Dans les locaux de l’antenne martinéroise du Secours populaire français.
Le comité de Saint-Martin-d’Hères du Secours populaire a assuré la continuité de l’aide aux bénéficiaires grenoblois pendant la parenthèse qu’a connue la fédération de l’Isère de cette association solidaire. Des locaux qui abritent une activité fébrile et une fréquentation soutenue. Rencontre avec Samir Rebadj, son responsable.
Impossible de le rater : le comité local du Secours populaire de Saint-Martin-d’Hères trône sereinement au rond-point Nelson-Mandela, au cœur d’une intense circulation quotidienne. Souriant et déterminé, Samir Rebadj en est le responsable. Il est bénévole : le bénévolat, il a ça dans le sang. C’est un besoin. A tel point que lorsqu’il a fallu trouver un responsable pour diriger le comité local, l’assemblée générale l’a désigné sans coup férir. « J’ai hésité pendant deux mois, précise-t-il, je n’en dormais pas car c’est une responsabilité. » Sa compagne, active bénévole elle aussi, en témoigne. Il a finalement accepté et avoue ne pas le regretter.
Car le comité de Saint-Martin-d’Hères, c’est un monument de solidarité !
Confirmation : dans l’attente de l’ouverture de nouveaux locaux du Secours populaire à Grenoble, les bénéficiaires grenoblois de ses aides ont été invités à se rendre dans les locaux du comité de Saint-Martin-d’Hères pour continuer à bénéficier des aides. « C’est un choix qui nous rend fiers car il reconnaît l’activité que nous déployons. C’est valorisant ! », se réjouit Samir.
L’activité est inlassable. Vestiaires et aide alimentaire comme dans tous les comités locaux, où se pressent trois jours par semaine de nombreux visiteurs, mais aussi des spécificités.
C’est l’aide alimentaire aux étudiants, instaurée les samedis matins – pour tenir compte de leur disponibilité – ; c’est l’organisation depuis l’hiver dernier de maraudes en aide aux sans-abri, qui démarre du campus pour déborder sur Grenoble. Soixante et onze interventions ont été effectuées en quatre mois pour une première mise en route !
Des démarches rendues possibles grâce aux nombreux bénévoles du comité. « Nous ne refusons personne, insiste-t-il, nous n’en aurons jamais trop ! »
Et de se féliciter de ses 180 actifs réguliers (dont quatre-vingt étudiants) sur lesquels il peut s’appuyer. Car l’accueil et l’aide nécessaires impliquent un travail en amont : les collectes et les ramassages. Il faut pouvoir approvisionner les demandes. L’aide européenne oui, mais pas seulement. Il faut organiser régulièrement et fréquemment des collectes auprès de la population et des ramassages auprès des commerces avec lesquels des ententes ont été réalisées.
Aide alimentaire aux étudiants, maraudes…
La solidarité n’est pas un slogan mais un fait. Les accueillis sont les bienvenus, quelles que soient leurs demandes. Samir explique : « On ne les laisse pas partir comme ça même si on ne peut pas tout, on les écoute, on les soutient, on leur explique leurs droits, on les aide, on reste en contact, on propose aussi des activités. »
Les accueillis ont aussi droit à des loisirs, des vacances, car « certaines familles ne sont jamais sortis de l’agglomération ». Dans ce cadre, « nous participons chaque année, avec des choix locaux, aux journées de vacances organisées le même jour dans tout le pays ». Cette année ce sera le 18 août.
En 2021, « nous avions choisi Annecy. Cette année on envisage une journée à Disneyland », mais rien n’est encore tranché. Il est prévu deux ou trois sorties annuelles et parfois une aide à la participation dans des colonies « quand on a un partenariat avec le national ».
