La fête du TA 2025 de retour à Saint-Égrève : « c’est l’anti-Tomorrowland »
Par Manuel Pavard
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Pour le public, la fête du Travailleur alpin s’ouvre vendredi 27 juin, à 17h, et s’achève le lendemain soir, entre minuit et 1h. Mais pour les bénévoles, le véritable coup d’envoi de cette cuvée 2025 était donné ce lundi 23 juin, avec le début du montage sur le site. Ceux-ci se sont ainsi installés dès 8h dans le parc Marius-Camet où ils prendront leurs quartiers tout au long de la semaine, pour préparer l’événement. Une deuxième édition à Saint-Égrève, dans ce lieu arboré, ombragé et facile d’accès, qui avait été très apprécié en 2024.

Ces bénévoles sont le cœur et le moteur de la fête du TA. Près de 200 personnes impliquées au total, entre les militants et sympathisants participant aux collages ou aux ventes de vignettes, de longs mois en amont, et celles et ceux qui interviennent durant le montage, le démontage et la fête elle-même. Si la fête du TA est aujourd’hui « la moins chère du paysage » — pour ce type de programmation — et prône « l’accessibilité sociale pour le plus grand nombre », c’est d’ailleurs car elle « fonctionne à 90 % avec des bénévoles », souligne Jérémie Giono, secrétaire départemental du PCF Isère.
Entrée à prix libre le samedi matin
Illustration avec les tarifs : l’entrée en prévente est de 20 euros la journée plus un euro de frais de location et de 25 euros les deux jours plus un euro de frais de location. Et sur place, les pass un et deux jours sont respectivement à 25 et 30 euros, l’accès étant par ailleurs gratuit pour les moins de 14 ans. Principale « nouveauté, l’entrée est à prix libre le samedi matin, de 10h à 13h », indique Adrien Guerre, directeur de la fête. « Les familles donneront ce qu’elles veulent. »

Pour le reste, la philosophie globale demeure, elle, inchangée. « La fête du Travailleur alpin est toujours la fête militante et culturelle de notre camp social dans l’agglomération grenobloise », explique Adrien Guerre. Sur le fond comme sur la forme, un genre de « fête de l’Huma à l’échelle locale », référence qu’assument pleinement les organisateurs. Avec un menu mêlant concerts, débats, animations, spectacle vivant, arts de la rue… Sans compter les nombreux échanges informels sur les divers stands présents.
Lofofora et Debout sur le zinc en têtes d’affiche
Côté concerts, la programmation sera davantage axée sur la scène alternative le vendredi et un peu plus grand public et familiale le samedi. Le premier soir mettra ainsi en vedette les vétérans de Lofofora, toujours fidèles au poste depuis les années 90, avec près de 3000 concerts à leur actif. Avant eux, Potentiel limité (rock), lauréat du tremplin « les Pépites musicales » de Savatou, ouvrira le bal, suivi des rappeurs grenoblois d’Opus Crew et du punk explosif de Krav Boca.

Tête d’affiche du samedi, Debout sur le zinc montera sur la scène de Saint-Égrève en pleine création de son nouvel album. Également à l’affiche ce deuxième soir, Seleynora (chansons nomades), Mecanic Skankers (rocksteady) et Desertstreet (rock du désert, fusionnant gnawa, chaâbi, funk, flamenco, blues, rock…).
De l’Italie au football en passant par la gauche et le monde du travail
Avant de se déhancher devant la scène, le public pourra assister chaque jour à des débats aux thématiques variés. Le vendredi, Grégoire Le Qang, historien spécialiste de l’Italie, viendra évoquer la question du fascisme contemporain chez nos voisins transalpins. Le samedi matin, Amandine Demore (PCF), Laurent Amadieu (EELV), Guillaume Lissy (PS), maires respectifs d’Échirolles, Saint-Égrève et Seyssinet-Pariset, échangeront avec d’autres élus des collectivités locales et des communes comme « lieux de résistances et d’actions progressistes ».

Suivra un débat sur la gauche et le monde du travail, avec Laurence Ruffin, présidente de Alma Scop, vice-présidente de la Confédération générale des Scop, Barbara Gomes, conseillère de Paris, porte-parole nationale du PCF, et un‑e représentant‑e du Parti du travail de Belgique (PTB). Après une série d’échanges informels sur l’engagement politique avec Barbara Gomes, ce sont les ultras grenoblois des Red Kaos qui clôtureront l’après-midi en co-organisant un débat sur la financiarisation du football. Autour de la table, Jérémy Bacchi, sénateur PCF de Marseille, vice-président de la commission Sport du Sénat, Max Marty, directeur du GF38, et les journalistes Étienne Moati (grand reporter à L’Équipe) et Jérôme Latta (cofondateur des Cahiers du foot et rédacteur en chef adjoint d’Alternatives économiques).
La fête du TA ne perçoit aucune subvention
Outre les temps forts que sont les débats et concerts, la fête du TA, ce sont aussi tous ces stands accueillant les spectateurs dans leurs déambulations. Ceux des sections communistes bien sûr… Mais pas seulement. « Pour la première année, on accueillera des stands d’autres partis de gauche » — en l’occurrence les Écologistes et Génération.s — se félicite Jérémie Giono. Aux côtés des stands syndicaux (l’UL CGT), culturels et des mutuelles, une place particulière sera dévolue à la solidarité internationale, avec la présence notamment de l’Association France Palestine solidarité (AFPS), de l’Association iséroise des amis des Kurdes (AIAK) ou encore de SOS Méditerranée.

La fête du TA accorde également un réel intérêt à l’aspect environnemental, que ce soit pour le « zéro déchet », la promotion des filières courtes et locales sur les produits proposés, la mise à disposition de toilettes sèches ou la mise en avant des mobilités douces.
Malgré tous les efforts fournis, l’équilibre financier reste néanmoins précaire. « Sans l’implication des militants, ce ne serait pas possible », admet Elisabeth Vernay, gérante de la coopérative le Travailleur alpin, qui évoque les difficultés rencontrées par la grande majorité des festivals. L’augmentation générale des coûts, les professionnels et intervenants à payer (pour les parties techniques)… Tout cela pèse sur les finances, d’autant que la fête ne perçoit « aucune subvention », ajoute-t-elle.
Un regard sur les municipales à Fontaine
« La fête du TA, c’est l’anti-Tomorrowland », assène Jérémie Giono, pointant notamment les énormes subventions attribuées au festival de l’Alpe d’Huez par les collectivités locales — dont la Région Auvergne-Rhône-Alpes. En comparaison de ce mastodonte, la fête du Travailleur alpin vante son ancrage populaire et son dimensionnement à taille humaine. Ce qui n’empêche pas le succès d’être au rendez-vous, avec environ 1500 personnes par soir, l’an passé. « Cette année, on sent déjà l’engouement », pronostique Adrien Guerre.

Une fois le démontage terminé et le lieu rendu, mardi 1er juillet, organisateurs et bénévoles se tourneront dès le mois de septembre sur l’édition 2026, qui aura lieu pour la troisième fois consécutive à Saint-Égrève. Et pour 2027 ? Tout dépendra des élections municipales prévues au printemps prochain. Si le site actuel plaît à tous, l’attachement au parc de la Poya, lieu d’accueil de nombreuses fêtes du TA sous l’ancienne municipalité fontainoise, reste bien vivace. « On regardera attentivement les résultats des municipales à Fontaine », glisse Jérémie Giono.