Taxer l’essence pour financer les cadeaux aux grandes fortunes

Par Luc Renaud

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Les taxes qui aug­mentent et l’im­pôt sur les grandes for­tune qui baisse. Le pou­voir d’a­chat en berne et les pro­fits des action­naires qui s’en­volent. Le rail déman­te­lé au pro­fit du tout rou­tier et les gla­ciers qui meurent…

La poli­tique gou­ver­ne­men­tale ne doit déci­dé­ment rien à une volon­té éco­lo­gique. Et tout à celle de gon­fler les for­tunes.

Dans le contexte de la colère qui s’ex­prime avec pour point d’orgue la mobi­li­sa­tion du 17 novembre, la fédé­ra­tion com­mu­niste de l’I­sère, l’u­nion dépar­te­men­tale CGT de l’I­sère et la col­lec­tif pour la gra­tui­té des trans­ports s’ex­priment pour dénon­cer les choix gou­ver­ne­men­taux et exi­ger des poli­tiques, notam­ment en terme de lutte contre l’é­va­sion fis­cale et de déve­lop­pe­ment des trans­ports publics pour mettre fin au gouffre des inéga­li­tés sociales  et pré­serve enfin les chances de pou­voir trans­mettre une pla­nète habi­table aux géné­ra­tions futures.

On trou­ve­ra ci-après leurs décla­ra­tions :

La décla­ra­tion de l’UD CGT

La décla­ra­tion du PCF Isère

La décla­ra­tion du Col­lec­tif pour la gra­tui­té des trans­ports dans l’ag­glo­mé­ra­tion gre­no­bloise

 

 

 

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3 Commentaires

  • Com­mu­nistes, pour­quoi nous ne sou­te­nons pas les ini­tia­tives et l’organisation des « Gilets jaunes »
    Le mou­ve­ment des « Gilets jaunes » béné­fi­cient, depuis plu­sieurs semaines, d’une com­plai­sance média­tique fla­grante. Pour les tenants de l’idéologie domi­nante et le gou­ver­ne­ment lui-même, il est pré­sen­té comme la prin­ci­pale contes­ta­tion à la poli­tique du pou­voir. Nous le contes­tons. Nous y voyons, au contraire, un exu­toire, habile et dan­ge­reux, à la colère popu­laire face à la poli­tique que pour­suit et aggrave le pou­voir Macron-Phi­lippe au ser­vice du capi­tal et du grand patro­nat.

    Les « Gilets jaunes », mou­ve­ment plus ou moins faus­se­ment spon­ta­né, se gardent bien de poin­ter ces vrais pro­fi­teurs. Ils sont même sou­te­nus, spon­so­ri­sés maté­riel­le­ment, par des pans entiers du patro­nat. La reven­di­ca­tion prin­ci­pale qui res­sort, por­tée par les péti­tions et appels sur les « réseaux sociaux » est mini­ma­liste : la « baisse du prix à la pompe ». Les « Gilets jaunes » dési­gnent leur prin­ci­pal adver­saire : l’Etat, l’impôt et, der­rière lui éga­le­ment, de manière indif­fé­ren­ciée, la dépense publique même quand elle est sociale.

    Dans ces condi­tions, il est logique qu’une grande par­tie de la droite et de l’extrême-droite se soient pla­cées dans les « Gilets jaunes ». Il n’y a pas à par­ler de « récu­pé­ra­tion » ou « d’instrumentalisation » mais de com­pa­ti­bi­li­té.

    A gauche et à l’extrême-gauche, un cer­tain embar­ras, que nous com­pre­nons, domine. La colère devant la hausse des prix des car­bu­rants est légi­time. Elle rentre dans des poli­tiques glo­bales que nous n’avons ces­sé de dénon­cer. Pour autant, il nous semble que toute com­plai­sance avec les ins­ti­ga­teurs des « Gilets jaunes » et leur agi­ta­tion du 17 novembre est mal­ve­nue et poten­tiel­le­ment dan­ge­reuse.

