Retraite, salaire et communisme : Bernard Friot, conférencier gesticuleur

Par Edouard Schoene

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Le collectif « réseau salariat » de l’agglomération grenobloise, accueilli par la MJC Mandela de Fontaine, organisait mardi 15 octobre, une rencontre avec Bernard Friot, sociologue, économiste. (*) Le thème : « retraites, proposons une alternative communiste au projet Macron ! « Je veux décider du travail jusqu’à ma mort » ».

Cent trente per­sonnes ont assis­té pen­dant plus de deux heures trente à une prouesse du confé­ren­cier ges­ti­cu­leur autour du thème d’actualité, les retraites. Du public a dû être refu­sé, la salle étant pleine. La salle était très jeune. Cette forme de spec­tacle, connue sur la place de Gre­noble, mêle le dis­cours « savant » à l’expérience de vie du conteur sur scène(**).

Une pre­mière sur­prise a cueilli le public : Ber­nard Friot parle de son départ à la retraite en 2009. Nous tai­rons le conte­nu humo­ris­tique.
Puis le public est appe­lé à mani­fes­ter en scan­dant : « les pen­sions, c’est pas de la cha­ri­té, les retrai­tés ont coti­sé ». Aus­si­tôt le confé­ren­cier s’exclame : « Si vous dites cela vous êtes d’accord avec Macron ». « En 2017 les retraites en France sont cal­cu­lées pour les ¾ sans tenir compte des coti­sa­tions ver­sées. »
L’exposé savant et péda­go­gique, théâ­tra­li­sé, démon­te­ra l’histoire des retraites et le com­bat de classe entre les forces du capi­tal et les sala­riés.
Ber­nard Friot montre que le patro­nat et le pou­voir à son ser­vice veulent trans­for­mer les sala­riés en per­sonnes nues, qui portent à la bouche un panier pour qué­man­der des droits à retraite. Il reven­dique tout au long de l’exposé, une retraite basée sur le sys­tème des fonc­tion­naires.
A 50 ans, la pen­sion serait égale à 100 % du salaire net, du der­nier mois de salaire, avec un mini­mum égal au salaire moyen du moment (actuel­le­ment 2300 €) et un maxi­mum de 5000 €.

Une bonne par­tie de la confé­rence a pré­sen­té la notion de « salaire à vie »  (qui n’a rien à voir avec « le reve­nu uni­ver­sel »). De 18 ans à la fin de sa vie, un citoyen tou­che­ra un salaire (1700 € en début de car­rière) et sa qua­li­fi­ca­tion sera éta­blie par des jurys de sala­riés.

La confé­rence a fus­ti­gé tous les dis­po­si­tifs scan­da­leux inven­tés par le patro­nat et les gou­ver­ne­ments suc­ces­sifs, pour, à tra­vers de mul­tiples dis­po­si­tifs d’insertion, pré­ca­ri­ser des per­sonnes par­fois jusqu’à qua­rante ans, avec des reve­nus indignes.

Ber­nard Friot en appelle à des actions syn­di­cales et poli­tiques non pas pour fus­ti­ger le tra­vail, accom­pa­gner à la fuite du tra­vail, mais pour inves­tir concrè­te­ment l’appropriation du tra­vail par les sala­riés.

Quelques phrases col­lec­tées dans la confé­rence :
Un slo­gan : « le tra­vail c’est la vie, le salaire c’est à vie ! »
« La retraite nous libère du mar­ché du tra­vail, pas du tra­vail ».
« salaire , tra­vail, res­pon­sa­bi­li­té éco­no­mique, sont essen­tiels »
« dépla­cer l’activité syn­di­cale vers le tra­vail concret » (***)

Ber­nard Friot concluait sa confé­rence avec un dia­logue savou­reux en 2025 entre des retrai­tés béné­fi­ciant d’une nou­velle loi (2020) garan­tis­sant la retraite à 50 ans et le droit des retrai­tés d’intervenir gra­tui­te­ment auprès de coopé­ra­tives agri­coles, start up en SCOP, col­lec­ti­vi­tés ter­ri­to­riales, … pour appor­ter leurs savoirs aux col­lec­tifs de sala­riés qui s’approprient leur tra­vail dans l’organisation, les objec­tifs.

La soi­rée s’est ter­mi­née par un riche débat et le par­tage d’un repas autour de Ber­nard Friot.

* https://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Friot_(sociologue)

** http://www.lecontrepied.org/c‑est-quoi-une-conference-gesticulee

*** http://www.reseau-salariat.info/4d29e538abf28afeb66116df9f87c3c7?lang=fr

Réseau sala­riat de l’agglomération gre­no­bloise : rs-grenoble@gresille.org

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