Arkema Jarrie. La direction s’enfuit par l’issue de secours en plein CSE
Par Martine BRIOT
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À 9 heures, ce jeudi 23 janvier, les gendarmes étaient déjà en faction devant l’usine. Un dispositif préventif, mais néanmoins révélateur de l’ambiance électrique régnant sur la plateforme chimique de Jarrie depuis l’annonce, mardi 21 janvier, d’un « recentrage » de l’activité entraînant la suppression de 154 postes. Deux jours plus tard, la direction d’Arkema France était ainsi attendue de pied ferme, sur le site, par les salariés, auxquels elle devait présenter le plan de sauvegarde de l’emploi (PSE), lors d’une réunion du comité social économique (CSE).
Au sein de la délégation parisienne, plusieurs hauts dirigeants du groupe chimiste : Caroline Bastien, directrice de l’unité eau oxygénée et dérivés, son adjoint Guillaume Wack, Florence Caron, responsable des ressources humaines, et David Royer, directeur industrie. Mais le vent a mal tourné pour cette direction qui pensait naïvement venir raconter l’avenir de l’entreprise sans document de gestion valable.
Un « véritable torchon » remis par Arkema
Initialement, la réunion prévue à Jarrie devait donner lieu à une restitution du CSE 0 s’étant tenu l’avant-veille à Paris. Une rencontre au cours de laquelle Arkema avait proposé une rémunération des salariés licenciés pendant cinq mois… Et rien de plus. Quant aux nombreuses questions posées inlassablement par les représentants syndicaux (CGT, CFDT, CFE-CGC), celles-ci sont restées sans réponse, dans la capitale comme à Jarrie.
Parmi les points de crispation, l’absence de documents fiables a accentué la colère des grévistes, mobilisés depuis le 5 décembre dans la partie sud, avant l’extension du mouvement à l’ensemble de la plateforme, le 13 janvier. Tous qualifient de « véritable torchon » le premier document remis à Paris. Un élément a ensuite mis le feu aux poudres, ce jeudi matin, lorsque « les élus à l’unanimité ont demandé les dossiers techniques sérieux qui justifient l’arrêt de nos activités », relate l’intersyndicale.
« La direction fuit dans le coffre d’un Kangoo »
Faute de réponse, ceux-ci ont décidé de suspendre la séance. Apprenant l’attitude d’Arkema, les salariés patientant devant le bâtiment administratif, devant le CSE, ont investi les locaux. Les dirigeants parisiens sont alors « partis comme des voleurs », s’insurge l’intersyndicale, prenant la fuite par l’issue de secours et par les fenêtres de la salle, « sous les huées des salariés », avant de monter dans un utilitaire. « La direction fuit dans le coffre d’un Kangoo pendant la suspension de séance, sans clôturer le CSE », résument les syndicats.
Pour ces derniers, c’est bien « la preuve qu’il n’existe aucun dossier et qu’Arkema veut fermer sans raisons valables. Le Hénaff, notre PDG, avec l’ensemble du patronat de la chimie et le pouvoir politique en place sont tous complices de cette situation. C’est un scandale politico-financier », dénonce l’intersyndicale.
Stéphane Vigne (CGT), secrétaire du CSE d’Arkema Jarrie, donne maintenant rendez-vous à l’assemblée générale programmée ce vendredi 24 janvier, à 14 heures, sur le piquet de grève de la plateforme chimique, « en présence d’élus ». Les objectifs ? Restituer les informations à tous les salariés, reconduire le mouvement et préparer la prochaine mobilisation d’envergure, en l’occurrence le CSE 1 fixé au mercredi 29 janvier, au siège social d’Arkema, en Île-de-France.