Jarrie. Les Vencorex chez Framatome, avant la venue de Poutou à Pont-de-Claix
Par Martine BRIOT
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À l’occasion des « portes ouvertes » de l’entreprise Framatome, ce vendredi 15 novembre, l’intersyndicale de Vencorex (CGT, CFDT, CFE-CGC) s’est rendue sur le site, sur la plateforme chimique voisine de Jarrie. Au menu : distribution de tracts et rencontre des salariés.
Malgré l’ouverture au public, l’entrée d’usine est désertique et les visiteurs immédiatement accueillis par un binôme « équipe maîtrise et pilotage » venu aux renseignements. Si Framatome semble continuer ses investissements, les informations divulguées sont très parcellaires. Néanmoins, l’entreprise n’a pas été choisie au hasard pour cette action, loin de là !
Les salariés de Vencorex élargissent leur mouvement à toute la filière
Les salariés de Vencorex, en grève illimitée depuis le 23 octobre à Pont-de-Claix, élargissent en effet leur mouvement à toute la filière chimie, concernée par la production du groupe. De fait, l’ensemble des activités des différents acteurs de l’industrie chimique iséroise sont totalement interdépendantes.
Ainsi, sur la plateforme chimique de Jarrie, Framatome produit du zirconium, utilisé pour le gainage des réacteurs nucléaires, et se fournit pour cela en chlore auprès de sa voisine Arkema. Laquelle produit, elle, le perchlorate indispensable à la fabrication du carburant des fusées Ariane. Perchlorate qui dépend lui-même de l’approvisionnement en sels, produits par Vencorex sur la plateforme de Pont-de-Claix.
Avec des liens aussi étroits, les conséquences se sont donc très vite répercutées sur les deux sites du sud grenoblois. Sans surprise, les salariés de Framatome subissent ainsi, à l’heure actuelle, des périodes de chômage technique.
Du côté de Vencorex, l’inquiétude est toujours aussi grande. La première réunion du PSE a été l’occasion pour les syndicats de faire valoir leurs exigences. Le groupe thaïlandais PTT-GC, actionnaire majoritaire, n’a toujours pas communiqué la prochaine date de réunion !
Un planning de décontamination du site à réaliser d’ici fin mars a par ailleurs été publié . Une échéance impossible à respecter, soulignent les salariés. La possibilité d’une reprise ne leur semble en outre possible que sur une partie de la production, car les investissements nécessaires sont lourds financièrement.
Philippe Poutou sur le piquet de grève
Pourtant, les salariés de Vencorex ne lâchent rien ! L’intersyndicale lance un appel à la solidarité, que ce soit par une visite sur les lieux (entrée nord de la plateforme chimique, rue Lavoisier, sortie d’autoroute n°7) ou par un soutien matériel ou financier. C’est d’ailleurs sur le piquet de grève qu’est attendu Philippe Poutou ce lundi 18 novembre.
Après la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet le 7 novembre, le porte-parole du NPA-l’Anticapitaliste se rendra à son tour devant la plateforme chimique de Pont-de-Claix, pour y rencontrer et soutenir les salariés mobilisés de Vencorex, a annoncé son parti. Philippe Poutou y prendra la parole à deux reprises, d’abord via une allocution devant les grévistes, vers 16h45, puis lors d’une conférence de presse, prévue sur place à 17h.
Des élus isérois de gauche interpellent l’État
Dans un communiqué commun daté du 16 novembre, les députées Cyrielle Chatelain et Marie-Noëlle Battistel, le sénateur Guillaume Gontard, le maire de Pont-de-Claix et président de la Métropole Christophe Ferrari et le maire de Jarrie Raphaël Guerrero appellent l’État à « intervenir rapidement et fermement ». Ils se félicitent de la récente « rencontre avec le cabinet du Premier ministre au sujet de l’avenir des plateformes chimiques de Pont-de-Claix et Jarrie (Isère), piliers de l’industrie chimique française, fortement fragilisée par la procédure de redressement judiciaire de Vencorex ».
Néanmoins, poursuivent les élus, « pour continuer ce travail, nous souhaitons que le Premier ministre intervienne fermement dans le dialogue avec les industriels et invitons le ministre de l’Industrie Marc Ferraci à venir sur place pour présenter aux salariés ses propositions ». L’enjeu est de taille : à travers Vencorex et Arkema, soulignent-ils en effet, « c’est la pérennité de deux des dix-huit plateformes chimiques françaises qui est en question ».