Secours populaire. Ils font vivre la solidarité au quotidien

Par Luc Renaud

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Le comité de Saint-Martin-d’Hères du Secours populaire a assuré la continuité de l’aide aux bénéficiaires grenoblois pendant la parenthèse qu’a connue la fédération de l’Isère de cette association solidaire. Des locaux qui abritent une activité fébrile et une fréquentation soutenue. Rencontre avec Samir Rebadj, son responsable.

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Dans les locaux de l'antenne martinéroise du Secours populaire français.

Impos­sible de le rater : le comi­té local du Secours popu­laire de Saint-Martin‑d’Hères trône serei­ne­ment au rond-point Nel­son-Man­de­la, au cœur d’une intense cir­cu­la­tion quo­ti­dienne. Sou­riant et déter­mi­né, Samir Rebadj en est le res­pon­sable. Il est béné­vole : le béné­vo­lat, il a ça dans le sang. C’est un besoin. A tel point que lorsqu’il a fal­lu trou­ver un res­pon­sable pour diri­ger le comi­té local, l’assemblée géné­rale l’a dési­gné sans coup férir. « J’ai hési­té pen­dant deux mois, pré­cise-t-il, je n’en dor­mais pas car c’est une res­pon­sa­bi­li­té. » Sa com­pagne, active béné­vole elle aus­si, en témoigne. Il a fina­le­ment accep­té et avoue ne pas le regret­ter.

Car le comi­té de Saint-Martin‑d’Hères, c’est un monu­ment de soli­da­ri­té !

Confir­ma­tion : dans l’attente de l’ouverture de nou­veaux locaux du Secours popu­laire à Gre­noble, les béné­fi­ciaires gre­no­blois de ses aides ont été invi­tés à se rendre dans les locaux du comi­té de Saint-Martin‑d’Hères pour conti­nuer à béné­fi­cier des aides. « C’est un choix qui nous rend fiers car il recon­naît l’activité que nous déployons. C’est valo­ri­sant ! », se réjouit Samir.

L’activité est inlas­sable. Ves­tiaires et aide ali­men­taire comme dans tous les comi­tés locaux, où se pressent trois jours par semaine de nom­breux visi­teurs, mais aus­si des spé­ci­fi­ci­tés.

C’est l’aide ali­men­taire aux étu­diants, ins­tau­rée les same­dis matins – pour tenir compte de leur dis­po­ni­bi­li­té – ; c’est l’organisation depuis l’hiver der­nier de maraudes en aide aux sans-abri, qui démarre du cam­pus pour débor­der sur Gre­noble. Soixante et onze inter­ven­tions ont été effec­tuées en quatre mois pour une pre­mière mise en route !

Des démarches ren­dues pos­sibles grâce aux nom­breux béné­voles du comi­té. « Nous ne refu­sons per­sonne, insiste-t-il, nous n’en aurons jamais trop ! »

Et de se féli­ci­ter de ses 180 actifs régu­liers (dont quatre-vingt étu­diants) sur les­quels il peut s’appuyer. Car l’accueil et l’aide néces­saires impliquent un tra­vail en amont : les col­lectes et les ramas­sages. Il faut pou­voir appro­vi­sion­ner les demandes. L’aide euro­péenne oui, mais pas seule­ment. Il faut orga­ni­ser régu­liè­re­ment et fré­quem­ment des col­lectes auprès de la popu­la­tion et des ramas­sages auprès des com­merces avec les­quels des ententes ont été réa­li­sées.

Aide alimentaire aux étudiants, maraudes…

La soli­da­ri­té n’est pas un slo­gan mais un fait. Les accueillis sont les bien­ve­nus, quelles que soient leurs demandes. Samir explique : « On ne les laisse pas par­tir comme ça même si on ne peut pas tout, on les écoute, on les sou­tient, on leur explique leurs droits, on les aide, on reste en contact, on pro­pose aus­si des acti­vi­tés. »

Les accueillis ont aus­si droit à des loi­sirs, des vacances, car « cer­taines familles ne sont jamais sor­tis de l’agglomération ». Dans ce cadre, « nous par­ti­ci­pons chaque année, avec des choix locaux, aux jour­nées de vacances orga­ni­sées le même jour dans tout le pays ». Cette année ce sera le 18 août.

En 2021, « nous avions choi­si Anne­cy. Cette année on envi­sage une jour­née à Dis­ney­land », mais rien n’est encore tran­ché. Il est pré­vu deux ou trois sor­ties annuelles et par­fois une aide à la par­ti­ci­pa­tion dans des colo­nies « quand on a un par­te­na­riat avec le natio­nal ».

