L’hôtel de police, délabré, de Fontaine, au grand dam de la section locale du PCF.

Une fusillade, ce samedi 14 septembre au soir, sur la place Louis-Maisonnat, à Fontaine, a coûté la vie à un client du point de deal. Un drame auquel le maire Franck Longo a réagi le lendemain, mettant en avant son action et ses propositions. Mais la section PCF Fontaine rive gauche du Drac pointe la responsabilité de l’édile MoDem et son échec dans la lutte contre l’insécurité. En cause notamment, selon les communistes, la casse des services publics dans la commune.

Le bilan est lourd. La fusillade survenue ce samedi 14 septembre au soir, place Louis-Maisonnat, à Fontaine, a fait un mort et un blessé. Atteint d’une balle dans la tête, le ressortissant italien de 31 ans admis au CHU Grenoble Alpes, dans un état critique, est en effet décédé le dimanche soir, vers 23h. Une probable victime collatérale, présentée par le parquet comme un client du point de deal. Un autre homme du même âge a également été blessé légèrement dans le dos, ce dernier étant, lui, « connu des services de police pour des outrages, violences et un usage de stupéfiants », selon le procureur de la République Éric Vaillant.
Grenoble Veynes Lus-la-Croix-haute

La mairie de Fontaine, tenue depuis 2020 par Franck Longo (MoDem).

Les deux individus avaient été visés par des tirs nourris ce samedi, vers 23h15, à l’angle de l’avenue Aristide-Briand et de la place Louis-Maisonnat. Sur place, précise le magistrat, les policiers de la division de la criminalité organisée et spécialisée (PCOS, ex-PJ), saisis de l’enquête par le parquet, ont découvert « une vingtaine de douilles », dont le calibre correspond aux munitions d’un fusil d’assaut de type kalachnikov. Quant aux malfaiteurs, ceux-ci ont pris la fuite, avant d’incendier leur voiture, une Peugeot 3008 retrouvée calcinée dans le quartier des Eaux-Claires.

Si « les services publics reculent », les « réseaux mafieux » avancent

Cette affaire s’inscrit dans la série de violences armées et règlements de comptes ayant émaillé l’agglomération grenobloise depuis le début de l’été, sur fond de rivalité entre trafiquants de stupéfiants. Un nouvel épisode de la « guerre des gangs », qui se concentrait toutefois essentiellement, jusque-là, sur Échirolles et Grenoble (notamment Saint-Bruno, la Villeneuve, l’Alma, Teisseire…).

Mais Fontaine, pourtant relativement épargnée depuis le début de l’année 2024, vient désormais s’ajouter à la triste liste avec cette seconde fusillade en moins de dix jours. Le 5 septembre en effet, un homme de 36 ans avait déjà été blessé au mollet, touché par deux balles de kalachnikov, au niveau de l’arrêt de tram Les Fontainades. Une succession de faits qui a poussé Franck Longo (MoDem) à réagir ce dimanche 15 septembre, via un communiqué.

Les communistes fontainois tirent à boulets rouges sur le maire.

,Le maire de Fontaine évoque les « trente caméras de vidéoprotection » mises en place dans la commune ces derniers mois, ajoutant que « trente autres seront installées dans les prochaines semaines ». Il proposera aussi « lors du prochain vote du budget une augmentation du nombre d’agents du service de police municipale », annonce-t-il. En outre, « la Ville de Fontaine continuera à renforcer et à moderniser les équipements et les moyens de défense de ses agents de police municipale, déjà armés », assure Franck Longo, qui appelle à « travailler étroitement avec les services de l’État, de la police nationale et de la justice ».

Les propos de l’édile ont suscité une vive réaction de la section PCF Fontaine rive gauche du Drac, dans un communiqué, daté du lundi 16 septembre, au titre particulièrement ironique : « Les grandes déclarations n’ont jamais arrêté les balles ». Les co-secrétaires Renaud Lugli et Willy Pepelnjak accusent ainsi le maire de « se dédouaner de sa responsabilité de premier officier de police judiciaire » de la commune.

Ils fustigent ses « grands discours » masquant son « impuissance » à résoudre une priorité annoncée de son mandat : « la lutte contre l’insécurité ». Un « échec » de Franck Longo, dont les Fontainois « paient le prix », estiment les communistes. Car les habitants des communes populaires sont « les premières victimes » de ces divers trafics – d’armes ou de stupéfiants – qualifiés de « poison pour notre société », et représentant « ce qu’il y a de pire dans le système capitaliste ».