    Cer­tains se disent que le mou­ve­ment sera éphé­mère. C’est dou­teux. La baisse des prix va effec­ti­ve­ment pro­ba­ble­ment arri­ver puisque que les cours mon­diaux du pétrole viennent de chu­ter de 20% en un mois. Le pou­voir va aus­si faire sem­blant de concé­der de petites aides qui ne seront, en fin de compte, que de nou­velles sub­ven­tions au mar­ché de l’automobile… Mais si ce n’est pas de nou­veau sur l’essence et le gasoil, l’idéologie domi­nante sau­ra faire repar­tir – aidée désor­mais de la fic­tion de spon­ta­néi­té par­ti­ci­pa­tive que sont les réseaux sociaux – un autre mou­ve­ment popu­liste du même type, aux mêmes relents pou­ja­distes. Sou­cieux de por­ter une cohé­rence de fond, com­mu­nistes, nous ne pou­vons ren­trer dans des jeux de pos­tures à court terme.

    D’autres se pro­posent de par­ti­ci­per aux actions des « Gilets jaunes » mais en y ajou­tant et en essayant d’imposer leurs propres mots d’ordre. Nous pen­sons que c’est une illu­sion. L’hégémonie idéo­lo­gique dans le mou­ve­ment ne quit­te­ra pas les popu­listes et les médias domi­nants. Quant aux ten­ta­tions de cer­tains poli­ti­ciens de gauche, qui veulent faire « peuple » et flat­ter leur clien­tèle, en pré­pa­ra­tion des pro­chaines élec­tions, elles sont plus dépla­cées que jamais.

    Ces constats ne nous empêchent en rien, dans la clar­té sur les « Gilets jaunes », de déve­lop­per nos argu­ments et pro­po­si­tions de lutte, en rela­tion avec la colère face à la hausse des car­bu­rants.

    1‑Nous dénon­çons depuis tou­jours les impôts indi­rects, dont la taxe sur les pro­duits pétro­liers et, en pre­mier la TVA. Ils sont injustes au point de péna­li­ser pro­por­tion­nel­le­ment davan­tage les petits reve­nus que les gros : un impôt dégres­sif ! Le pré­texte éco­lo des hausses récentes, même cau­tion­né par le pré­sen­ta­teur TV et patron du cos­mé­tique Hulot, ne tient en rien. Ces hausses doivent être annu­lées. La mal-nom­mée « Contri­bu­tion au ser­vice public de l’énergie », pré­le­vée sur nos fac­tures d’électricité, va encore aug­men­ter de 12% en 2019 pour atteindre 7,8 mil­liards d’euros, au nom de « l’écologie » et pour faire payer la soli­da­ri­té envers les plus pauvres par les autres usa­gers moins pauvres. Ces impôts doivent tendre à être sup­pri­més, un point c’est tout.

    2‑La hausse des car­bu­rants pose direc­te­ment le pro­blème du mar­ché de l’énergie et de sa pri­va­ti­sa­tion totale. Outre le trans­port, le chauf­fage est l’autre dépense éner­gé­tique qui frappe direc­te­ment tous les ménages. Le pro­ces­sus de pri­va­ti­sa­tion de GDF, déman­te­lée, et d’EDF a conduit à une envo­lée des prix sans rap­port avec les coûts. On fait payer aux usa­gers en France les inves­tis­se­ments finan­ciers dou­teux à l’étranger et les pro­fits. Les magnats du pétrole se gavent, à com­men­cer par Total, qui va vers 10 mil­liards d’euros de pro­fit en 2018, rever­sés lar­ge­ment en divi­dendes à ses action­naires. La hausse du prix du litre de fuel ou de gasoil, c’est d’abord Total et ses concur­rents qui l’empochent ! Une poli­tique de contrôle public des prix, de natio­na­li­sa­tion et rena­tio­na­li­sa­tion s’impose.

    3‑Le droit à la mobi­li­té. On ne peut pas sépa­rer le poids pour les ménages de la hausse du gasoil et de l’essence du besoin de trans­port. La spé­cu­la­tion immo­bi­lière repousse tou­jours plus loin des centres d’activité des caté­go­ries entières, là où sévit le plus la déser­ti­fi­ca­tion en ser­vices publics et en com­merces etc. La poli­tique de pri­va­ti­sa­tion latente des trans­ports en com­mun amène des fer­me­tures de lignes SNCF, des aug­men­ta­tions de tarifs, une dégra­da­tion géné­rale des ser­vices comme la grève des che­mi­nots de ce prin­temps l’a poin­té. Et main­te­nant, le pou­voir rackette les auto­mo­bi­listes, d’abord les plus pauvres. Pour nous, com­mu­nistes, cette nou­velle injus­tice doit ame­ner à une riposte glo­bale pour le droit à la mobi­li­té et le ser­vice public des trans­ports.

