MC2 — Grenoble – Les Gros patinent bien. Hilarant et déjanté !
Par Régine Hausermann
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Au centre du plateau, une estrade avec, en son centre, un gros carton. De chaque côté, des cartons d’emballage de toutes tailles. Un grand escogriffe en maillot de bain traverse la scène en attendant le début du spectacle qu’il inscrit sur le carton central : début dans 15 minutes, puis 10, puis 5, puis 2, puis une minute, sans s ! Précision orthographique comique dans ce capharnaüm.
C’est l’heure ! Le baigneur au corps élancé enlève le carton central sous lequel attendait, assis sur un tabouret, son comparse, « le gros ». Et c’est parti pour un voyage improbable depuis les fjords de Norvège vers le Sud, jamais loin de la mer. Voyage immobile pour le gros, vissé à son siège, véritable moulin à paroles, dans un sabir qu’on essaie de comprendre dans un premier temps mais qui ne signifie rien… sauf pour son partenaire qui ne cesse de courir, toujours en maillot de bain, accrochant à l’arrière-plan les étapes du voyage et communiquant par cartons et objets interposés.
Résumons ! Un gros homme chauve et barbu, éructant et immobile, en costume trois pièces, parcourt l’Europe en courant, patinant, nageant, à trottinette, à moto ou sur un baudet, tombe amoureux d’une sirène. En face de lui, son exact contraire, un jeune homme chevelu, mince et infatigable, court à droite à gauche, portant des centaines de cartons sur lesquels sont inscrits des mots ou des morceaux de phrase qui éclairent le décor, l’action, des réflexions, des sentiments… Le grand mince ne se contente pas de porter les cartons, petits et grands, il mime les bestioles ou les personnes nommées, imite leur cri, celui de la mouette, de l’ours ou du vautour. Il enfile la perruque de la sirène dont « le gros » est tombé amoureux.
Hélas ! Tout résumé est impossible tant la mise en scène est foisonnante. Un spectacle d’une grande intensité, d’une grande générosité et d’une grande inventivité.
À voir jusqu’au 21 décembre, tous les soirs à 20h (sauf samedi à 17h).