Municipales. Nadia Belaïd et Thomas Simon, binôme choisi par le Grenoble Alpes collectif
Par Manuel Pavard
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Nadia Belaïd et Thomas Simon. Thomas Simon et Nadia Belaïd. Les noms des deux têtes de liste désignées, le week-end des 6 et 7 décembre, par le Grenoble Alpes collectif, sont interchangeables et ont vocation à le rester. Il ne s’agit pas ici du candidat ou de la candidate à la fonction de maire, escorté de son potentiel premier adjoint, mais bien d’un véritable binôme tête de liste. Un choix qui permet, selon le GAC, de « rompre avec la personnalisation du pouvoir ».
L’idée est ainsi, non seulement de mener la campagne à deux, en partageant totalement la responsabilité, mais aussi d’appliquer ce principe une fois installé dans le fauteuil de maire… Ou plutôt dans les fauteuils de maire. Comment ? « En co-exerçant le mandat de maire de Grenoble (oui, c’est possible !), illustrant concrètement qu’une commune peut être dirigée par une intelligence collective plutôt que par une seule personne », affirme le collectif dans un communiqué.
La parité sociale au cœur du projet
Le duo a, comme les huit autres candidats choisis durant le même week-end, été désigné au terme d’un « processus d’intelligence collective » symbolisant parfaitement l’identité du GAC, qui se définit comme une « liste citoyenne et participative ». La démarche est ainsi indissociable du concept de parité. Parité de genre bien sûr, et « parité sociale », qui figure au cœur de son projet avec le slogan « Tout le monde peut faire de la politique ».

Le critère ? « Pas plus d’un tiers des candidat.es issu.es des catégories socio-professionnelles les plus privilégiées ». L’objectif est clair, explique le Grenoble Alpes collectif : « renouveler les élu·es, en permettant à des personnes issues de milieux sociaux variés d’accéder à des responsabilités publiques trop souvent réservées à un profil social restreint ».
Cette parité sociale vise à ériger une liste « représentative de la diversité sociale » du territoire grenoblois. Tout comme le plébiscite, peut-être la principale marque de fabrique du GAC depuis les débuts de l’aventure. Les dix candidats actuels (cinq hommes et cinq femmes) faisaient en effet partie d’une liste de trente-quatre personnes éligibles, plébiscitées sur la plateforme du collectif à l’issue d’un processus de sélection totalement libre et ouvert, sans candidat-es prédéterminé-es.
Élection sans candidat
Cette méthode, tranchant radicalement avec le vote majoritaire classique, a été employée pour déboucher sur une première dizaine de noms, le samedi, puis le lendemain pour le binôme. « L’élection sans candidat.e est un processus, issu de la sociocratie, où personne ne se présente : chacun, à son tour, propose un binôme et explique son choix, détaille le GAC. Le binôme qui arrive en tête est ensuite débattu puis, si besoin, ajusté jusqu’à ce que le groupe atteigne un véritable consentement individuel et collectif. »
Si Nadia Belaïd et Thomas Simon seront quoiqu’il arrive les deux têtes de liste, leurs huit colistiers ne connaissent pas encore leur place sur le liste (en position éligible ou non éligible). Le plébiscite reste d’ailleurs en ligne sur la plateforme dédiée, demeurant ouvert jusqu’à la fin janvier afin de finaliser la constitution de la liste. Pour le Grenoble Alpes collectif, qui ambitionne de faire de la politique autrement et se veut un « laboratoire de la démocratie directe », l’intérêt de ce système est aussi de faire émerger des profils variés et parfois inattendus.

C’est ainsi le cas de Nadia Belaïd, mère de famille de 58 ans et architecte de profession, qui a rejoint la dynamique initiée par le Grenoble alpes collectif dans un second temps, via le plébiscite. Un parcours différent de celui de Thomas Simon. Âgé de 35 ans, ce codirecteur d’une coopérative spécialisée dans la démocratie directe — après avoir « enchaîné les petits boulots pendant dix ans » — a fait ses armes dans les mouvements sociaux (dont Nuit debout) avant de faire partie des cofondateurs du GAC.
Tous deux se situent plutôt à gauche politiquement, comme la majorité des membres du collectif — qu’ils le revendiquent ou non — et sont bien sûr assez éloignés des idées d’un Alain Carignon ou Hervé Gerbi. Néanmoins, le Grenoble Alpes collectif assume une volonté de « changement radical », faisant le constat que « la grande majorité des citoyen·nes ne se retrouvent pas représentés par les partis politiques traditionnels ».
« Espoir déçu »
Il se pose clairement en représentant, voire en héritier, de « cet espoir citoyen déçu de 2014 ». Lequel était porté à l’époque « par une envie de transformation radicale de la manière de faire de la politique et de faire vivre l’institution municipale : plus démocratique, plus participative, moins clientéliste et patriarcale ». Mais dix ans après, le collectif reproche à la majorité de n’avoir « pas vraiment changé les pratiques et le fonctionnement démocratique de l’institution municipale ». Ceci, « sans renier les avancées en matière écologique, des transports doux, de végétalisation des écoles, d’alimentation bio dans la restauration collective, d’une sortie du clientélisme dans les quartiers », reconnaît-il.
« Les partis de gauche ont fait deux choix différents à Grenoble : La France insoumise seule, d’un côté, et une alliance de partis plus ou moins progressistes de l’autre », estime le GAC, jugeant l’enjeu davantage « national » que local pour ces partis de gauche. Quant aux listes de droite et encore plus d’extrême droite, leurs propositions sécuritaires et démagogiques sont évidemment à des années lumière de son programme et de sa philosophie.
Pour représenter le « renouveau » et l’alternative à ce « vieux monde politique », le Grenoble Alpes collectif entend maintenant poursuivre la co-construction de son programme. Un travail déjà bien engagé, avec plusieurs grandes mesures à découvrir sur son site.


