Échirolles. Près de 500 habitants réunis pour réclamer la création d’un commissariat

Par Manuel Pavard

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Amandine Demore, maire d'Échirolles, a appelé la population à la soutenir dans cette demande de création d'un commissariat.
Près de 500 personnes se sont réunies ce mardi 26 novembre, devant l'hôtel de ville d'Échirolles, pour réclamer l'ouverture d'un commissariat de plein exercice dans la commune, frappée par la montée des violences liées au narcotrafic. Initiatrice du rassemblement, la maire communiste Amandine Demore, entourée d'élus locaux et du secrétaire national du PCF Fabien Roussel, a de nouveau interpellé l'État à ce sujet.

« L’installation d’un commissariat à Échirolles, ce n’est pas simplement un enjeu échirollo-échirollois. » Comme elle le martèle depuis des mois, Amandine Demore a de nouveau plaidé sa cause devant la foule rassemblée sur le parvis de l’hôtel de ville, ce mardi 26 novembre à midi. Plusieurs centaines d’Échirollois et Échirolloises (entre 400 et 500 d’après les estimations) ayant répondu à l’appel de la maire communiste, qui réclame l’ouverture d’un commissariat de police de plein exercice dans la commune.

Près de 500 Echirollois sont venus écouter Amandine Demore défendre la création d’un commissariat de plein exercice.

Pour l’édile, c’est en effet « un enjeu d’agglomération, qui traverse les quartiers, les villes, les villages, les zones police ou gendarmerie, mais aussi les étiquettes politiques ou les différences d’approche. Car ce qui nous anime c’est bien la protection de nos populations, la préservation du service public de la sécurité et donc du service public dans son ensemble« , poursuit Amandine Demore, entourée à la tribune d’élus locaux de gauche – de son conseil municipal et d’autres collectivités – et de son prédécesseur Renzo Sulli ou encore du secrétaire national du PCF Fabien Roussel, en visite en Isère.

« Nous ne nous laisserons pas faire »

Si la municipalité porte cette revendication depuis quelque temps déjà, celle-ci a pris davantage de poids au cours des derniers mois. De fait, les violences liées au narcotrafic, à Échirolles comme dans le reste de l’agglomération, ont encore franchi un cap durant l’été, marqué par une série de règlements de comptes ayant fait plusieurs victimes. Ces fusillades, souligne la maire, « résultent d’une guerre de territoire que se livrent les trafiquants de stupéfiants« , pour le contrôle des points de deal.

« Nous n’en pouvons plus du deal et de ses conséquences ; de ce commerce illicite à ciel ouvert, qui pourrit la vie de nombreux habitants et habitantes« , s’insurge Amandine Demore. « Si nous sommes réunis aujourd’hui, c’est pour envoyer un message fort : nous ne nous laisserons pas faire si l’État continue son désengagement ou ne propose que des actions coup de poings, ou des expérimentations sans lendemain.« 

Amandine Demore porte cette revendication depuis de longs mois et a écrit à Emmanuel Macron à ce sujet.

L’élue pointe l’impuissance de l’État, citant la récente suspension de la cantine de l’école maternelle Elsa-Triolet, en raison de la proximité du point de deal, ainsi que l’échec de la lutte contre le trafic de stupéfiants « sous sa doctrine actuelle« . Un combat qui, selon elle, « nécessite un travail de fond, d’investigation mais aussi de proximité pour combattre les incivilités, les actes de délinquances et les crimes générés par le narcotrafic« .

Malheureusement, reconnaît-elle, « ce n’est pas en tant que maire d’Échirolles, ville de 37 000 habitantes et habitants que j’aurai le pouvoir seule de régler ce fléau« . D’où son appel lancé à l’ensemble de la population pour faire « bouger les lignes« . Amandine Demore regrette que sa demande de création d’un commissaritat ne soit pas entendue par le ministère de l’Intérieur. Et ce, « malgré les faits gravissimes qui ont touché l’agglomération, malgré les courriers envoyés, les discussions, les échanges, les négociations, les appels à projet, les réponses aux expérimentations diverses et variées« .

Une pétition signée par plus de 4 000 personnes

Elle évoque également les 110 policiers manquants sur la zone police (qui comprend notamment Grenoble, Échirolles, Saint-Martin-d’Hères et Fontaine). Un chiffre qui permettrait simplement d’être « dans la moyenne nationale » et d’avoir « un fonctionnement normal« . Pourtant, ce constat comme la lettre adressée à Emmanuel Macron, le 23 août dernier, ont eu peu d’effets concrets. Certes, 28 policiers supplémentaires ont été affectés à la zone de police de Grenoble, mais l’édile n’a reçu aucune réponse « concernant la nécessité de moyens supplémentaires et le maintien des moyens de prévention« .

Pire encore, déplore-t-elle, « la demande d’implantation du commissariat de police de plein exercice sur la commune est balayée d’un revers de main« . Le tout avec un argument pour le moins étonnant de la part de l’Élysée :  »Cela distrairait les forces là où nous avons besoin de les renforcer. » Et la maire d’Échirolles d’ironiser: « Alors, moi je ne savais que créer un commissariat de police pouvait distraire les forces de l’ordre.« 

En déplacement dans l’agglomération, Fabien Roussel est venu soutenir la démarche de la mairie PCF d’Echirolles.

Dénonçant une forme de mépris inacceptable, Amandine Demore détaille les différents arguments justifiant cette revendication : « Un commissariat pour Échirolles, ce n’est pas seulement un caprice des maires successifs depuis 25 ans. C’est une nécessité ! Un commissariat, c’est au moins 50 agentes et agents supplémentaires, qui viendraient s’ajouter à ceux déjà présents sur notre circonscription de police, et qui ne déshabillerait pas les autres secteurs, comme j’ai pu l’entendre. Un commissariat, c’est s’assurer la présence constante, en proximité, d’agents dédiés à notre territoire. Un commissariat c’est aussi apporter un certain sentiment de sécurité aux habitants et habitantes.« 

Elle rappelle par ailleurs que la police municipale – dont les prérogatives sont relativement étendues à Échirolles – ne peut se substituer à la police nationale, laquelle ne peut être réduite à une police d’intervention ou de maintien de l’ordre. « Il en faut. Mais il nous faut aussi une police de proximité, une police du quotidien« , affirme l’élue PCF. Pour appuyer sa demande, qui incarne « une vision progressiste de la sécurité publique« , celle-ci a donc lancé une pétition, qui a déjà recueilli plus de 4 000 signatures à ce jour.

« Je ne lâcherai rien »

Amandine Demore a clos son discours en dévoilant devant les manifestants la première pierre symbolique du futur commissariat. Une manière de mettre de nouveau la pression – subtilement – sur les services de l’État. « Qu’il sache que la ville d’Échirolles sera tout à fait facilitatrice, car nous sommes prêts à mettre à disposition le terrain qui accueillera ce futur bâtiment« , lance-t-elle, à l’intention du président de la République.

La première pierre symbolique d’un éventuel commissariat a été dévoilée au terme du discours.

La maire a enfin promis de « prendre ses responsabilités« , comme elle l’a fait en fermant l’immeuble Le Carrare, « dont le point de deal est aujourd’hui quasiment éteint« . Et de conclure : « Vous pouvez compter sur moi pour poursuivre le combat pour notre territoire et pour vous toutes et tous. Je ne lâcherai rien.« 

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