Première circonscription de l’Isère : la difficile quête de l’unité au NFP

Par Manuel Pavard

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Le militant des droits de l'enfant Lyes Louffok a été investi par la France insoumise. © Davy bvs, CC0, via Wikimedia Commons
Réunis ce mercredi 30 octobre, à l'invitation du PCF, les partis du NFP présents se sont prononcés pour une candidature unique à la législative partielle dans la première circonscription de l'Isère. Désignée par le PS 38, Amandine Germain a ainsi assuré qu'elle ne serait pas une candidate dissidente. Et ce, alors que LFI - absente à la réunion - a investi Lyes Louffok, s'appuyant sur l'accord national.

Le feuille­ton de la pre­mière cir­cons­crip­tion de l’Isère est loin d’avoir connu son épi­logue. Depuis la démis­sion de l’ex-député Hugo Pre­vost, visé par des accu­sa­tions de vio­lences sexistes et sexuelles, le flou entoure l’identité des can­di­dats à la légis­la­tive par­tielle. Dans le camp macro­niste, avec les hési­ta­tions d’Olivier Véran… Mais aus­si et sur­tout à gauche où le renon­ce­ment de Lucie Cas­tets a fait l’effet d’une douche froide chez de nom­breux mili­tants locaux.

Pour apla­nir et ten­ter de dépas­ser les divers désac­cords et diver­gences, la sec­tion gre­no­bloise du PCF avait donc invi­té les com­po­santes locales du Nou­veau Front popu­laire à se réunir ce mer­cre­di 30 octobre au soir, au siège de la fédé­ra­tion com­mu­niste de l’Isère. Une ren­contre inter­ve­nant dans un contexte de forte incer­ti­tude, voire de ten­sion à gauche.

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Aman­dine Ger­main a été dési­gnée par le PS 38 mais ne se pré­sen­te­ra pas en dis­si­dente du NFP.

D’un côté, la fédé­ra­tion de l’Isère du Par­ti socia­liste a dési­gné Aman­dine Ger­main le 17 octobre. La conseillère dépar­te­men­tale est ain­si can­di­date à l’investiture, mais à condi­tion de por­ter les cou­leurs du NFP. Elle se serait d’ailleurs effa­cée der­rière Lucie Cas­tets si celle-ci était allée jusqu’au bout. De l’autre côté, la France insou­mise, invo­quant le res­pect de l’accord natio­nal conclu en juin der­nier – qui lui attri­bue la cir­cons­crip­tion –, a annon­cé, mar­di 29 octobre, avoir inves­ti le mili­tant des droits de l’enfant Lyes Louf­fok.

Les forces de gauche par­ti­ci­pantes à cette réunion

Des insou­mis qui, à l’instar des éco­lo­gistes et Génération.s, ont déci­dé de ne pas par­ti­ci­per à la réunion gre­no­bloise. Outre les com­mu­nistes, seuls le PS, l’Après et Place publique étaient pré­sents. Dans un com­mu­ni­qué publié ce jeu­di 31 octobre, le PCF Gre­noble regrette ain­si « que les par­tis asso­ciés au sein du NFP ne puissent se retrou­ver dans leur ensemble pour échan­ger leurs points de vue sur une ques­tion dont les impli­ca­tions locales ne font guère de doute ».

Par­mi les par­ti­ci­pants, l’accord a néan­moins été « una­nime pour consi­dé­rer que la dés­union n’est pas envi­sa­geable au pre­mier comme au second tour de cette élec­tion à venir ». L’enjeu est en effet, sou­lignent les com­mu­nistes, de « conser­ver cette cir­cons­crip­tion à gauche, dans un contexte où les par­le­men­taires du NFP mènent une bataille cou­ra­geuse face aux pro­po­si­tions bud­gé­taires du gou­ver­ne­ment Bar­nier ».

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Lyes Louf­fok, can­di­dat choi­si par les insou­mis. © Page Face­book de Lyes Louf­fok

Avec les batailles à venir pour les ser­vices publics, contre le réchauf­fe­ment cli­ma­tique ou « pour la défense de l’emploi dans les pla­te­formes chi­miques ou chez Atos », gare à ne pas dérou­ler le tapis rouge au « bloc cen­tral de l’Assemblée natio­nale, qui n’a pas besoin d’un dépu­té sup­plé­men­taire », aver­tit le PCF. Une posi­tion par­ta­gée, avec des nuances, par les autres par­tis, ce mer­cre­di soir.

Pas de candidature dissidente pour Amandine Germain

Mal­gré ses réti­cences envers LFI, dont la stra­té­gie « affai­blit le NFP », selon lui, Charles Priou, réfé­rent dépar­te­men­tal de Place publique, a ain­si pro­mis que son mou­ve­ment sou­tien­drait une can­di­da­ture NFP, même si celle-ci est por­tée par un insou­mis. Quid des socia­listes ? Aman­dine Ger­main a assu­ré qu’elle « ne serait pas une can­di­da­ture dis­si­dente du NFP ».

Le pre­mier secré­taire fédé­ral du PS Damien Per­rard a d’ailleurs insis­té sur ce point. Aman­dine Ger­main est uni­que­ment « can­di­date à l’investiture » : il ne s’agit « pas d’une can­di­da­ture jusqu’au-boutiste ». Phi­lippe Car­din, maire PS de Mey­lan, n’a tou­te­fois pas man­qué de van­ter les atouts de la conseillère dépar­te­men­tale. D’après lui, la vic­toire, dans cette cir­cons­crip­tion, se joue­ra sur­tout à Mey­lan et La Tronche. Des com­munes plus enclines à voter pour une sociale-démo­crate, de sur­croît face à Oli­vier Véran ou Emi­lie Cha­las.

Mal­gré tout, les par­tis pré­sents à la réunion du 30 octobre « se sont tous pro­non­cés en faveur d’une can­di­da­ture unique du NFP, can­di­da­ture qu’ils sou­tien­dront », indiquent les com­mu­nistes, qui « s’en­ga­ge­ront réso­lu­ment dans la cam­pagne pour l’é­lec­tion d’un dépu­té NFP » dans la cir­cons­crip­tion. Mais si Aman­dine Ger­main n’a nul­le­ment l’intention de faire cava­lier seul, elle ne peut en revanche garan­tir l’absence de dis­si­dence à gauche.

La balle est donc en grande par­tie désor­mais dans le camp des direc­tions natio­nales des par­tis du Nou­veau Front popu­laire. Reste à voir si les déci­sions prises à Paris seront bien accep­tées au niveau local. Avec un point d’interrogation concer­nant l’attitude de LFI, qui orga­ni­sait son propre comi­té de cam­pagne, ce jeu­di midi… Avant une ren­contre entre Lyes Louf­fok et les mili­tants pré­vue ce same­di 2 novembre, à Gre­noble.

Législatives
La démis­sion d’Hu­go Pre­vost a tota­le­ment rebat­tu les cartes.

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