Arkema Jarrie. La direction s’enfuit par l’issue de secours en plein CSE

Par Martine BRIOT

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Des salariés d'Arkema Jarrie sur le piquet de grève, à la veille de la venue de la direction parisienne. © Manuel Pavard
La direction d'Arkema devait présenter ce jeudi 23 janvier, aux salariés du site de Jarrie, le PSE annoncé deux jours plus tôt et prévoyant la suppression de 154 postes. Mais la réunion du CSE a tourné court. Confrontés à la colère des grévistes qui réclamaient les dossiers justifiant l'arrêt des activités, les dirigeants ont pris la fuite précipitamment lors d'une suspension de séance.

À 9 heures, ce jeu­di 23 jan­vier, les gen­darmes étaient déjà en fac­tion devant l’u­sine. Un dis­po­si­tif pré­ven­tif, mais néan­moins révé­la­teur de l’am­biance élec­trique régnant sur la pla­te­forme chi­mique de Jar­rie depuis l’an­nonce, mar­di 21 jan­vier, d’un « recen­trage » de l’ac­ti­vi­té entraî­nant la sup­pres­sion de 154 postes. Deux jours plus tard, la direc­tion d’Ar­ke­ma France était ain­si atten­due de pied ferme, sur le site, par les sala­riés, aux­quels elle devait pré­sen­ter le plan de sau­ve­garde de l’emploi (PSE), lors d’une réunion du comi­té social éco­no­mique (CSE).

Au sein de la délé­ga­tion pari­sienne, plu­sieurs hauts diri­geants du groupe chi­miste : Caro­line Bas­tien, direc­trice de l’u­ni­té eau oxy­gé­née et déri­vés, son adjoint Guillaume Wack, Flo­rence Caron, res­pon­sable des res­sources humaines, et David Royer, direc­teur indus­trie. Mais le vent a mal tour­né pour cette direc­tion qui pen­sait naï­ve­ment venir racon­ter l’avenir de l’entreprise sans docu­ment de ges­tion valable.

Un « véritable torchon » remis par Arkema

Ini­tia­le­ment, la réunion pré­vue à Jar­rie devait don­ner lieu à une res­ti­tu­tion du CSE 0 s’é­tant tenu l’a­vant-veille à Paris. Une ren­contre au cours de laquelle Arke­ma avait pro­po­sé une rému­né­ra­tion des sala­riés licen­ciés pen­dant cinq mois… Et rien de plus. Quant aux nom­breuses ques­tions posées inlas­sa­ble­ment par les repré­sen­tants syn­di­caux (CGT, CFDT, CFE-CGC), celles-ci sont res­tées sans réponse, dans la capi­tale comme à Jar­rie.

Les sala­riés du Sud ont démar­ré un mou­ve­ment de grève depuis le 5 décembre. © Manuel Pavard

Par­mi les points de cris­pa­tion, l’ab­sence de docu­ments fiables a accen­tué la colère des gré­vistes, mobi­li­sés depuis le 5 décembre dans la par­tie sud, avant l’ex­ten­sion du mou­ve­ment à l’en­semble de la pla­te­forme, le 13 jan­vier. Tous qua­li­fient de « véri­table tor­chon » le pre­mier docu­ment remis à Paris. Un élé­ment a ensuite mis le feu aux poudres, ce jeu­di matin, lorsque « les élus à l’u­na­ni­mi­té ont deman­dé les dos­siers tech­niques sérieux qui jus­ti­fient l’ar­rêt de nos acti­vi­tés », relate l’in­ter­syn­di­cale.

« La direction fuit dans le coffre d’un Kangoo »

Faute de réponse, ceux-ci ont déci­dé de sus­pendre la séance. Appre­nant l’at­ti­tude d’Ar­ke­ma, les sala­riés patien­tant devant le bâti­ment admi­nis­tra­tif, devant le CSE, ont inves­ti les locaux. Les diri­geants pari­siens sont alors « par­tis comme des voleurs », s’in­surge l’in­ter­syn­di­cale, pre­nant la fuite par l’is­sue de secours et par les fenêtres de la salle, « sous les huées des sala­riés », avant de mon­ter dans un uti­li­taire. « La direc­tion fuit dans le coffre d’un Kan­goo pen­dant la sus­pen­sion de séance, sans clô­tu­rer le CSE », résument les syn­di­cats.

Pour ces der­niers, c’est bien « la preuve qu’il n’existe aucun dos­sier et qu’Ar­ke­ma veut fer­mer sans rai­sons valables. Le Hénaff, notre PDG, avec l’en­semble du patro­nat de la chi­mie et le pou­voir poli­tique en place sont tous com­plices de cette situa­tion. C’est un scan­dale poli­ti­co-finan­cier », dénonce l’in­ter­syn­di­cale.

Alexandre Fiat, secré­taire du syn­di­cat CGT Arke­ma Jar­rie et tech­ni­cien dans la par­tie sud. © Manuel Pavard

Sté­phane Vigne (CGT), secré­taire du CSE d’Ar­ke­ma Jar­rie, donne main­te­nant ren­dez-vous à l’as­sem­blée géné­rale pro­gram­mée ce ven­dre­di 24 jan­vier, à 14 heures, sur le piquet de grève de la pla­te­forme chi­mique, « en pré­sence d’é­lus ». Les objec­tifs ? Res­ti­tuer les infor­ma­tions à tous les sala­riés, recon­duire le mou­ve­ment et pré­pa­rer la pro­chaine mobi­li­sa­tion d’en­ver­gure, en l’oc­cur­rence le CSE 1 fixé au mer­cre­di 29 jan­vier, au siège social d’Ar­ke­ma, en Île-de-France.

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