Hommage à Alfred Rolland

Par Jean-Claude Lamarche

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Alfred Rolland est décédé en octobre dernier. Il venait d’avoir 94 ans.

C’est à La Vence Scène, à Saint-Egrève, qu’un hommage a été rendu, samedi 18 septembre, à Alfred Rolland, dit Féfé, une figure de la Résistance iséroise, décédé en octobre 2020, victime du covid. Une longue soirée commencée à 18 h et qui s’est prolongée au-delà de 22 h, en deux parties séparées par un buffet permettant aux quelques 140 personnes présentes de se restaurer tout en discutant.

C’est Syl­vie Gui­nand, adjointe au maire de Saint-Egrève, qui a intro­duit cette soi­rée en pré­sen­tant Féfé comme un ami, un cama­rade, « un grand huma­niste au coeur droit, ouvert, géné­reux, un grand résis­tant, de son ado­les­cence à sa mort, qui n’ad­met­tait pas les injus­tices qu’il a com­bat­tues toute sa vie par tous les moyens, y com­pris par les armes ». Elle concluait cette intro­duc­tion en remer­ciant toutes celles et ceux qui ont contri­bué à la pré­pa­ra­tion de cette soi­rée et qui ont accep­té d’y inter­ve­nir : « mer­ci aux ser­vices de la com­mune de Saint-Egrève, aux équipes de La Vence Scène et du Pro­to­cole de la ville, au maire Laurent Ama­dieu, à l’ad­joint à la culture, Pierre Roy et aux élus de sa délé­ga­tion, à tous les élus venus par­ta­ger ce moment de mémoire, de convi­via­li­té et de fra­ter­ni­té, par­mi les­quels Eléo­nore Kaza­zian-Bales­tas et Jérôme Cuca­rol­lo, conseillers dépar­te­men­taux de notre can­ton, mer­ci au maire de Saint-Chef, mer­ci à toutes les per­sonnes pré­sentes. Mer­ci à toute la famille Rol­land, à Michel Val­lon, secré­taire du comi­té de Saint-Egrève de l’A­NA­CR (Asso­cia­tion natio­nale des anciens com­bat­tants et amis de la résis­tance), à Michel Van­nier, ami de Féfé et membre du PCF, Daniel Anselme, secré­taire de la sec­tion de Saint-Egrève du PCF, Oli­vier Val­lade, his­to­rien, Patrick Raf­fin, pro­fes­seur des écoles, Mar­tine Peters, pré­si­dente de l’A­NA­CR Isère. Mer­ci enfin au Duo Eva­sion de musi­ciens chan­teurs qui, par ses inter­mèdes, crée­ra une ambiance musi­cale révo­lu­tion­naire pour cette soi­rée ».

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Syl­vie Gui­nand.

Agent de liai­son dès 1943, à l’âge de 16 ans, Alfred Rol­land trans­por­tait des cour­riers, du papier pour des tracts, des jour­naux clan­des­tins, puis rejoi­gnit, en mars 1944 le IIIe bataillon FTPF-FFI sur le sec­teur de Pro­vey­sieux en Char­treuse. Il par­ti­ci­pa à des opé­ra­tions de sabo­tages des voies fer­rées, de ponts, de câbles télé­pho­niques ou pylônes élec­triques…

Après la guerre, il a consa­cré beau­coup de temps et d’éner­gie à un tra­vail excep­tion­nel de col­lecte de docu­ments de cette période de la Résis­tance et sur l’his­toire des FTPF en Isère afin de trans­mettre la véri­té his­to­rique, la faire connaître aux plus jeunes, en sou­li­gnant les enjeux au coeur de ces luttes, en témoi­gnant lors de ren­contres nom­breuses dans les écoles, les col­lèges et lycées de l’I­sère.

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Pour cet hom­mage, cent qua­rante per­sonnes dans la salle de la Vence scène, à Saint-Egrève.

Deux petits films de témoi­gnages ont éga­le­ment été pro­je­tés, des films qui ser­vi­ront sans doute à l’a­ve­nir pour per­pé­tuer l’en­ga­ge­ment de Féfé qui disait que « résis­ter est un verbe qui se conjugue au pré­sent », ce qui nous fait dire qu’au-delà de cette belle et émou­vante soi­rée, le meilleur hom­mage que nous puis­sions rendre à Alfred Rol­land, Féfé, c’est de conti­nuer son com­bat à l’heure où les conquis sociaux, en par­ti­cu­lier ceux qui ont résul­té de la mise en oeuvre du pro­gramme du Conseil natio­nal de la Résis­tance, sont sys­té­ma­ti­que­ment sapés, atta­qués, remis en cause par les gou­ver­ne­ments suc­ces­sifs et en par­ti­cu­lier , avec une vio­lence inouïe, par Jupi­ter-Macron.