Samir se féli­cite du cli­mat de confiance qui règne en ses locaux car « la plu­part des béné­voles sont d’anciens accueillis ce qui crée des liens ». Les moyens humains n’excluent pas les besoins finan­ciers. Le comi­té s’enorgueillit de béné­fi­cier de nom­breux dona­teurs fidèles qui ont à cœur de le sou­te­nir, quel que soit le mon­tant du ver­se­ment. « Nous appré­cions à sa juste valeur l’aide de la Ville de Saint-Martin‑d’Hères, tant au plan des locaux que des sub­ven­tions, ce qui nous per­met d’envisager le pré­sent et l’avenir avec plus de séré­ni­té, même si les demandes et les besoins s’accroissent. »

Cela per­met au comi­té local d’envisager de nou­veaux pro­jets : déve­lop­per les maraudes avec l’aide du 115 (actuel­le­ment en négo­cia­tion), élar­gir l’aide aux étu­diants confron­tés pour beau­coup à de nom­breuses dif­fi­cul­tés, favo­ri­ser l’aide à l’intégration spor­tive dans les clubs de foot…

« Au Secours popu­laire, on fait de la soli­da­ri­té, pas la cha­ri­té ! », com­mente Samir. Riche pro­gramme.

Max Blan­chard

Secours popu­laire fran­çais, quar­tier Renau­die, 68 ave­nue du 8 Mai 1945, 38 400 Saint-Martin‑d’Hères. Lun­di, mer­cre­di et ven­dre­di de 13h30 à 17h. Dis­tri­bu­tion ali­men­taire les lun­dis et mer­cre­dis jusqu’à 15h30. Same­di de 9h à midi, dis­tri­bu­tion ali­men­taire pour les étu­diants.

Secours
Sur le ter­rain, les béné­voles sont res­tés mobi­li­sés.

Six mois de crise au Secours populaire

Tout a commencé par la tentative de prise de contrôle de la fédération de l’Isère par un groupe emmené par le directeur général de Minatec entreprises.

La paren­thèse s’est refer­mée. Au grand sou­la­ge­ment des béné­voles. Le 20 avril der­nier, Pierre-Edouard Car­di­nal a fait par­ve­nir un cour­rier à la secré­taire géné­rale du Secours popu­laire fran­çais dans laquelle il indique qu’il renonce à pré­tendre diri­ger la fédé­ra­tion de l’Isère du SPF. Il indique éga­le­ment que le comi­té dépar­te­men­tal issu du congrès du 16 octobre 2021 est lui aus­si démis­sion­naire, dans son ensemble. Une déci­sion actée le 13 avril. Ain­si pre­nait fin une crise ouverte par la ten­ta­tive qui s’était fait jour lors de ce congrès.

Repre­nons le fil des évé­ne­ments. Le 16 octobre 2021, ce congrès se réunis­sait en pré­sence de 113 délé­gués tan­dis que 233 pro­cu­ra­tions étaient comp­ta­bi­li­sées dans les votes. Le comi­té dépar­te­men­tal élu dans ces condi­tions com­pre­nait dix-sept per­sonnes qui n’étaient pas membres du Secours popu­laire au moment de la convo­ca­tion du congrès, le 21 sep­tembre. Dont Pierre-Edouard Car­di­nal, dési­gné par ce comi­té dépar­te­men­tal au poste de secré­taire géné­ral de la fédé­ra­tion.

Un homme qui n’est pas incon­nu sur la place gre­no­bloise. Pierre-Edouard Car­di­nal est direc­teur géné­ral de Mina­tec entre­prises. Mina­tec entre­prises, une socié­té d’économie mixte qui construit et gère des bâti­ments indus­triels dans la Presqu’île gre­no­bloise. Cette SEM est pré­si­dée par Yan­nick Neu­der, éga­le­ment vice-pré­sident du conseil régio­nal aux côtés de son pré­sident Laurent Wau­quiez. On est assez loin des dif­fi­cul­tés que ren­contrent les habi­tants des quar­tiers popu­laires.

L’affaire des serrures, la justice sollicitée…

Face à cette situa­tion inédite, la direc­tion natio­nale du SPF déci­dait le 2 novembre de pla­cer sous tutelle la fédé­ra­tion de l’Isère. Et de deman­der aux res­pon­sables en place avant le congrès de gérer la tran­si­tion jusqu’à la tenue d’un congrès orga­ni­sé confor­mé­ment à la démo­cra­tie interne de règle au SPF.
S’ensuivit une période dif­fi­cile mar­quée par exemple par des chan­ge­ments de ser­rures au siège dépar­te­men­tal du SPF, en inter­di­sant l’accès pen­dant une semaine à ses sala­riés comme à ses adhé­rents. Épi­sode judi­ciaire, aus­si, se tra­dui­sant par l’invitation du juge à contes­ter l’élection inter­ve­nue le 16 octobre, démarche qui s’avérera fina­le­ment inutile.

Toutes péri­pé­ties qui sont aujourd’hui der­rière nous.

Luc Renaud

Le fil des évé­ne­ments

16 octobre 2021. Le congrès dépar­te­men­tal du SPF se déroule en pré­sence de 113 délé­gués. 233 pro­cu­ra­tions sont enre­gis­trées. La direc­tion issue de ce congrès com­prend des per­sonnes qui ne sont pas membres du Secours popu­laire, dont le secré­taire géné­ral dési­gné par cette direc­tion, Pierre-Edouard Car­di­nal.

