Après la démission officielle d’Hugo Prevost, le PS Isère mise sur Amandine Germain

Par Manuel Pavard

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Les socialistes isérois devraient désigner Amandine Germain (au centre), ce jeudi 17 octobre, puis proposer son nom à la direction nationale.
Visé par des accusations de violences sexistes et sexuelles, Hugo Prevost a enfin démissionné de son mandat de député, ce mardi 15 octobre. Une législative partielle se tiendra donc dans les trois mois, dans la première circonscription de l'Isère. Avec une incertitude à gauche. Si beaucoup militent en effet pour Lucie Castets, le PS Isère devrait, lui, se prononcer, ce jeudi 17 octobre, pour une candidature de la conseillère départementale Amandine Germain.

Cette fois, c’est offi­ciel. Pris dans la tour­mente après son exclu­sion, le 8 octobre, du groupe par­le­men­taire LFI, sai­si par le Comi­té de sui­vi contre les vio­lences sexistes et sexuelles (CVSS) du par­ti, Hugo Pre­vost avait annon­cé, dès le len­de­main, son inten­tion de démis­sion­ner. Mais rien n’avait été enté­ri­né jusque-là. C’est chose faite désor­mais. L’ancien res­pon­sable de l’Union étu­diante a en effet écrit à la pré­si­dente de l’Assemblée natio­nale Yaël Braun-Pivet, l’informant « qu’il se démet­tait de son man­dat de dépu­té à comp­ter du 15 octobre 2024 ».

Cette offi­cia­li­sa­tion lance ain­si le compte à rebours pour la légis­la­tive par­tielle dans la pre­mière cir­cons­crip­tion de l’Isère. Une élec­tion qui doit se tenir dans un délai de trois mois. Mais, selon diverses infor­ma­tions, le scru­tin pour­rait même avoir lieu avant les fêtes de fin d’année, soit durant la pre­mière quin­zaine de décembre. Le tout avec un pla­teau de départ par­ti­cu­liè­re­ment indé­cis, notam­ment à gauche.

Législatives
Élu dépu­té de l’I­sère en juillet, Hugo Pre­vost a démis­sion­né le 15 octobre.

Lucie Cas­tets, Aman­dine Ger­main ou une troi­sième per­sonne ? C’est une équa­tion à plu­sieurs incon­nues qui se des­sine. À l’origine, les accords natio­naux conclus en juin au sein du Nou­veau Front popu­laire avaient attri­bué la cir­cons­crip­tion à la France insou­mise. Mais depuis l’affaire Hugo Pre­vost, un nom revient en boucle : celui de Lucie Cas­tets, dont la can­di­da­ture a été pro­po­sée par sa propre équipe.

Le PS 38 veut « renégocier la circonscription »

Cette option séduit lar­ge­ment. Des éco­lo­gistes aux com­mu­nistes, en pas­sant par des citoyens non encar­tés, une grande par­tie des mili­tants de gauche locaux défendent le choix de l’ex-directrice des finances de la mai­rie de Paris. Quant aux insou­mis, ceux-ci y sont éga­le­ment favo­rables, à une condi­tion tou­te­fois : que Lucie Cas­tets siège, en cas de vic­toire, avec le groupe par­le­men­taire LFI.

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Lucie Cas­tets est sou­te­nue par une large par­tie des mili­tants de gauche locaux. © Tom­kiou, CC0, via Wiki­me­dia Com­mons

Le hic vient donc plu­tôt de la fédé­ra­tion dépar­te­men­tale du PS. Des socia­listes isé­rois qui doivent jus­te­ment se pro­non­cer ce jeu­di 17 octobre en soir en faveur de… la conseillère dépar­te­men­tale Aman­dine Ger­main. Plu­sieurs rai­sons à cela, selon le pre­mier secré­taire fédé­ral Damien Per­rard. « Dès la démis­sion d’Hugo Pre­vost, on a deman­dé à la direc­tion natio­nale une rené­go­cia­tion de la cir­cons­crip­tion », explique-t-il.