Samir se félicite du climat de confiance qui règne en ses locaux car « la plupart des bénévoles sont d’anciens accueillis ce qui crée des liens ». Les moyens humains n’excluent pas les besoins financiers. Le comité s’enorgueillit de bénéficier de nombreux donateurs fidèles qui ont à cœur de le soutenir, quel que soit le montant du versement. « Nous apprécions à sa juste valeur l’aide de la Ville de Saint-Martin-d’Hères, tant au plan des locaux que des subventions, ce qui nous permet d’envisager le présent et l’avenir avec plus de sérénité, même si les demandes et les besoins s’accroissent. »
Cela permet au comité local d’envisager de nouveaux projets : développer les maraudes avec l’aide du 115 (actuellement en négociation), élargir l’aide aux étudiants confrontés pour beaucoup à de nombreuses difficultés, favoriser l’aide à l’intégration sportive dans les clubs de foot…
« Au Secours populaire, on fait de la solidarité, pas la charité ! », commente Samir. Riche programme.
Max Blanchard
Secours populaire français, quartier Renaudie, 68 avenue du 8 Mai 1945, 38 400 Saint-Martin-d’Hères. Lundi, mercredi et vendredi de 13h30 à 17h. Distribution alimentaire les lundis et mercredis jusqu’à 15h30. Samedi de 9h à midi, distribution alimentaire pour les étudiants.
Le fil des événements
16 octobre 2021. Le congrès départemental du SPF se déroule en présence de 113 délégués. 233 procurations sont enregistrées. La direction issue de ce congrès comprend des personnes qui ne sont pas membres du Secours populaire, dont le secrétaire général désigné par cette direction, Pierre-Edouard Cardinal.
2 novembre. Le conseil d’administration de l’Association nationale le Secours populaire décide de placer la fédération de l’Isère sous tutelle, estimant que le congrès d’octobre ne s’est pas déroulé conformément aux règles en usage au SPF. La direction départementale reste celle qui était en place avant le congrès du 16 octobre.
18 décembre. Cette direction élit Sylvie Loyau à la responsabilité de secrétaire générale.
22-23 janvier 2022. Les serrures du local de la fédération de l’Isère sont changées. Salariés et bénévoles du Secours populaire ne peuvent accéder à leurs bureaux ni tenir les permanences d’accueil.
9 février. Pierre-Edouard Cardinal saisit la justice. Le juge des référés indique le 9 mars qu’il ne peut juger de la légitimité du congrès en l’absence d’un recours contre ses décisions.
13 avril. Le comité départemental désigné par le congrès du 16 octobre décide de renoncer.
Sur le même sujet : Pierre-Edouard Cardinal jette l’éponge
Sur le terrain, les bénévoles sont restés mobilisés.
Six mois de crise
au Secours populaire
Tout a commencé par la tentative de prise de contrôle de la fédération de l’Isère par un groupe emmené par le directeur général de Minatec entreprises.
La parenthèse s’est refermée. Au grand soulagement des bénévoles. Le 20 avril dernier, Pierre-Edouard Cardinal a fait parvenir un courrier à la secrétaire générale du Secours populaire français dans laquelle il indique qu’il renonce à prétendre diriger la fédération de l’Isère du SPF. Il indique également que le comité départemental issu du congrès du 16 octobre 2021 est lui aussi démissionnaire, dans son ensemble. Une décision actée le 13 avril. Ainsi prenait fin une crise ouverte par la tentative qui s’était fait jour lors de ce congrès.
Reprenons le fil des événements. Le 16 octobre 2021, ce congrès se réunissait en présence de 113 délégués tandis que 233 procurations étaient comptabilisées dans les votes. Le comité départemental élu dans ces conditions comprenait dix-sept personnes qui n’étaient pas membres du Secours populaire au moment de la convocation du congrès, le 21 septembre. Dont Pierre-Edouard Cardinal, désigné par ce comité départemental au poste de secrétaire général de la fédération.
Un homme qui n’est pas inconnu sur la place grenobloise. Pierre-Edouard Cardinal est directeur général de Minatec entreprises. Minatec entreprises, une société d’économie mixte qui construit et gère des bâtiments industriels dans la Presqu’île grenobloise. Cette SEM est présidée par Yannick Neuder, également vice-président du conseil régional aux côtés de son président Laurent Wauquiez. On est assez loin des difficultés que rencontrent les habitants des quartiers populaires.