    4‑Plutôt que de « pou­voir d’achat », par­lons des salaires, directs et indi­rects (coti­sa­tions sociales, retraites, ser­vices publics etc). Le coût pour les ménages des hausses de prix du car­bu­rant est sou­vent insup­por­table. Il repré­sente seule­ment une par­tie des pré­lè­ve­ments indus sur les salaires (retraites, pen­sions et allo­ca­tions), comme l’explosion des loyers ou des prix de l’immobilier. C’est un aspect d’une poli­tique de classe du pou­voir qui vise à tou­jours plus détour­ner l’argent, le finan­ce­ment des conquêtes sociales vers le pro­fit capi­ta­liste. Toutes les pré­oc­cu­pa­tions des tra­vailleurs se confondent : elles doivent conver­ger. Exi­geons des hausses de salaires ! Refu­sons les hausses de CSG, la CSG elle-même, le pré­lè­ve­ment à la source ! Non au CICE (« cré­dit d’impôt com­pé­ti­ti­vi­té emploi » de Hol­lande), trans­for­mé par Macron en baisse de coti­sa­tions patro­nales à la Sécu­ri­té sociale : c’est 40 mil­liards d’euros détour­nés pour la seule année 2019 (dou­ble­ment) !

    Voi­là les sujets de lutte vers les­quels nous vou­lons, com­mu­nistes, déve­lop­per la colère légi­time contre la hausse des car­bu­rants. Le mou­ve­ment des « Gilets jaunes » et le pou­voir s’efforcent de faire l’inverse, d’évacuer les ques­tions poli­tiques de classe.

    Nous avions dénon­cé les pré­cé­dentes agres­sions du gou­ver­ne­ment contre les auto­mo­bi­listes pauvres et/ou ruraux. Nous com­pre­nons mieux aujourd’hui dans quelle offen­sive idéo­lo­gique elles se situent. La hausse exor­bi­tante du contrôle tech­nique mas­sacre des cen­taines de mil­liers de ménages pauvres dépen­dant de la voi­ture, pour aucun béné­fice sinon pour les gara­gistes. La déci­sion d’Edouard Phi­lippe de réduire à 80km/h la limite de vitesse sur les routes secon­daires a inter­lo­qué. La jus­ti­fi­ca­tion par la baisse du nombre d’accidents est incer­taine, vu l’allongement des temps de par­cours. Plus cré­dible est appa­rue la néces­si­té de limi­ter les risques d’accident devant la poli­tique de sape des dépenses (décen­tra­li­sées) d’entretien des routes et la mul­ti­pli­ca­tion expo­nen­tielle des nids de poule. Mais poli­ti­que­ment, cette mesure secon­daire, sym­bo­lique, a ciblé une par­tie de la popu­la­tion : les ruraux, les habi­tants des « péri­phé­ries », les plus pauvres, ceux qui réagissent légi­ti­me­ment le plus aujourd’hui à la hausse des car­bu­rants. Les mêmes, plus ou moins, sont frap­pés par les poli­tiques éli­tistes de pro­jets qui exclut de la cir­cu­la­tion en centre-ville les véhi­cules plus anciens, encore ceux des plus pauvres et au pré­texte de l’écologie.

    La foca­li­sa­tion du débat sur les taxes sur les car­bu­rants per­met poli­ti­que­ment au pou­voir, outre d’éluder le cli­vage de classe, de mettre en avant un vrai-faux cli­vage « éco­lo­gique ». Les tra­vailleurs, sui­vant leur degré d’exploitation, leur lieu d’habitation, leurs besoins de trans­ports, sont invi­tés à s’opposer, entre eux, sur le niveau des sacri­fices à consen­tir au nom de l’écologie au capi­ta­lisme peint en vert.