« Depuis 2022, le PS demande plus d’une cir­cons­crip­tion en Isère », esti­mant avoir été « mal ser­vi dans les négo­cia­tions » avec une seule inves­ti­ture, celle de Marie-Noëlle Bat­tis­tel. Damien Per­rard invoque en outre le décou­page et la socio­lo­gie de la pre­mière cir­cons­crip­tion de l’Isère : « Vu sa popu­la­tion, un ou une social-démo­crate aurait plus de chances de l’emporter, d’autant plus si Oli­vier Véran se pré­sente en face. »

Mais quelles réti­cences le PS Isère a‑t-il envers une can­di­da­ture de Lucie Cas­tets ? Damien Per­rard insiste, ce n’est pas son pro­fil ni ses com­pé­tences qui sont en cause. D’abord, jus­ti­fie-t-il, « c’est un para­chu­tage et nous n’y sommes pas favo­rables » — même si les socia­listes y ont déjà eu recours en d’autres lieux et cir­cons­tances.

Vient ensuite l’épisode de Mati­gnon et du refus d’Emmanuel Macron de nom­mer Lucie Cas­tets Pre­mière ministre. « On craint que toute cette mise en scène durant l’été ait las­sé les Fran­çaises et les Fran­çais », pour­suit le patron du PS 38.

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Pour le PS, Aman­dine Ger­main serait la mieux pla­cée pour l’emporter.

Quid alors du res­pect des accords natio­naux ? Selon lui, « les cir­cons­tances » de la démis­sion d’Hugo Pre­vost ont rebat­tu les cartes : « Ce sera dif­fi­cile de faire élire un nou­veau can­di­dat LFI. » Certes, Lucie Cas­tets n’est pas mili­tante insou­mise, mais elle pour­rait rejoindre leur groupe à l’Assemblée natio­nale si elle deve­nait dépu­tée – bien que cer­taines sources l’imaginent plu­tôt au sein du groupe éco­lo­giste. Un rap­pro­che­ment avec LFI serait « aus­si un risque pour elle », en termes d’image, alors qu’aujourd’hui, « elle sur­plombe tous les par­tis », affirme Damien Per­rard.

« Si c’est Lucie Cas­tets qui est choi­sie, on sera à ses côtés »

Damien Per­rard

Concrè­te­ment, les socia­listes isé­rois vont main­te­nant jouer la carte Aman­dine Ger­main en allant « jusqu’au bout du pro­ces­sus ». Seule can­di­date en interne, la conseillère dépar­te­men­tale « sera dési­gnée » par les mili­tants ce jeu­di soir. « Ensuite, on pro­po­se­ra son nom au natio­nal et on atten­dra la fin des négo­cia­tions par les direc­tions natio­nales (des par­tis du NFP) », indique le pre­mier secré­taire fédé­ral du PS.

Damien Per­rard assure néan­moins que la déci­sion pari­sienne sera res­pec­tée : « Aman­dine Ger­main est légi­ti­miste. Si c’est Lucie Cas­tets qui est choi­sie, on sera tous à ses côtés », pro­met-il. Avec un bémol : « Ce serait un revers pour la fédé­ra­tion. »

Au sein de la gauche locale, la stra­té­gie socia­liste sus­cite sans sur­prise de fortes réserves. Un mili­tant insou­mis rap­pelle ain­si que « la cir­cons­crip­tion n’a pas été don­née au PS, qui ne peut pas suivre les accords seule­ment quand ça l’arrange ». Un membre d’un autre par­ti fus­tige quant à lui « ce cava­lier seul alors qu’on a pour­tant une can­di­date capable d’incarner l’union et de nous ras­sem­bler, mal­gré nos dif­fé­rences ». Et ce, même si « Aman­dine Ger­main a beau­coup de qua­li­tés. Mais ce n’est pas la ques­tion », juge ce der­nier, mal­gré tout convain­cu que « l’u­ni­té fini­ra par s’im­po­ser, quelle que soit la solu­tion rete­nue ».

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