Fabien Roussel, « l’école de l’égalité, une priorité nationale »

Par Travailleur Alpin

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Le candidat communiste à l’élection présidentielle tenait meeting le 3 décembre à Vénissieux pour exposer son programme sur l’école.

Près de 800 personnes ont participé vendredi 3 décembre à la sixième rencontre des Jours heureux, avec Fabien Roussel, sur le thème de l’éducation, qui se tenait à Vénissieux. Animée par Ian Brossat et basée sur le principe de l’interaction avec la salle et des témoignages de militants ou personnels de l’éducation, la réunion a permis d’aborder l’ensemble des difficultés du système éducatif, particulièrement mis à mal pendant le quinquennat d’Emmanuel Macron.

En intro­duc­tion, Michèle Picard, Maire de Vénis­sieux, a rap­pe­lé les enga­ge­ments de sa ville pour répondre, à tra­vers les enjeux édu­ca­tifs, cultu­rels et sociaux, aux besoins des habi­tants tout en dénon­çant la baisse des dota­tions de l’Etat. Sou­li­gnant l’explosion de la pau­vre­té (aug­men­ta­tion de 75% des aides ali­men­taires déli­vrées par le CCAS de Vénis­sieux), Michèle Picard a indi­qué que sa ville avait pris des arrê­tés contre les expul­sions et les cou­pures d’énergie. La mon­tée des inéga­li­tés, pré­cise-t-elle, est liée à la casse des ser­vices publics, dont celui de l’éducation, avec un double objec­tif : pri­va­ti­ser ces ser­vices publics et cas­ser la résis­tance qu’ils repré­sentent, concrè­te­ment, au capi­tal. Michèle Picard s’est féli­ci­tée de la cam­pagne de Fabien Rous­sel qui porte haut le débat d’idées.

Ral­lon­ger le temps sco­laire

Fabien Rous­sel a ensuite posé les grandes lignes de son pro­gramme pour l’Education en rap­pe­lant sa prio­ri­té don­née à la jeu­nesse qui doit pou­voir, à tra­vers une école de l’égalité, s’approprier des savoirs com­plexes. D’où la néces­si­té de ral­lon­ger le temps sco­laire et de don­ner tous les moyens néces­saires à l’école et aux ensei­gnants. Du temps aux élèves pour apprendre, du temps aux ensei­gnants pour exer­cer leur métier.

Pour Paul Devin, Ins­pec­teur et mili­tant FSU, « l’école est cham­pionne des inéga­li­tés ». Réduire ces inéga­li­tés passe notam­ment par un sys­tème édu­ca­tif por­teur d’une culture com­mune, condi­tion de l’émancipation sociale. Les inéga­li­tés sont une menace sur la démo­cra­tie alors que les objec­tifs de l’école devraient être jus­te­ment de don­ner à tous les élèves la capa­ci­té de jouir de leur liber­té à tra­vers cette culture com­mune, insiste-t-il. En com­plé­ment d’une remarque d’un direc­teur d’école sur l’éducation prio­ri­taire et l’ultra pré­ca­ri­té des AESH, Paul Devin rap­pelle que « toutes les études montrent que l’éducation prio­ri­taire est sous dotée ».

Pour Fabien Rous­sel, il faut aug­men­ter les moyens par­tout où il y en a besoin. Le can­di­dat com­mu­niste a détaillé les actions des élus com­mu­nistes en faveur des AESH et insis­té sur le fait que « tous les enfants doivent avoir la même édu­ca­tion ». D’où la néces­si­té de recru­ter 90.000 AESH dotés d’un sta­tut Fonc­tion publique, cor­rec­te­ment for­més et rému­né­rés digne­ment a‑t-il sou­li­gné. Michèle Picard est inter­ve­nue pour dénon­cer la baisse de dota­tion aux com­munes qui s’élève à 13 mil­liards d’euros en 5 ans. Pour une ville comme Vénis­sieux c’est 7 mil­lions d’euros en moins qui pèsent sur les choix, notam­ment édu­ca­tifs. Il y a donc urgence à ce que l’Etat redonne aux com­munes les moyens de faire et d’agir.

Voie pro­fes­sion­nelle

Concer­nant la for­ma­tion ini­tiale des ensei­gnants, Sébas­tien Laborde, membre de l’exécutif natio­nal du PCF, a sou­li­gné la néces­si­té d’une for­ma­tion de haut niveau, avec notam­ment un accès à la recherche péda­go­gique et en sciences de l’éducation, dans le cadre d’un pré-recru­te­ment post-bac, avec cinq ans d’université, rému­né­ré et assor­ti d’un enga­ge­ment de 10 ans de ser­vice.

Séve­rine Bre­lot, ensei­gnante et mili­tante FSU, a dénon­cé le mépris dans lequel est tenue la voie pro­fes­sion­nelle et les attaques contre la for­ma­tion ini­tiale publique des jeunes. Le Bac Pro­fes­sion­nel en 3 ans, ins­tau­ré par Sar­ko­zy, a été un moyen pour sup­pri­mer des postes et rabou­grir la for­ma­tion des jeunes, par­ti­cu­liè­re­ment ceux issus des classes popu­laires. La trans­for­ma­tion de la voie pro­fes­sion­nelle, ini­tiée par le ministre Blan­quer, aggrave cette ten­dance en sou­met­tant tou­jours plus la voie pro­fes­sion­nelle aux exi­gences des seules entre­prises.

