Élections sénatoriales en Isère : quel casting pour septembre 2023 ?

Par Travailleur Alpin

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Guillaume Gontard, ici lors d’un rassemblement pour la défense de la ligne SNCF Grenoble-Veynes, conduira avec Frédérique Pénavaire la liste de gauche à l’élection sénatoriale en Isère.

Les élections sénatoriales se tiendront en septembre 2023, avec à la clé cinq sièges en Isère. Les plus de 3000 grands électeurs – conseillers départementaux et régionaux, maires, conseillers municipaux, et pour les plus grosses communes, délégués désignés par les conseils municipaux – auront à arbitrer entre plusieurs listes, à la proportionnelle. On fait le point sur la préparation de ce scrutin.

Et ça s’active déjà dans les états-majors poli­tiques pour pré­pa­rer l’échéance. Entre bruits de cou­loirs et cam­pagnes qui se lancent, le match s’annonce ser­ré pour savoir qui ira sié­ger pen­dant six ans à la haute assem­blée.

La droite, favo­rite du scru­tin

L’union des droites, dont la liste était la seule à rem­por­ter deux sièges en 2017, part favo­rite pour ce scru­tin. Forte des appuis de Jean-Pierre Bar­bier, pré­sident du dépar­te­ment et de Laurent Wau­quiez, pré­sident de la région, elle peut comp­ter sur son assise locale, et ses séna­teurs sor­tants sillonnent le dépar­te­ment pour mener cam­pagne. Si Michel Savin, ancien maire de Domène, a déjà indi­qué qu’il ne bri­gue­rait pas un nou­veau man­dat, la suc­ces­sion semble dési­gnée : c’est a prio­ri Hen­ri Baile qui tire­ra la liste des Répu­bli­cains. Ce proche d’Alain Cari­gnon, conseiller régio­nal et maire de Saint-Ismier, a réus­si à ravir en 2020 la pré­si­dence de la com­mu­nau­té de com­munes du Gré­si­vau­dan, jusqu’alors déte­nue par le PS. Celle qui fut pre­mière vice-pré­si­dente du dépar­te­ment, Fré­dé­rique Puis­sat, devrait for­mer avec lui le tan­dem de tête d’une droite à l’offensive.

Reste à savoir s’ils par­vien­dront à évi­ter la mul­ti­pli­ca­tion des dis­si­dences ter­ri­to­riales, et si le pro­fil « très à droite » d’Henri Baile sau­ra ras­sem­bler lar­ge­ment…

Le par­ti macro­niste à la peine

Didier Ram­baud avait réus­si in extre­mis à décro­cher un siège quelques mois après la pre­mière élec­tion d’Emmanuel Macron ; la par­tie s’annonce plus com­pli­quée ce coup-ci. La coa­li­tion pré­si­den­tielle, mal­gré quelques vic­toires sym­bo­liques aux muni­ci­pales – notam­ment l’élection de Franck Lon­go à Fon­taine, face au maire sor­tant com­mu­niste –, risque fort de pâtir du bilan du pré­sident de la Répu­blique. Entre crise de l’énergie et contrac­tion des dota­tions aux com­munes, les élus locaux ont peu de chance de se por­ter mas­si­ve­ment sur une liste qui défen­drait le bilan d’un gou­ver­ne­ment plus impo­pu­laire que jamais.

Une élec­tion test pour le RN

Après avoir réus­si à faire élire un dépu­té dans le Nord-Isère, le Ras­sem­ble­ment natio­nal aura très cer­tai­ne­ment sa liste aux séna­to­riales. Si le par­ti de Marine Le Pen a peu d’espoir de décro­cher un siège, tant son implan­ta­tion locale est faible, l’élection aura valeur de test sur sa capa­ci­té à atti­rer à lui des élus « sans éti­quette », sur fond de mon­tée en puis­sance média­tique.

Et la France Insou­mise ?

L’Isère est l’un des dépar­te­ments où la France Insou­mise compte une de ses plus fortes implan­ta­tions, quoique res­tant modeste par rap­port à celle des autres forces de gauche. Le mou­ve­ment de Jean-Luc Mélen­chon compte un nombre impor­tant d’élus à Gre­noble, deux conseillers dépar­te­men­taux, et des élus dans plu­sieurs majo­ri­tés de gauche. Pour un scru­tin de ce type, la France insou­mise souffre tou­te­fois de son image média­tique, notam­ment dans les ter­ri­toires ruraux qui forment le gros des bataillons élec­to­raux.

En paral­lèle, son fonc­tion­ne­ment rela­ti­ve­ment ver­ti­cal appa­raît comme un han­di­cap, entraî­nant une forte iner­tie quand il faut attendre les consignes de la direc­tion pari­sienne. Ain­si, le posi­tion­ne­ment de LFI ne devrait pas être connu avant l’été, mais les fré­quents appels du pied à l’unité de la gauche lan­cés par ses diri­geants laissent peu de doute sur l’issue.

