Municipales : les transports publics gratuits, maintenant c’est urgent
Par Edouard Schoene
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Le Collectif pour la gratuité des transports publics de l’agglomération grenobloise invitait lundi 9 décembre à une soirée d’information-débat à la maison du tourisme. La soirée fut dense. Il appartenait à Mariano Bona de présenter les enjeux de la gratuité et à Michel Szempruch d’aborder les pistes de faisabilité économique.
Les enjeux de la gratuité sont colossaux au vu de trois urgences :
- Urgence écologique. Est évoquée une étude récente (sur le bassin grenoblois) qui met en évidence que la pollution atmosphérique est due pour 1/3 par la pollution des transports ; en outre en 2050 il n’y aurait plus de neige en dessous de 1700m et le nombre de jours à plus de 35°C passerait de 3 à 43 par an.
- Urgence sanitaire. Une étude de l’INSERM (2019) évalue à 1200 €/hb/an, le coût de la pollution atmosphérique. Cette pollution induit 150 décès prématurés par an.
- Urgence sociale. Les inégalités croissent considérablement ces dernières années.
« Le droit à la gratuité sert l’intérêt commun ». Pour que l’usager utilise les transports en commun il faut une offre de qualité. Les expériences de gratuité en France soulignent, comme à Dunkerque, que la gratuité donne du pouvoir de mieux vivre aux familles.
Michel Szempruch a commenté l’étude réalisée sur la gratuité des transports dans l’agglomération grenobloise qui estime à 61 M le coût de la gratuité et 98 M le montant des investissements à réaliser pour répondre à une augmentation du nombre d’usagers (15 à 25%).
Le collectif propose une augmentation du taux maximum autorisé par la loi pour le « versement transport » par les entreprises, un plan national d’urgence pour le développement de tous les transports.
La gratuité des transports au niveau national peut être réalisée pour 10Mds/an. Au vu des enjeux sociaux, sanitaires, écologique ce choix politique pourrait être pris.
Un film du collectif, réalisé par Bruno Cialdella, retraçait un premier bilan de la gratuité des transports. (cf : https://www.dailymotion.com/video/x7oegz5) Trente villes en France pratiquent la gratuité ; le film évoque également l’expérience de Tallinn (Estonie).
Il revenait à Guillaume Gontard, sénateur de l’Isère de présenter les travaux de la mission sénatoriale qu’il présidait.
La mission
d’information sur le thème « Gratuité des transports collectifs : fausse bonne idée ou révolution écologique et sociale des
mobilités ? » a été créée à la demande du groupe communiste,
républicain, citoyen et écologiste. Elle comprenait 27 membres.
Cette mission a auditionné 56 personnes, reçu les appréciations
de 14 collectivités territoriales et l’avis, sur internet de 10500
personnes.
Les recommandations issues de cette mission :
« •
Dépassionner le débat qui souffre trop souvent de positions de
principe et d’idées préconçues.
• Intégrer les territoires ruraux et péri-urbains dans la réflexion pour ne pas créer une sensation de rupture et de distorsion entre les territoires.
• Créer un observatoire de la tarification des transports.
• Penser la gratuité totale comme un outil d’une politique globale et veiller à sa soutenabilité à long terme.
• Sortir de l’opposition entre gratuité et développement de l’offre de transports.
• Revenir à un taux de TVA de 5,50 % pour les transports de voyageurs.
• Poursuivre et élargir la réflexion sur les modes de financement de la mobilité écologique de demain.
• Penser la
mobilité à long terme, y compris la « dé-mobilité ».
Textes
de la mission :
http://www.senat.fr/commission/missions/mission_dinformation_sur_la_gratuite_des_transports_collectifs.html
Après un premier débat, sont intervenus Candice et Joëlle pour le collectif Climat voironnais, Joël Marseille pour le collectif des services publics du Grésivaudan, le collectif contre les travaux de l’A 480, des représentants de Extincton-Rébellion, Stéphane Coulon pour la CGT des cheminots.
En conclusion le collectif a invité l’ensemble des listes candidates pour les prochaines élections municipales à s’emparer du projet de gratuité des transports publics.