Grenoble Veynes SNCF

Franck Longo (ici aux côtés de l’adjointe Evelyne de Caro) est accusé par le PCF d’avoir abandonné les services publics.

Dans le viseur du PCF, le gouvernement et la mairie. « La casse des services publics au national (justice, police, santé, La Poste) et l’abandon des services publics liés aux politiques de prévention au niveau local par la municipalité macroniste de droite actuelle, aggravent les tensions et nuisent au nécessaire vivre ensemble », s’insurgent Renaud Lugli et Willy Pepelnjak.

Ces derniers font le procès des quatre ans de mandat de Franck Longo. Parmi leurs reproches, la suppression des postes de médiateurs, le déménagement du Point information jeunesse (Pij) et de la mission locale de la place Louis-Maisonnat, ou encore la fermeture du service prévention « qui assurait une veille de proximité sur le quartier Maisonnat, Fontainades ». Le maire n’a par ailleurs « pas pu garder son équipe de police municipale au complet », tandis que « ses caméras ne verbalisent pas la vraie délinquance », poursuit la section PCF.

Pour les communistes fontainois, le constat est très clair : « À chaque fois que les services publics reculent dans notre ville, cela laisse place nette à ces réseaux mafieux. » Une situation aggravée par « la fin de la police de proximité », affirment-ils. Avant de conclure par une promesse : « Nous nous battrons, aux côtés des citoyens et citoyennes qui expriment légitimement leur ras-le-bol de cette situation, pour le retour des actions de médiation et de prévention et pour un commissariat de plein exercice sur Fontaine, ouvert 24h sur 24, sept jours sur sept. »

Collectif de l'étoile ferroviaire de Veynes

Le PCF milite pour un commissariat ouvert 24h sur 24, sept jours sur sept, à Fontaine.

Les groupes politiques fontainois co-signent une lettre à Michel Barnier

Franck Longo et l’ensemble des groupes du conseil municipal de Fontaine ont adressé une lettre commune – co-signée par le maire et les présidents des différents groupes (Luc Forestier pour la majorité, Jean-Paul Trovero et Sophie Romera pour les oppositions) – au Premier ministre, ce lundi 16 septembre. Alertant Michel Barnier sur « la situation alarmante de violence » vécue actuellement « à Fontaine et plus largement dans l’agglomération grenobloise », les élus municipaux demandent à Matignon des « moyens supplémentaires pour assurer la sécurité » dans la commune. Ils réclament notamment des renforts de la police nationale ainsi que « des moyens accrus de l’État sur le secteur Maisonnat/Fontainades ».

[Encadré ajouté le 19 septembre 2024 à 19h32]

A lire sur le même sujet

Retrouvez les dernières parutions de notre rubrique « Société »

Retrouvez les derniers dossiers de notre rubrique "Société"

Fête du TA. « Nous espérons bien nous poser là pour un nouveau cycle »

Une nouvelle équipe et des ambitions intactes. La fête du Travailleur alpin prend ses quartiers à Saint-Egrève, parc Marius Camet, devant l’hôtel de ville. Une édition 2024 qui retrouve l’herbe verte et les grands arbres avec une perspective, le centième anniversaire de sa création, en 1929. Entretien avec Adrien Guerre, son nouveau directeur.

0 commentaire

Le travail paysan, variable d’ajustement des marges de l’industrie et de la distribution

Vivre de son travail. D’un travail indispensable. C’est la revendication première des agriculteurs. Dans un pays où des millions de personnes n’ont pas accès à une nourriture saine en quantité nécessaire, c’est aujourd’hui un enjeu de société. Et plus des mutations incontournables liées au changement climatique et à la sauvegarde de la biodiversité.

0 commentaire

Oisans. La montagne face au réchauffement climatique

Pour l’heure, la réponse des stations, c’est plus beau et (beaucoup) plus cher. Il faut pourtant se résoudre à une réduction progressive de l’impact du ski. Et imaginer de nouvelles pistes, celles d’un avenir. On n’en est pas encore tout à fait là.

0 commentaire

Pin It on Pinterest