Nadja Makhlouf et Lynda Bensella, à la Rampe, à Echirolles.
Dans le cadre du « Mois de l’Algérie, mars 2023 », le collectif 17 octobre 1961 accueillait Wassyla Tamazali à la maison du tourisme de Grenoble le 17 mars et la ville d’Echirolles accueillait Nadja Makhlouf le 18 mars.
Wassyla Tamzali a longuement développé son intervention liminaire sur les luttes des femmes et des féministes de 1954 à nos jours. Elle a notamment montré la place centrale occupée par la question des femmes dans le mouvement Hirak qui débuta en février 2019.
« En Algérie, pays moderne, la législation a coulé dans le marbre l’inégalité hommes-femmes. Dans les pays qui se réclament de l’Islam, l’inégalité hommes-femmes est un principe de base. La querelle sur « les femmes et les hommes sont ils égaux ? » n’est pas réglée. La religion musulmane n’a pas joué de rôle positif En Algérie, je pourrai vous montrer les images de la cérémonie pour voiler les femmes à l’université. On est passé à un niveau très dangereux. Un constat douloureux : en 2023, après le Hirak, la réponse à la demande d’égalité hommes femmes est non. Une jeune femme qui a brandi un carton demandant l’abolition du Code de la famille a soulevé la colère. C’est insupportable. L’Islam, comme elle est pratiquée chez nous et ailleurs est une religion phallique, de domination des hommes, une morale sexuelle. Toutes les questions posées sur l’islam tournent sur la sexualité. A partir de l’arrivé de Khomeini en Iran en 1976, nous avons entamé le siècle de l’Islam politique. Une des réponses provisoire que je fais à cette situation faite aux femmes : la situation des femmes relève d’un grand projet politique de la revanche sur l’occident. C’est chez nous, entre Algériens, que l’on vit un « choc des cultures ». Frantz fanon disait qu’on ne voile pas les femmes pour voiler les femmes. Il insistait ainsi sur l’acte politique de «voiler les femmes ».

Dans le débat ont été évoquées les questions sur l’actualité iranienne, tunisienne, le Coran et la libération des femmes, l’islam, le durcissement du pouvoir algérien (répression,…) et beaucoup d’autres questions.

Wassyla Tamazali et Mariano Bona.
Il revenait à Lynda Bensella (ancienne secrétaire générale de la CGT Isère) d’animer la rencontre avec la jeune artiste algérienne. Le débat, a été vécu par nombre de personnes présentes, comme un moment d’une très grande intensité émotionnelle.
Nadja explique sa démarche : « Moudjahida qui veut littéralement dire « femme combattante » est une exposition présentant une série de photos de femmes qui ont combattu pendant la guerre de libération en Algérie. A l’occasion du cinquantenaire de l’indépendance, je voulais retrouver et rencontrer toutes ces femmes qui avaient participé de près ou de loin à cette guerre : qu’elles se soient battues au maquis (comme soldat ou comme infirmière), à la Casbah (comme poseuse de bombe), comme artistes (des troupes d’artistes faisaient des spectacles en France, en Algérie et dans le monde entier pour sensibiliser la cause algérienne), ou bien en clandestinité dans la métropole. Je voulais faire le portrait de toutes ces femmes militantes ».
Le résultat artistique est une série de doubles photos accompagnées d’un texte présentant la femme dans sa jeunesse et le jour de l’entretien avec la photographe (2013). Aujourd’hui sur les trente femmes rencontrées, cinq sont encore vivantes.

Nadja Makhlouf.
Toute l’aventure de ce projet artistique et humain a été contée par l’artiste, avec une grande finesse. Un moment fort a été celui où Nadja expliquait la difficulté dans certaines familles de voir débarquer une étrangère à laquelle se confiait une mère qui n’avait jamais raconté son histoire auparavant. Plusieurs femmes ont témoigné sur leurs ancêtres qui ont été du combat de l’indépendance au Maghreb.
L’exposition est visible à la mairie d’Echirolles jusqu’au 30 mars
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