L’affaire des serrures, la justice sollicitée…
Face à cette situation inédite, la direction nationale du SPF décidait le 2 novembre de placer sous tutelle la fédération de l’Isère. Et de demander aux responsables en place avant le congrès de gérer la transition jusqu’à la tenue d’un congrès organisé conformément à la démocratie interne de règle au SPF.
S’ensuivit une période difficile marquée par exemple par des changements de serrures au siège départemental du SPF, en interdisant l’accès pendant une semaine à ses salariés comme à ses adhérents. Épisode judiciaire, aussi, se traduisant par l’invitation du juge à contester l’élection intervenue le 16 octobre, démarche qui s’avérera finalement inutile.
Toutes péripéties qui sont aujourd’hui derrière nous.
Luc Renaud
Sylvie Loyau, secrétaire générale du Secours populaire Isère.
De l’aide alimentaire au droit à la culture, le Secours sur tous les fronts
Les bénévoles animateurs-collecteurs du SPF poursuivent leur engagement au quotidien pour apporter écoute et aide matérielle aux plus démunis grâce à ses 20 comités locaux. 31 000 personnes sont aidées en Isère.
« L’aide alimentaire n’est pas notre seule activité, l’ouverture sur l’accès à la culture, aux sports, aux loisirs, le droit aux vacances fait aussi partie des nos actions en direction des personnes en difficultés, c’est fondamental pour nous », insiste Sylvie Loyau, secrétaire générale du SPF-Isère.
Après six mois de crise, les bénévoles du Secours populaire sont plus que jamais décidés à faire face aux nécessités de la solidarité. Et il y a de quoi faire. En Isère, 31 262 personnes sont aidées par le Secours populaire. L’aide alimentaire, mais aussi les loisirs : c’est ainsi que 5 238 journées de vacances ont pu être maintenues en 2020, malgré la crise sanitaire, pour des séjours en famille ou d’enfants.
La vitalité de l’organisation, c’est d’abord celle de ses comités. Parmi leurs initiatives, celle de la chasse aux œufs, organisée par de nombreux comité locaux le week-end de Pâques. 727 personnes ont ainsi profité de la chasse aux œufs organisée à Beaurepaire pour offrir aux familles démunies un après-midi de détente. Jeux gonflables, promenades à poneys, spectacle et goûter offerts, rien ne manquait à ce rendez-vous. Ce dont se félicite Françoise Robert, secrétaire générale du comité de Roussillon : « Après des jours bien difficiles pour tous et avec le retour du printemps, la solidarité demeure, se partage et se développe en Isère rhodanienne », nous dit-elle dans un sourire.
Le succès des chasses aux œufs, pour la solidarité
D’autant qu’il ne s’agit pas uniquement de chocolat. Grâce aux dons, les chasses aux œufs permettent de financer des projets de solidarité à travers le monde. La tragédie qui se déroule en Europe rappelle que les conflits, les aléas climatiques, la pauvreté, la misère, l’exil, n’épargnent aucun peuple, aucun continent. Le mot d’ordre du dernier congrès du SPF « Ensemble, construisons une solidarité populaire, durable et planétaire » est plus que jamais d’actualité. La solidarité avec le peuple ukrainien est l’une des activités importante du Secours populaire en Isère.
Autre volet de l’activité du Secours, celui de l’élargissement de l’accès à la culture. Ainsi des visites de musée, par exemple. « Nous avons une convention avec la ville de Grenoble, explique Jackie Rey, élue à la commission France du SPF, une dizaine de médiateurs du musée se mettent à notre disposition pour toute une après-midi avec un grand goûter offert par le musée. Cela touche entre 160 et 180 personnes. Une quarantaine de bénévoles travaillent à la réussite de ces événements », précise-t-elle.
Maryvonne Mathéoud