Municipales. Nadia Belaïd et Thomas Simon, binôme choisi par le Grenoble Alpes collectif

Par Manuel Pavard

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Plébiscités pour former le binôme tête de liste du GAC, Thomas Simon et Nadia Belaïd, novices des campagnes électorales, apporteront leur expérience militante et professionnelle.
Le Grenoble Alpes collectif (GAC) a désigné son binôme tête de liste pour les municipales 2026. Nadia Belaïd et Thomas Simon, ainsi tous deux candidats à un mandat de co-maire, sont accompagnés pour l'heure de huit colistiers, également choisis grâce au plébiscite et à la parité sociale. Le processus comme leurs profils incarnent, selon le GAC, le renouveau politique porté par cette liste citoyenne et participative, qui se pose en héritière de "l'espoir déçu de 2014".

Nadia Belaïd et Tho­mas Simon. Tho­mas Simon et Nadia Belaïd. Les noms des deux têtes de liste dési­gnées, le week-end des 6 et 7 décembre, par le Gre­noble Alpes col­lec­tif, sont inter­chan­geables et ont voca­tion à le res­ter. Il ne s’a­git pas ici du can­di­dat ou de la can­di­date à la fonc­tion de maire, escor­té de son poten­tiel pre­mier adjoint, mais bien d’un véri­table binôme tête de liste. Un choix qui per­met, selon le GAC, de « rompre avec la per­son­na­li­sa­tion du pou­voir ».

L’i­dée est ain­si, non seule­ment de mener la cam­pagne à deux, en par­ta­geant tota­le­ment la res­pon­sa­bi­li­té, mais aus­si d’ap­pli­quer ce prin­cipe une fois ins­tal­lé dans le fau­teuil de maire… Ou plu­tôt dans les fau­teuils de maire. Com­ment ? « En co-exer­çant le man­dat de maire de Gre­noble (oui, c’est pos­sible !), illus­trant concrè­te­ment qu’une com­mune peut être diri­gée par une intel­li­gence col­lec­tive plu­tôt que par une seule per­sonne », affirme le col­lec­tif dans un com­mu­ni­qué.

La parité sociale au cœur du projet

Le duo a, comme les huit autres can­di­dats choi­sis durant le même week-end, été dési­gné au terme d’un « pro­ces­sus d’in­tel­li­gence col­lec­tive » sym­bo­li­sant par­fai­te­ment l’i­den­ti­té du GAC, qui se défi­nit comme une « liste citoyenne et par­ti­ci­pa­tive ». La démarche est ain­si indis­so­ciable du concept de pari­té. Pari­té de genre bien sûr, et « pari­té sociale », qui figure au cœur de son pro­jet avec le slo­gan « Tout le monde peut faire de la poli­tique ».

Les can­di­dats du GAC (de gauche à droite) : Nico­las Bour­deaud, Edwige Infan­ti, Hakim Sabri (ex-adjoint aux finances de 2014 à 2022), Tho­mas Simon, Nadia Belaïd, Maxence Morand, You­nès Blon­del, Léo­nie Cha­mus­sy et Mélaine Ker­van-Snoz­zi. © Gre­noble Alpes Col­lec­tif

Le cri­tère ? « Pas plus d’un tiers des candidat.es issu.es des caté­go­ries socio-pro­fes­sion­nelles les plus pri­vi­lé­giées ». L’objectif est clair, explique le Gre­noble Alpes col­lec­tif : « renou­ve­ler les élu·es, en per­met­tant à des per­sonnes issues de milieux sociaux variés d’accéder à des res­pon­sa­bi­li­tés publiques trop sou­vent réser­vées à un pro­fil social res­treint ».

Cette pari­té sociale vise à éri­ger une liste « repré­sen­ta­tive de la diver­si­té sociale » du ter­ri­toire gre­no­blois. Tout comme le plé­bis­cite, peut-être la prin­ci­pale marque de fabrique du GAC depuis les débuts de l’a­ven­ture. Les dix can­di­dats actuels (cinq hommes et cinq femmes) fai­saient en effet par­tie d’une liste de trente-quatre per­sonnes éli­gibles, plé­bis­ci­tées sur la pla­te­forme du col­lec­tif à l’is­sue d’un pro­ces­sus de sélec­tion tota­le­ment libre et ouvert, sans can­di­dat-es pré­dé­ter­mi­né-es.