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Fabien Rous­sel, can­di­dat com­mu­niste à l’é­lec­tion pré­si­den­tielle.

Pour Fabien Rous­sel, la baisse du niveau de l’enseignement consé­cu­tive aux réformes suc­ces­sives n’est pas une fata­li­té, pas plus que la déva­lo­ri­sa­tion du métier d’enseignant. A l’heure des défis éco­lo­giques et de la néces­saire réin­dus­tria­li­sa­tion, « l’école doit être une prio­ri­té natio­nale » déclare Fabien Rous­sel. Et en ren­dant hom­mage au CERTA de Vénis­sieux et à André Gerin qui a impul­sé cette struc­ture asso­cia­tive d’accompagnement social et de for­ma­tion des sala­riés et des per­sonnes pri­vées d’emploi, Fabien Rous­sel s’est pro­non­cé pour un grand ser­vice public de la for­ma­tion pro­fes­sion­nelle, fai­sant écho aux pro­pos de Cécile Cukier­man, séna­trice de la Loire, qui a déve­lop­pé les enjeux de la for­ma­tion conti­nue, tant pour les sala­riés que pour les entre­prises.

Recru­te­ments néces­saires

Avec ses réformes et la mise en concur­rence des élèves à tra­vers Par­cour­sup, « Macron a cas­sé l’école de la Répu­blique ». 90.000 jeunes se sont retrou­vés sans affec­ta­tion et les uni­ver­si­tés manquent de places. « Plus d’algorithmes, insiste Fabien Rous­sel, mais un sui­vi par les ensei­gnants et une affec­ta­tion pour tous les bache­liers ». Pour le can­di­dat com­mu­niste, répondre aux besoins de la socié­té et de la jeu­nesse exige de recru­ter mas­si­ve­ment, non seule­ment des ensei­gnants, mais aus­si des per­son­nels admi­nis­tra­tifs, des agents tech­niques, des AED, des assis­tants sociaux, des méde­cins et infir­mières, des PsyEN… « Il faut plus d’adultes dans les écoles » pour pré­ve­nir et agir sur toutes les pro­blé­ma­tiques qui se posent : har­cè­le­ment, racisme, homo­pho­bie, vio­lences, décro­chage sco­laire, conflits, etc.

Ele­ver le niveau, sou­ligne Fabien Rous­sel, c’est allon­ger le temps d’enseignement à l’école, rééqui­li­brer les appren­tis­sages sur la base des trois tiers : un tiers pour les ensei­gne­ments lit­té­raires, un tiers pour les matières scien­ti­fiques, un tiers pour les pra­tiques artis­tiques et l’éducation phy­sique, y com­pris en lycée pro­fes­sion­nel où il faut réta­blir le Bac Pro en 4 ans et inves­tir for­te­ment dans la for­ma­tion pro­fes­sion­nelle en vue de la réin­dus­tria­li­sa­tion de la France.

« Faire l’école à l’école, plus de devoirs à la mai­son ! » a insis­té Fabien Rous­sel qui fait de cette mesure un enjeu de l’égalité. L’égalité, qui passe aus­si par la réduc­tion du nombre d’élèves par classe, par des dota­tions de moyens à tra­vers un plan natio­nal d’équipement et de construc­tion, par la réou­ver­ture des écoles et des col­lèges ruraux, pour limi­ter les temps de tra­jet, en lien avec l’aménagement du ter­ri­toire.

L’argent public, ce n’est pas pour payer des divi­dendes

Reve­nant sur l’enjeu de la laï­ci­té et le choc qu’a consti­tué l’assassinat de Samuel Paty, Fabien Rous­sel a rap­pe­lé les dif­fi­cul­tés que peuvent ren­con­trer les ensei­gnants avec des parents, et sou­li­gné que l’autorité des ensei­gnants et des chefs d’établissement doit être abso­lu­ment res­pec­tée. « La hié­rar­chie doit pro­té­ger et por­ter plainte s’il le faut » a décla­ré le can­di­dat. Fabien Rous­sel a éga­le­ment insis­té sur le fait que plus aucune école ne doit être hors contrat.

Le can­di­dat com­mu­niste à la pré­si­den­tielle a expli­qué com­ment il envi­sa­geait de finan­cer son pro­jet. Il pro­pose notam­ment de récu­pé­rer les 123 mil­liards annuels don­nés sans contre­par­tie aux entre­prises, de réta­blir et mul­ti­plier par trois l’impôt sur la for­tune, et de ne plus don­ner d’argent public aux mul­ti­na­tio­nales qui versent des divi­dendes.

Fabien Rous­sel a conclu cette soi­rée en appe­lant les mili­tants à se démul­ti­plier pour aller à la ren­contre des gens, expli­quer notre pro­jet, notam­ment celui d’une école des jours heu­reux, débattre et faire gran­dir le vote com­mu­niste d’ici le 10 avril 2022.

Didier Gos­se­lin

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  • Très bien mais.rien sur la rému­né­ra­tion des pro­fes­seurs et si ces der­niers vont par­ti­ci­per aux réformes du système…crien sur la retraite des ensei­gnants.…