Municipales 2026 à Fontaine. Le bilan peu glorieux du maire Franck Longo

Par Edouard Schoene

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La fermeture de la MJC Nelson-Mandela, évincée au profit de Viltaïs fin 2021, restera l'un des gros points noirs du mandat de Franck Longo.
Claudine Didier a été investie officiellement comme cheffe de file, le 17 janvier, par la section PCF Fontaine rive gauche du Drac, en vue des municipales 2026. Si les discussions se poursuivent entre les partis, l'enjeu est bien de rassembler la gauche pour reprendre la mairie à Franck Longo (MoDem), qui avait tiré profit des divisions pour être élu en 2020. Un maire dont le bilan, à un an de la fin de son mandat, n'est guère reluisant.

Il y a cinq ans, Franck Lon­go, maire de Fon­taine, se lan­çait en cam­pagne pour les muni­ci­pales, en annon­çant au Dau­phi­né libé­ré « la trans­pa­rence » et 160 pro­po­si­tions. À obser­ver la réa­li­té du man­dat de la majo­ri­té muni­ci­pale de droite, on com­prend mieux les conclu­sions du récent son­dage du Cevi­pof : « Seuls 26 % des Fran­çais déclarent avoir confiance dans la poli­tique. La défiance est par­ti­cu­liè­re­ment mar­quée envers le gou­ver­ne­ment, qui n’ins­pire confiance qu’à 23 % des Fran­çais. »

L’élément phare du man­dat devait être la construc­tion sco­laire. Un vaste chan­tier dont l’ad­joint à l’ur­ba­nisme Laurent Tho­viste avait pour­tant fait recu­ler les échéances, durant le pré­cé­dent man­dat, en contes­tant la réa­li­sa­tion de l’écoquartier Robes­pierre. Le nou­veau groupe sco­laire a tou­te­fois connu une évo­lu­tion : sa débap­ti­sa­tion… Car le nom de Robes­pierre déplaît à la majo­ri­té de droite. Mais la construc­tion ne sera pas réa­li­sée sous ce man­dat.

Franck Lon­go, maire MoDem de Fon­taine depuis 2020.

Le can­di­dat Franck Lon­go s’é­tait éga­le­ment enga­gé à orga­ni­ser, dès le début du man­dat, un réfé­ren­dum local sur les Portes du Ver­cors, pro­jet impor­tant de construc­tion d’un nou­veau quar­tier avec com­merces, ciné­ma… In fine, ce pro­jet métro­po­li­tain peine à voir le jour dans les délais pro­mis il y a quelques années. Quant au réfé­ren­dum, celui-ci n’a pas eu lieu.

La fermeture de la MJC Nelson-Mandela, scandale du début de mandat

La trans­pa­rence s’est vite trans­for­mée en opa­ci­té tan­dis que le man­dat s’est ouvert par un scan­dale, la fer­me­ture de la MJC Nel­son-Man­de­la, fier­té des Fon­tai­nois depuis cin­quante ans. Et ce, au pro­fit de l’as­so­cia­tion Vil­tais, rete­nue pour sup­pléer la MJC. Une struc­ture dont le patron est « curieu­se­ment » proche poli­ti­que­ment du maire. Un mil­lion d’eu­ros ont ain­si été ver­sés à Vil­tais sans ser­vices ren­dus à la popu­la­tion. Le bilan de ce scan­dale n’a pas été remis au groupe d’op­po­si­tion pré­si­dé par Jean-Paul Tro­ve­ro, qui le récla­mait. Une action en jus­tice est par ailleurs en cours, enga­gée par la MJC.

Les cahiers fon­tai­nois, publiés par les com­mu­nistes dans le cadre de réflexions-concer­ta­tions à Fon­taine (deux livrets dif­fu­sés à ce jour), ne sont pas avares pour fus­ti­ger les réa­li­sa­tions du maire Lon­go et énon­cer des pro­po­si­tions. La poli­tique enfance-jeu­nesse s’est par exemple tra­duite par des pertes de places d’accueil dans les centres de loi­sirs, la sup­pres­sion de la gra­tui­té du péri­sco­laire, la fin des acti­vi­tés dans les quar­tiers, la fin des coor­di­na­tions ville, édu­ca­teurs et col­lèges. La muni­ci­pa­li­té a peu à peu fer­mé ou lais­sé à l’abandon l’accès aux espaces libres de pra­tiques spor­tives tan­dis que les tarifs muni­ci­paux ont explo­sé.

Tout est contrôlé par le maire

Le bilan est éga­le­ment très triste en matière de démo­cra­tie par­ti­ci­pa­tive, clai­re­ment mal­trai­tée. Le conseil muni­ci­pal des jeunes a ain­si été sup­pri­mé pour rem­pla­cer ce dis­po­si­tif par des ren­contres et consul­ta­tions, objets de pro­pa­gande muni­ci­pale. Les struc­tures de concer­ta­tion ouvertes à la popu­la­tion (média­thèque, la Source, le VOG) ont elles aus­si été anni­hi­lées. Cer­taines com­mis­sions obli­ga­toires ne sont pas convo­quées, à l’ins­tar du comi­té d’éthique sur les camé­ras.

Renaud Lugli et Clau­dine Didier (PCF) espèrent rame­ner la gauche aux manettes à Fon­taine.

De leur côté, les élus d’opposition sont qua­si sys­té­ma­ti­que­ment écar­tés de l’information. Nombre de citoyens se plaignent en outre de ne pas être écou­tés. Leurs pro­po­si­tions sont en effet régu­liè­re­ment igno­rées, en par­ti­cu­lier sur les amé­na­ge­ments (pistes cyclables, reprise de l’avenue du Ver­cors…) ou la néces­saire moder­ni­sa­tion du parc d’habitation social. De fait, tout est contrô­lé par le maire, même les comptes-ren­dus de conseils d’école, avant leur dif­fu­sion !

Personnel municipal malmené et culture en danger

Et que dire du per­son­nel muni­ci­pal, mal­me­né depuis le début du man­dat ? Deux cents per­sonnes ont quit­té le navire depuis 2020, le maire en ayant pro­fi­té pour faire SES recru­te­ments. Le cli­mat est ain­si deve­nu très lourd avec un silence de nom­breux agents qui évoquent à mots cou­verts, sous le sceau de l’anonymat, les condi­tions de tra­vail qui se dégradent. Illus­tra­tion : les arrêts mala­die sont aujourd’­hui très impor­tants au sein de la ville, signe d’un malaise indé­niable.

À la mai­rie de Fon­taine, le malaise est pal­pable chez de nom­breux agents muni­ci­paux.

Enfin, impos­sible de ne pas poin­ter la culture en dan­ger à Fon­taine. Il y a deux ans, l’espace muni­ci­pal d’art contem­po­rain a failli dis­pa­raître pour lais­ser place à une salle d’exposition. C’est la mobi­li­sa­tion des ensei­gnantes atta­chées au VOG qui a heu­reu­se­ment per­mis de sau­ver ce lieu.

La Source a, elle, connu des sup­pres­sions de postes d’enseignants, de per­son­nel. Ce qui a dû être rat­tra­pé, pour ne pas voir fondre le public jeunes, par le départ d’un média­teur, rem­pla­cé depuis peu. L’ambition affi­chée d’en faire le lieu de toutes les musiques a alors été revue à la baisse.

Pour Clau­dine Didier et plus glo­ba­le­ment pour l’en­semble de la gauche fon­tai­noise, le moment est donc venu de faire front com­mun pour reprendre les com­mandes… Et mettre ain­si fin à la sombre paren­thèse actuelle.

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