Accusé de violences sexistes et sexuelles, le député de l’Isère Hugo Prevost va démissionner
Par Manuel Pavard
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Hugo Prevost à Gières, le 3 juillet 2024, dans l’entre-deux-tours des législatives.
Vingt-quatre heures après son exclusion du groupe parlementaire LFI, le député de l’Isère Hugo Prevost a annoncé sa démission ce mercredi 9 octobre au soir. Plusieurs témoignages l’accusent en effet de violences sexistes et sexuelles au sein de l’Union étudiante. Une législative partielle sera donc organisée dans la première circonscription de l’Isère.
« J’annonce dès aujourd’hui la démission de mon mandat. » C’est par ces mots, concluant son communiqué publié sur les réseaux sociaux, qu’Hugo Prevost a fait part de sa décision, ce mercredi 9 octobre au soir. Depuis son exclusion, la veille, du groupe parlementaire LFI-NFP, saisi par le Comité de vigilance contre les violences sexistes et sexuelles (CVSS) de la France insoumise, le député de l’Isère était pressé de démissionner de toutes parts. Des appels émanant notamment de son propre camp, à l’instar de sa suppléante Salomé Robin, de LFI Isère ou de l’Union étudiante, à l’origine du signalement.

Hugo Prevost était devenu député en devançant Olivier Véran.
C’est en effet le syndicat étudiant qui avait recueilli des témoignages évoquant des « faits de harcèlement moral et sexuel, schémas de prédation, faits graves pénalement répréhensibles à caractère sexuel », s’étalant de 2020 à 2024. À cette période, Hugo Prevost, cofondateur de l’Union étudiante, y occupait des responsabilités nationales. Dans un long communiqué, le syndicat décrivait des agissements répétés, insistant sur leur caractère « systémique ». Des accusations corroborées par au moins quatre militantes et victimes, selon Mediapart.
Une législative partielle posant de nombreuses questions
Élu face au député sortant Olivier Véran, dans la première circonscription de l’Isère, Hugo Prevost assure qu’au moment de son investiture comme lors des deux tours du scrutin, il n’était « pas au courant de l’existence des accusations qui sont aujourd’hui portées à [sa] connaissance. Je n’ai jamais cherché à nuire à l’intégrité de mes camarades », ajoute-t-il.
Quid de sa mise en cause ? « Je mesure la gravité des accusations qui me sont faites. Je m’en suis défendu. Je n’y répondrai pas publiquement », rétorque le militant de 25 ans. Et celui-ci de poursuive : « J’ai toujours pensé le chemin politique qu’est le nôtre comme une aventure collective, c’est pourquoi je ne m’accrocherai jamais à un poste au détriment d’une cause : aucun destin personnel ne doit entraver nos destins collectifs. »
Si ces accusations n’ont pas fini d’ébranler les organisations concernées – qui ont apporté leur soutien aux victimes — en interne, les conséquences sont également visibles sur le plan politique. En cas de démission volontaire du député, une nouvelle élection doit en effet se tenir. Une législative partielle qui doit avoir lieu dans un délai de trois mois.
Cette nouvelle donne pose en outre de nombreuses questions. Les membres du Nouveau Front populaire parviendront-ils à s’accorder facilement sur une candidature ? S’agira-t-il de Salomé Robin ou d’un‑e autre (des rumeurs évoquant même le nom de Lucie Castets) ? En face, Olivier Véran tentera-t-il de retrouver son siège ? Autant de longs débats à venir… Pour la gauche plus particulièrement, les enjeux sont lourds. Les regards sont braqués vers elle. Cette fois, hors de question de se louper !