    Éva­cuons tout de suite – nous serons ame­nés à le refaire sou­vent et mieux – toute ambi­guï­té sur notre posi­tion « éco­lo­giste » : Com­mu­nistes, nous fai­sons une prio­ri­té de la pré­ser­va­tion et l’amélioration du cadre de vie de l’humanité, en France et dans le monde. Pour autant, nous n’entendons pas gober la pro­pa­gande du capi­tal sur l’apocalypse cli­ma­tique au nom de laquelle les tra­vailleurs devraient accep­ter tous les sacri­fices. Des idéo­logues patro­naux ne cachent pas que le capi­ta­lisme « vert » et la pro­pa­gande qui l’accompagne sont une voie de sor­tie à la crise glo­bale du capi­ta­lisme, un moyen de recons­ti­tu­tion du taux de pro­fit par une sur­ex­ploi­ta­tion accrue et consen­tie.

    Sur le plan poli­ti­cien, ce débat, dan­ge­reu­se­ment biai­sé, peut pro­fi­ter à l’extrême-droite et aux autres popu­listes qui ne sont pas ren­trés dans le consen­sus des taxes éco­lo­giques et l’écologie mora­liste per­son­ni­fiés par l’ex-ministre Hulot.

    Cer­tains de nos cama­rades s’impliquent dans la mobi­li­sa­tion des « gilets jaunes ». Nous com­pre­nons et même par­ta­geons leurs moti­va­tions. Mais, après réflexion, nous pen­sons qu’ils font erreur.. Les syn­di­cats de tra­di­tion révo­lu­tion­naire ont clai­re­ment refu­sé de cau­tion­ner les « Gilets jaunes ». Cette posi­tion nous ras­sure mais pose aus­si la ques­tion prin­ci­pale. Pour­quoi n’a‑t-on pas cher­ché à déve­lop­per les conver­gences d’intérêt et de luttes, par­fois évi­dentes, autour de la lutte des che­mi­nots : contre les direc­tives UE de concur­rence, pour le droit à la mobi­li­té, pour la défense des sta­tuts du tra­vail ? Quelles conver­gences de lutte va-t-on créer contre la CSG et la nou­velle étape de la casse du finan­ce­ment de la sécu­ri­té sociale ? Quelle mobi­li­sa­tion, mili­tants pro­gres­sistes, construi­sons-nous contre la poli­tique de guerre et de sur­ar­me­ment (sabrant, au pas­sage, le « pou­voir d’achat ») répé­tée par Macron le 11 novembre ?

    L’organisation des « Gilets jaunes » ne sent pas bon. La pers­pec­tive ne peut être de se mettre à la remorques de ce popu­lisme ni, en même temps, de remettre en selle une « gauche » d’alternance et de col­la­bo­ra­tion d’ici 2022, en pas­sant par les élec­tions euro­péennes de 2019. La ques­tion cen­trale, pour nous com­mu­nistes, est, plus que jamais, le déve­lop­pe­ment des luttes de classe et de leur conver­gence.
    domi­nique negri

  • Bon­jour à tous
    je ne par­tage pas ce point de vue.
    Nous avons notre propre éclai­rage et c’est bien expli­qué et argu­men­té dans ce billet.
    Mais
    si « Ces constats ne nous empêchent en rien, dans la clar­té sur les « Gilets jaunes », de déve­lop­per nos argu­ments et pro­po­si­tions de lutte, en rela­tion avec la colère face à la hausse des car­bu­rants »
    pour­quoi ne pas les por­ter sur les points de blo­cage ?
    Tous les par­ti­ci­pants ne sont pas d’af­freux réac ! et les reven­di­ca­tions sur le pou­voir d’a­chat, et pas seule­ment sur les car­bu­rants, sont lar­ge­ment débat­tues sur ceux-ci.
    Je croyais que le PCF por­tait l’am­bi­tion de fédé­rer les luttes ; il faut bien com­men­cer par un bout.
    De plus en plus de per­sonnes se détournent des luttes poli­tiques et syn­di­cales parce-que leurs reven­di­ca­tions ne sont pas ou mal prises en compte par celles-ci. Ce n’est pas en ne par­lant qu’à ceux qui par­tagent nos idées que nous les convain­crons.
    Je pense que ce man­que­ment et sur­tout la façon de les trai­ter en enfants qui se jet­te­raient dans les bras des fn, patro­nat et autres ne va pas contri­buer à ce qu’ils rede­viennent atten­tifs à nos argu­ments … Hélas.
    Ami­tié.
    Daniel