2 novembre. Le conseil d’administration de l’Association natio­nale le Secours popu­laire décide de pla­cer la fédé­ra­tion de l’Isère sous tutelle, esti­mant que le congrès d’octobre ne s’est pas dérou­lé confor­mé­ment aux règles en usage au SPF. La direc­tion dépar­te­men­tale reste celle qui était en place avant le congrès du 16 octobre.

18 décembre. Cette direc­tion élit Syl­vie Loyau à la res­pon­sa­bi­li­té de secré­taire géné­rale.

22–23 jan­vier 2022. Les ser­rures du local de la fédé­ra­tion de l’Isère sont chan­gées. Sala­riés et béné­voles du Secours popu­laire ne peuvent accé­der à leurs bureaux ni tenir les per­ma­nences d’accueil.

9 février. Pierre-Edouard Car­di­nal sai­sit la jus­tice. Le juge des réfé­rés indique le 9 mars qu’il ne peut juger de la légi­ti­mi­té du congrès en l’absence d’un recours contre ses déci­sions.

13 avril. Le comi­té dépar­te­men­tal dési­gné par le congrès du 16 octobre décide de renon­cer.

Sur le même sujet : Pierre-Edouard Car­di­nal jette l’é­ponge

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Syl­vie Loyau, secré­taire géné­rale du Secours popu­laire Isère.

De l’aide alimentaire au droit à la culture, le Secours sur tous les fronts

Les bénévoles animateurs-collecteurs du SPF poursuivent leur engagement au quotidien pour apporter écoute et aide matérielle aux plus démunis grâce à ses 20 comités locaux. 31 000 personnes sont aidées en Isère.

« L’aide ali­men­taire n’est pas notre seule acti­vi­té, l’ouverture sur l’accès à la culture, aux sports, aux loi­sirs, le droit aux vacances fait aus­si par­tie des nos actions en direc­tion des per­sonnes en dif­fi­cul­tés, c’est fon­da­men­tal pour nous », insiste Syl­vie Loyau, secré­taire géné­rale du SPF-Isère.

Après six mois de crise, les béné­voles du Secours popu­laire sont plus que jamais déci­dés à faire face aux néces­si­tés de la soli­da­ri­té. Et il y a de quoi faire. En Isère, 31 262 per­sonnes sont aidées par le Secours popu­laire. L’aide ali­men­taire, mais aus­si les loi­sirs : c’est ain­si que 5 238 jour­nées de vacances ont pu être main­te­nues en 2020, mal­gré la crise sani­taire, pour des séjours en famille ou d’enfants.

La vita­li­té de l’organisation, c’est d’abord celle de ses comi­tés. Par­mi leurs ini­tia­tives, celle de la chasse aux œufs, orga­ni­sée par de nom­breux comi­té locaux le week-end de Pâques. 727 per­sonnes ont ain­si pro­fi­té de la chasse aux œufs orga­ni­sée à Beau­re­paire pour offrir aux familles dému­nies un après-midi de détente. Jeux gon­flables, pro­me­nades à poneys, spec­tacle et goû­ter offerts, rien ne man­quait à ce ren­dez-vous. Ce dont se féli­cite Fran­çoise Robert, secré­taire géné­rale du comi­té de Rous­sillon : « Après des jours bien dif­fi­ciles pour tous et avec le retour du prin­temps, la soli­da­ri­té demeure, se par­tage et se déve­loppe en Isère rho­da­nienne », nous dit-elle dans un sou­rire.

Le succès des chasses aux œufs, pour la solidarité

D’autant qu’il ne s’agit pas uni­que­ment de cho­co­lat. Grâce aux dons, les chasses aux œufs per­mettent de finan­cer des pro­jets de soli­da­ri­té à tra­vers le monde. La tra­gé­die qui se déroule en Europe rap­pelle que les conflits, les aléas cli­ma­tiques, la pau­vre­té, la misère, l’exil, n’épargnent aucun peuple, aucun conti­nent. Le mot d’ordre du der­nier congrès du SPF « Ensemble, construi­sons une soli­da­ri­té popu­laire, durable et pla­né­taire » est plus que jamais d’actualité. La soli­da­ri­té avec le peuple ukrai­nien est l’une des acti­vi­tés impor­tante du Secours popu­laire en Isère.

Autre volet de l’activité du Secours, celui de l’élargissement de l’accès à la culture. Ain­si des visites de musée, par exemple. « Nous avons une conven­tion avec la ville de Gre­noble, explique Jackie Rey, élue à la com­mis­sion France du SPF, une dizaine de média­teurs du musée se mettent à notre dis­po­si­tion pour toute une après-midi avec un grand goû­ter offert par le musée. Cela touche entre 160 et 180 per­sonnes. Une qua­ran­taine de béné­voles tra­vaillent à la réus­site de ces évé­ne­ments », pré­cise-t-elle.

Mary­vonne Mathéoud

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