Élection sans candidat

Cette méthode, tran­chant radi­ca­le­ment avec le vote majo­ri­taire clas­sique, a été employée pour débou­cher sur une pre­mière dizaine de noms, le same­di, puis le len­de­main pour le binôme. « L’élection sans candidat.e est un pro­ces­sus, issu de la socio­cra­tie, où per­sonne ne se pré­sente : cha­cun, à son tour, pro­pose un binôme et explique son choix, détaille le GAC. Le binôme qui arrive en tête est ensuite débat­tu puis, si besoin, ajus­té jusqu’à ce que le groupe atteigne un véri­table consen­te­ment indi­vi­duel et col­lec­tif. »

Si Nadia Belaïd et Tho­mas Simon seront quoi­qu’il arrive les deux têtes de liste, leurs huit colis­tiers ne connaissent pas encore leur place sur le liste (en posi­tion éli­gible ou non éli­gible). Le plé­bis­cite reste d’ailleurs en ligne sur la pla­te­forme dédiée, demeu­rant ouvert jus­qu’à la fin jan­vier afin de fina­li­ser la consti­tu­tion de la liste. Pour le Gre­noble Alpes col­lec­tif, qui ambi­tionne de faire de la poli­tique autre­ment et se veut un « labo­ra­toire de la démo­cra­tie directe », l’in­té­rêt de ce sys­tème est aus­si de faire émer­ger des pro­fils variés et par­fois inat­ten­dus.

C’est ain­si le cas de Nadia Belaïd, mère de famille de 58 ans et archi­tecte de pro­fes­sion, qui a rejoint la dyna­mique ini­tiée par le Gre­noble alpes col­lec­tif dans un second temps, via le plé­bis­cite. Un par­cours dif­fé­rent de celui de Tho­mas Simon. Âgé de 35 ans, ce codi­rec­teur d’une coopé­ra­tive spé­cia­li­sée dans la démo­cra­tie directe — après avoir « enchaî­né les petits bou­lots pen­dant dix ans » — a fait ses armes dans les mou­ve­ments sociaux (dont Nuit debout) avant de faire par­tie des cofon­da­teurs du GAC.

Tous deux se situent plu­tôt à gauche poli­ti­que­ment, comme la majo­ri­té des membres du col­lec­tif — qu’ils le reven­diquent ou non — et sont bien sûr assez éloi­gnés des idées d’un Alain Cari­gnon ou Her­vé Ger­bi. Néan­moins, le Gre­noble Alpes col­lec­tif assume une volon­té de « chan­ge­ment radi­cal », fai­sant le constat que « la grande majo­ri­té des citoyen·nes ne se retrouvent pas repré­sen­tés par les par­tis poli­tiques tra­di­tion­nels ».

« Espoir déçu »

Il se pose clai­re­ment en repré­sen­tant, voire en héri­tier, de « cet espoir citoyen déçu de 2014 ». Lequel était por­té à l’é­poque « par une envie de trans­for­ma­tion radi­cale de la manière de faire de la poli­tique et de faire vivre l’institution muni­ci­pale : plus démo­cra­tique, plus par­ti­ci­pa­tive, moins clien­té­liste et patriar­cale ». Mais dix ans après, le col­lec­tif reproche à la majo­ri­té de n’a­voir « pas vrai­ment chan­gé les pra­tiques et le fonc­tion­ne­ment démo­cra­tique de l’institution muni­ci­pale ». Ceci, « sans renier les avan­cées en matière éco­lo­gique, des trans­ports doux, de végé­ta­li­sa­tion des écoles, d’alimentation bio dans la res­tau­ra­tion col­lec­tive, d’une sor­tie du clien­té­lisme dans les quar­tiers », recon­naît-il.

« Les par­tis de gauche ont fait deux choix dif­fé­rents à Gre­noble : La France insou­mise seule, d’un côté, et une alliance de par­tis plus ou moins pro­gres­sistes de l’autre », estime le GAC, jugeant l’en­jeu davan­tage « natio­nal » que local pour ces par­tis de gauche. Quant aux listes de droite et encore plus d’ex­trême droite, leurs pro­po­si­tions sécu­ri­taires et déma­go­giques sont évi­dem­ment à des années lumière de son pro­gramme et de sa phi­lo­so­phie.

Pour repré­sen­ter le « renou­veau » et l’al­ter­na­tive à ce « vieux monde poli­tique », le Gre­noble Alpes col­lec­tif entend main­te­nant pour­suivre la co-construc­tion de son pro­gramme. Un tra­vail déjà bien enga­gé, avec plu­sieurs grandes mesures à décou­vrir sur son site.

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