle une collectivité dirigée à gauche ? Sans doute. Et pas si simple pourtant. Tentative d’explications.

«Les bras m’en sont tombés après avoir lu les élucubrations des deux maires. » Ça, c’est une réaction du président de la Métro, Christophe Ferrari, le 12 janvier, à la lecture d’une lettre ouverte signée par deux maires, Eric Piolle, celui de Grenoble, et Florent Cholat, celui de Champagnier. Et le président d’inviter les deux élus « à s’intéresser davantage à notre travail […] de manière à ne pas être complètement à côté de la plaque ». Fermez le banc. Comme si ça ne suffisait pas, Sylvain Laval, maire de Saint-Martin-le-Vinoux et président du SMMAG, y va de la sienne, le 14 janvier : « Je les invite à porter autant d’intérêt à nos travaux quotidiens qu’à leurs réseaux sociaux et à leurs déclarations incantatoires et simplistes ». Pour que les choses soient claires, un communiqué du groupe des élus Actes (dans lequel se côtoient des élus socialistes et Christophe Ferrari) stigmatise « les donneurs de leçon de Grenoble et de Champagnier ». Bien.

Mais pourquoi tant de haine ? On n’avait pas vu le président de la Métro s’exprimer avec pareille virulence, par exemple lorsque le département a décidé de quitter le syndicat des transports…

Revenons à la lettre d’Eric Piolle et Florent Cholat. Ils partent d’un constat : « Plus d’une mort sur dix est due à la mauvaise qualité de l’air en Europe. » Et formulent une série de propositions pour réduire la pollution issue du chauffage individuel au bois, avancer vers la gratuité des transports en commun ou encore l’interdiction de circulation des véhicules les plus polluants assortie d’aides financières.

La gestion de la métropole serait-elle mise en cause ? Une impatience, certes : « Etat mais aussi Métropole, syndicat de mobilités et communes, à chaque échelon, nous devons accélérer les transitions ». Rien qui ne paraisse pourtant justifier le coup de sang – aux frontières de l’insulte – des présidents de la Métro et du SMMAG vis-à-vis de deux élus qui soutiennent l’exécutif métropolitain.

Un contrat de majorité… en panne depuis quatre mois

Alors il faut bien chercher ailleurs.

On pense naturellement aux conditions de l’élection de Christophe Ferrari, le 17 juillet dernier, acquise avec les voix de la droite et de l’extrême-droite, face au candidat représentant une majorité des élus de gauche. A l’élection de Sylvain Laval à la présidence du SMMAG, ancien du directeur de cabinet de la ministre de la Justice du premier gouvernement Macron.

Épisodes, entres autres, qui auront laissé des traces. Au point qu’un élu écologiste nous confiera son refus d’utiliser le terme de « majorité ». Pour lui, il y a un exécutif constitué par quatre groupes d’élus (écologistes, communistes, socialistes et « petites » communes) et cet ensemble est traversé par deux courants, celui de la gauche sociale et écologiste et celui d’élus moins soucieux d’avancer. Voire sensibles aux sirènes macronistes. En janvier, le « contrat de majorité » prévu en septembre n’avait toujours pas franchi le cap du bureau de Christophe Ferrari.

Un contexte qui conduit conseillers communistes et écologistes à compter sur les citoyens pour que les choix métropolitains soient effectivement marqués du sceau de la justice sociale et de la transition écologique.

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