Après la démission officielle d’Hugo Prevost, le PS Isère mise sur Amandine Germain
Par Manuel Pavard
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Cette fois, c’est officiel. Pris dans la tourmente après son exclusion, le 8 octobre, du groupe parlementaire LFI, saisi par le Comité de suivi contre les violences sexistes et sexuelles (CVSS) du parti, Hugo Prevost avait annoncé, dès le lendemain, son intention de démissionner. Mais rien n’avait été entériné jusque-là. C’est chose faite désormais. L’ancien responsable de l’Union étudiante a en effet écrit à la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, l’informant « qu’il se démettait de son mandat de député à compter du 15 octobre 2024 ».
Cette officialisation lance ainsi le compte à rebours pour la législative partielle dans la première circonscription de l’Isère. Une élection qui doit se tenir dans un délai de trois mois. Mais, selon diverses informations, le scrutin pourrait même avoir lieu avant les fêtes de fin d’année, soit durant la première quinzaine de décembre. Le tout avec un plateau de départ particulièrement indécis, notamment à gauche.
Lucie Castets, Amandine Germain ou une troisième personne ? C’est une équation à plusieurs inconnues qui se dessine. À l’origine, les accords nationaux conclus en juin au sein du Nouveau Front populaire avaient attribué la circonscription à la France insoumise. Mais depuis l’affaire Hugo Prevost, un nom revient en boucle : celui de Lucie Castets, dont la candidature a été proposée par sa propre équipe.
Le PS 38 veut « renégocier la circonscription »
Cette option séduit largement. Des écologistes aux communistes, en passant par des citoyens non encartés, une grande partie des militants de gauche locaux défendent le choix de l’ex-directrice des finances de la mairie de Paris. Quant aux insoumis, ceux-ci y sont également favorables, à une condition toutefois : que Lucie Castets siège, en cas de victoire, avec le groupe parlementaire LFI.
Le hic vient donc plutôt de la fédération départementale du PS. Des socialistes isérois qui doivent justement se prononcer ce jeudi 17 octobre en soir en faveur de… la conseillère départementale Amandine Germain. Plusieurs raisons à cela, selon le premier secrétaire fédéral Damien Perrard. « Dès la démission d’Hugo Prevost, on a demandé à la direction nationale une renégociation de la circonscription », explique-t-il.
« Depuis 2022, le PS demande plus d’une circonscription en Isère », estimant avoir été « mal servi dans les négociations » avec une seule investiture, celle de Marie-Noëlle Battistel. Damien Perrard invoque en outre le découpage et la sociologie de la première circonscription de l’Isère : « Vu sa population, un ou une social-démocrate aurait plus de chances de l’emporter, d’autant plus si Olivier Véran se présente en face. »
Mais quelles réticences le PS Isère a-t-il envers une candidature de Lucie Castets ? Damien Perrard insiste, ce n’est pas son profil ni ses compétences qui sont en cause. D’abord, justifie-t-il, « c’est un parachutage et nous n’y sommes pas favorables » – même si les socialistes y ont déjà eu recours en d’autres lieux et circonstances.
Vient ensuite l’épisode de Matignon et du refus d’Emmanuel Macron de nommer Lucie Castets Première ministre. « On craint que toute cette mise en scène durant l’été ait lassé les Françaises et les Français », poursuit le patron du PS 38.
Quid alors du respect des accords nationaux ? Selon lui, « les circonstances » de la démission d’Hugo Prevost ont rebattu les cartes : « Ce sera difficile de faire élire un nouveau candidat LFI. » Certes, Lucie Castets n’est pas militante insoumise, mais elle pourrait rejoindre leur groupe à l’Assemblée nationale si elle devenait députée – bien que certaines sources l’imaginent plutôt au sein du groupe écologiste. Un rapprochement avec LFI serait « aussi un risque pour elle », en termes d’image, alors qu’aujourd’hui, « elle surplombe tous les partis », affirme Damien Perrard.
« Si c’est Lucie Castets qui est choisie, on sera à ses côtés »
Damien Perrard
Concrètement, les socialistes isérois vont maintenant jouer la carte Amandine Germain en allant « jusqu’au bout du processus ». Seule candidate en interne, la conseillère départementale « sera désignée » par les militants ce jeudi soir. « Ensuite, on proposera son nom au national et on attendra la fin des négociations par les directions nationales (des partis du NFP) », indique le premier secrétaire fédéral du PS.
Damien Perrard assure néanmoins que la décision parisienne sera respectée : « Amandine Germain est légitimiste. Si c’est Lucie Castets qui est choisie, on sera tous à ses côtés », promet-il. Avec un bémol : « Ce serait un revers pour la fédération. »
Au sein de la gauche locale, la stratégie socialiste suscite sans surprise de fortes réserves. Un militant insoumis rappelle ainsi que « la circonscription n’a pas été donnée au PS, qui ne peut pas suivre les accords seulement quand ça l’arrange ». Un membre d’un autre parti fustige quant à lui « ce cavalier seul alors qu’on a pourtant une candidate capable d’incarner l’union et de nous rassembler, malgré nos différences ». Et ce, même si « Amandine Germain a beaucoup de qualités. Mais ce n’est pas la question », juge ce dernier, malgré tout convaincu que « l’unité finira par s’imposer, quelle que soit la solution retenue ».