Le Par­ti socia­liste en ordre dis­per­sé

André Val­li­ni, pré­sident du dépar­te­ment de 2001 à 2014, a lais­sé un temps entendre qu’il pour­rait concou­rir à sa suc­ces­sion ; il semble avoir depuis jeté l’éponge. Et il laisse un vide pré­ju­di­ciable à la famille sociale-démo­crate, long­temps domi­nante en Isère. 
Ain­si, les mili­tants de la fédé­ra­tion du PS ont-ils dési­gné Erwan Binet comme chef de file, ain­si qu’une série d’autres can­di­dats issus des dif­fé­rents ter­ri­toires du dépar­te­ment. L’ancien dépu­té, rap­por­teur du pro­jet de loi sur le « mariage pour tous », compte bien reprendre le dra­peau du poing et la rose en Isère, fort de son implan­ta­tion sur le sec­teur vien­nois et des réseaux du par­ti encore vivaces.

Pro­blème : plu­sieurs grands élus annoncent déjà mon­ter une liste « dis­si­dente », autour d’un tan­dem entre Jean-Yves Bre­nier (pré­sident de la com­mu­nau­té de com­munes des Bal­cons du Dau­phi­né) et Cora­line Sau­rat (pré­si­dente de la com­mu­nau­té de com­munes de la Mathey­sine), l’attelage étant for­te­ment sou­te­nu par le média­tique pré­sident de la métro­pole gre­no­bloise, Chris­tophe Fer­ra­ri.

Et comme si la situa­tion n’était pas assez com­pli­quée, d’après nos infor­ma­tions, la direc­tion du PS d’Olivier Faure aurait gelé les inves­ti­tures, pro­ba­ble­ment plus encline à pous­ser en faveur d’un ras­sem­ble­ment des forces de gauche sur une liste unique. Un élu recon­nu situé à la gauche du par­ti nous indi­quait, sous cou­vert d’anonymat, « Je ne com­prends pas ce qu’ils font [loca­le­ment – ndlr], ça n’a pas de sens ! Sans union de la gauche, c’est la défaite assu­rée ». Affaire à suivre…

Guillaume Gon­tard et Fré­dé­rique Pena­vaire lancent un appel au ras­sem­ble­ment

Enfin, nous en ren­dions compte ici il y a quelques jours, le séna­teur sor­tant Guillaume Gon­tard et ses sou­tiens ont lan­cé un appel au ras­sem­ble­ment de l’ensemble de la gauche. Aux côtés de Fré­dé­rique Pena­vaire, ancienne élue sur la com­mune de Bour­goin-Jal­lieu que la direc­tion natio­nale du PCF a confir­mée comme cheffe de file isé­roise ce week-end, et d’une dizaine d’élus de sen­si­bi­li­tés éco­lo­gistes, Génération.s, com­mu­nistes et divers-gauche, celui qui avait créé la sur­prise en 2017 entend bien réédi­ter l’exploit plus for­te­ment cette année, pour décro­cher deux, voire trois sièges. D’ores et déjà, nombre d’élus « divers-gauche » s’inscrivent dans la démarche, à l’image de Patrice Fer­rouillat, maire de Cognin-les-Gorges, ou de Jean-Marc Gau­thier, maire de Vaul­na­veys-le-Bas.

Le choix de Fré­dé­rique Pena­vaire par le PCF, en dia­logue avec les membres du comi­té séna­to­rial de Guillaume Gon­tard, n’est pas neutre. En posi­tion­nant une per­son­na­li­té implan­tée dans le Nord-Isère, l’objectif est de construire une démarche qui repré­sente l’ensemble du dépar­te­ment. Par ailleurs, la mobi­li­sa­tion bat son plein dans les ter­ri­toires, à l’image du sec­teur de Rous­sillon où le PCF peut comp­ter sur l’appui de son implan­ta­tion his­to­rique, du Trièves où Guillaume Gon­tard dis­pose d’un réseau consé­quent, ou encore du Gré­si­vau­dan où l’ancienne séna­trice Annie David, che­ville ouvrière du ras­sem­ble­ment, dis­pose d’une noto­rié­té cer­taine.

Les forces coa­li­sées comptent sur l’aspiration à l’unité des pro­gres­sistes, sur le bilan du séna­teur sor­tant et sur la construc­tion d’un pro­jet ancré dans les ter­ri­toires pour l’emporter. Et appellent pour ce faire toute la gauche à se ras­sem­bler sur une liste com­mune.

Si toutes les pièces ne sont pas encore en place, la bataille des élec­tions séna­to­riales est bel et bien lan­cée.

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