Amandine Demore a signé deux arrêtés d’évacuation et de mise en sécurité du Carrare, le 24 septembre.
Le Carrare reste fermé jusqu’à nouvel ordre, les travaux n’ayant pas été réalisés par les copropriétaires dans les trois semaines suivant l’évacuation de l’immeuble dégradé par le deal, a annoncé la maire d’Échirolles Amandine Demore ce mardi 15 octobre. La ville va par ailleurs solliciter les habitants via une pétition, qui sera adressée ensuite à Emmanuel Macron.
En signant les arrêtés de mise en sécurité et d’évacuation du Carrare, le 24 septembre, Amandine Demore avait donné trois semaines aux copropriétaires pour effectuer les travaux, condition sine qua non à toute réouverture du bâtiment. Un délai qui expirait ce mardi 15 octobre. L’occasion pour la maire PCF d’Échirolles de dresser un premier bilan sur la situation de l’immeuble, de ses occupants et de ce point de deal majeur de l’agglomération.
Premier constat : à ce jour, la copropriété n’a engagé « aucuns travaux » et « aucune demande d’accès pour étude de ces travaux n’a été officiellement réalisée. Le bâtiment reste donc fermé pour raison de danger permanent de mort », annonce l’édile. Un risque dû principalement, selon la ville, « aux dégradations des installations électriques communes par les trafiquants de drogue » opérant au sein du Carrare.
Le Carrare, situé en plein centre-ville, jouxte l’Institut de la communication et des médias (ICM).
Une incertitude demeure néanmoins en raison d’une réunion de la copropriété prévue ce vendredi 18 octobre, avec à l’ordre du jour, « la réalisation des travaux d’urgence nécessaires à la réouverture du bâtiment. Selon les résultats du vote de la copropriété, de nouvelles décisions pourront être prises », indique ainsi Amandine Demore. Avec un sérieux bémol toutefois : une partie des copropriétaires ont d’ores et déjà fait savoir qu’ils n’étaient pas en mesure de financer un tel chantier.
Un point de deal « largement fragilisé »
Que vont devenir les ex-habitants du Carrare dans l’immédiat ? Au moment de la fermeture de la résidence, le 27 septembre, une vingtaine de personnes occupaient un logement, parmi les 82 studios et T1 que compte l’immeuble. « À la suite de l’évacuation, aucun locataire du Carrare ne souhaite revenir vivre sur les lieux », affirme la maire.
Selon elle, « des solutions de relogements ont été proposées ou sont en cours de proposition grâce à une très bonne collaboration entre l’État, la Métropole, les bailleurs sociaux et la ville d’Échirolles. Toutes les personnes évacuées et encore en attente de relogement resteront hébergées aussi longtemps que nécessaire, dans des bonnes conditions de confort, dans un hôtel », promet Amandine Demore.
Quid du point de deal, qui générait 10 à 15 000 euros de revenus chaque jour, en plein centre-ville d’Échirolles – à côté de l’école de journalisme et en face de la mairie ? Celui-ci n’a pas totalement disparu, à en juger par le manège des dealers, qui reprennent rapidement possession des lieux après chaque passage des forces de l’ordre. Mais « le point de deal est aujourd’hui largement fragilisé », assure l’élue communiste.
Amandine Demore interpelle Emmanuel Macron.
Les autorités, explique-t-elle, ont en effet « privé les trafiquants de l’accès à certains appartements de la copropriété, qui étaient devenus une basse arrière logistique ». Ceux-ci se sont donc mis en quête d’un « nouvel emplacement stable » dans le centre-ville. Une démarche s’étant pour l’instant soldée par « un échec », d’après l’édile. Et ce, « grâce à la mobilisation de l’ensemble des partenaires, de la police municipale et de la police nationale, et à des interpellations efficaces ».
Amandine Demore prend d’ailleurs un engagement : « Nos interventions régulières continueront aussi longtemps que nécessaire. » À défaut d’assécher totalement le trafic aux abords du Carrare – objectif peu réaliste à court terme -, cela permettrait d’insécuriser les dealers. La récente agression contre un policier municipal en patrouille, percuté et blessé par un homme à trottinette, à la suite d’un refus d’obtempérer, témoignerait ainsi de la pression ressentie par ces derniers.
Une pétition pour exiger un commissariat de plein exercice
La maire d’Échirolles a également évoqué, ce mardi, la réponse d’Emmanuel Macron au courrier qu’elle lui avait adressé en août dernier : « Le président de la République accorde 28 effectifs supplémentaires de police pour la zone de police de l’agglomération. » Certes, ce renfort constitue « une satisfaction, mais c’est très largement insuffisant », déplore-t-elle, réclamant toujours « un commissariat de plein exercice à Échirolles et le rétablissement d’une vraie police de proximité ».
Pour appuyer sa demande, Amandine Demore entend solliciter et impliquer l’ensemble des Échirollois. Ainsi, « une lettre-pétition sera adressée aux habitantes et habitants d’Échirolles dans les prochains jours ». Cet appel – massif, espère-t-elle – en faveur du commissariat sera ensuite transmis au chef de l’État.
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