MC2 – Voyage Hypnotique. Hors des sentiers battus avec deux grandes artistes, la violoncelliste Noémi Boutin et la pianiste Vanessa Wagner

Par Régine Hausermann

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Vanessa Wagner  ©Caroline Doutre

Vendredi 26 mai 2023 – Week-end de Pentecôte. L’été est arrivé. Les abords de la MC2 sont calmes. Beaucoup de citadin·es sont parti·es se mettre au vert. Quelle chance pour nous que ce concert à la programmation exceptionnelle, de Schubert à Britten en passant par Philip Glass, Arvö Pärt et Meredith Monk !

Un duo de musi­ciennes de haute volée Nous connais­sions la vio­lon­cel­liste Noé­mi Bou­tin depuis un concert mémo­rable don­né à la MC2 en novembre 2021, Bache­lard Quar­tet. Une ren­contre inat­ten­due et sen­sible entre textes et musiques, un ora­to­rio dédié aux quatre élé­ments qui plon­geait déjà les spec­ta­teurs et spec­ta­trices dans une sorte de « som­meil éveillé ». Depuis, Noé­mi Bou­tin — artiste asso­ciée à la MC2 — a don­né plu­sieurs concerts dans les­quels s’expriment sa joie de jouer, son espiè­gle­rie… et sa vir­tuo­si­té. Nous avons décou­vert la pia­niste Vanes­sa Wag­ner, à l’aise dans Schu­bert comme dans Phi­lip Glass. Le buste droit peu mobile, les mains très longues, vigou­reuses, si mobiles puis sus­pen­dues au-des­sus du cla­vier à la fin du mor­ceau. Hié­ra­tique mais si expres­sive.
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Noé­mi Bou­tin. ©Alex Cres­tey

Un voyage hyp­no­tique, de Schu­bert à Brit­ten Le contraste de leur ges­tuelle sur le pla­teau ne nui­sait en rien à leur com­pli­ci­té, dans un réper­toire emprun­tant les che­mins de tra­verse. Les deux solistes ont construit « ce pro­gramme patiem­ment, au fil de nom­breux échanges, ima­gi­nant un dia­logue où la mélan­co­lie n’est pas seule­ment sou­ve­nir d’une har­mo­nie per­due, mais aus­si l’espoir d’un monde plus apai­sé, mieux vivant. » La Sonate Arpeg­gione en la mineur de Franz Schu­bert embarque le public dans ce voyage nos­tal­gique. Ecrite pour deux ins­tru­ments — l’arpeggione, une gui­tare-vio­lon­celle, ins­tru­ment aujourd’hui dis­pa­ru – et pia­no, ses accents roman­tiques nous émeuvent. Deuxième étape du voyage, Fratres du com­po­si­teur esto­nien Arvo Pärt, l’une de ses pièces par­mi les plus jouées. Le concert se pour­suit avec Deux études pour pia­no seul de Phi­lip Glass qui nous sur­prennent par leur musi­ca­li­té. On s’attendait à une musique répé­ti­tive, mini­ma­liste. Seule au pia­no, Vanes­sa Wag­ner fait res­sor­tir toute la richesse de ces deux œuvres, presque mélo­diques. Noé­mi Bou­tin est de retour pour une ber­ceuse de Mere­dith Monk — Gotham Lul­la­by — dans une ver­sion inédite, trans­crite par elle-même pour les deux artistes. La com­po­si­trice état­su­nienne née en 1942 est proche de la musique mini­ma­liste mais aus­si du jazz. Le voyage se ter­mine avec la Sonate (op. 65) de Ben­ja­min Brit­ten dont le roman­tisme moderne fait écho à celui de Schu­bert. Née de l’amitié que le com­po­si­teur anglais entre­te­nait avec le vio­lon­cel­liste russe Msti­slav Ros­tro­po­vitch par delà les vicis­si­tudes de la guerre froide, l’œuvre clôt la soi­rée de façon magis­trale.

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