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Michel Van­nier.

Michel Van­nier a salué « l’homme de coeur, le mili­tant poli­tique, le résis­tant, l’é­lu, l’être humain, atta­ché aux valeurs de jus­tice, de liber­té et de paix. Un com­pa­gnon qui fut de tous les com­bats dans l’in­té­rêt du monde du tra­vail, qui avait le sou­ci de faire vivre le pro­gramme du Conseil natio­nal de la Résis­tance. Féfé res­te­ra l’a­mi des jours heu­reux ».

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Daniel Anselme.

Daniel Anselme évoque « l’in­las­sable mili­tant, encore à 94 ans, qui fut membre du secré­ta­riat de la sec­tion du PCF de Saint-Egrève, qui fut un élu muni­ci­pal actif ». Il rap­pelle qu’il appor­ta son sou­tien aux per­son­nels de la Thom­son et aux luttes pour le main­tien de l’en­tre­prise à Saint-Egrève.

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Jacques Rol­land.

Jacques Rol­land rend hom­mage « au père et grand-père qui nous a influen­cé par son fort enga­ge­ment mili­tant, son opti­misme, son empa­thie et son hon­nê­te­té ». Il a tou­jours lut­té pour défendre les conquis sociaux et il disait : « Faites de la poli­tique, syn­di­quez-vous ! Car la meilleure des défenses est la défense col­lec­tive ». Il incar­nait la cohé­rence des enga­ge­ments dans la Résis­tance, au par­ti com­mu­niste et dans les luttes syn­di­cales.

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Mar­tine Peters.

Mar­tine Peters. Féfé était « l’éner­gie, la force de convic­tion, la cha­leur humaine. Un homme debout for­gé par la résis­tance. Il s’a­dres­sait aux jeunes en qui il avait toute confiance pour per­pé­tuer la mémoire de ce qui s’est pas­sé et pour que le flam­beau de la Résis­tance ne s’é­teigne pas ». Il assu­ma des res­pon­sa­bi­li­tés impor­tantes à l’A­NA­CR, tant au plan natio­nal que dans le dépar­te­ment où il fut actif jus­qu’au bout.

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Laurent Ama­dieu.

Laurent Ama­dieu : « Nous avons choi­si d’as­so­cier cet hom­mage à Alfred Rol­land aux Jour­nées du patri­moine car le patri­moine est aus­si mémo­rial ». Son tra­vail sur les archives de la Résis­tance en Isère, il l’a remis au Musée natio­nal de la Résis­tance où il est consi­dé­ré comme un apport de grande valeur. « Nous nous atta­che­rons à per­pé­tuer cette mémoire et à la trans­mettre. La muni­ci­pa­li­té réflé­chit à com­ment rendre un hom­mage qui s’ins­crive dans le temps ».

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Oli­vier Val­lade.

Oli­vier Val­lade replace l’ac­tion des résis­tants comme Féfé dans le contexte his­to­rique : « Elle s’ins­crit dans la conti­nui­té de la guerre d’Es­pagne et du Front popu­laire qui est la matrice de l’his­toire de la Résis­tance ». Il évoque la mani­fes­ta­tion à Gre­noble, en 1934, contre la venue de Phi­lippe Hen­riot, où le père de Féfé, Joseph Rol­land, a été gra­ve­ment bles­sé lors d’une charge de police. Au fil d’un résu­mé de l’his­toire de la Résis­tance en Isère, il sou­ligne « le rôle très impor­tant des agents de liai­son qui étaient sou­vent des femmes dont la place dans la Résis­tance est mécon­nue ». Il salue éga­le­ment le grand rôle des étran­gers orga­ni­sés dans les FTP-MOI.

Patrick Raf­fin explique com­ment, dans le pro­lon­ge­ment des inter­ven­tions de Féfé dans les écoles, il inté­resse ses élèves de CM2 en racon­tant « l’his­toire avec des dates, des repères, des noms de per­son­nages impor­tants », même si ce n’est pas tout à fait conforme aux ins­truc­tions de la hié­rar­chie.

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Féfé.

Lire également l’annonce du décès d’Alfred Rolland.

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