Charvieu-Chavagneux. Les salariés de Logiplast n’ont pas dit leur dernier mot

Par Didier Gosselin

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Les salariés de Logiplast manifestant devant la mairie (fermée) de Charvieu-Chavagneux, le 30 octobre. © Cécile Dhainaut
Les salariés de l'entreprise Logiplast Team Tex, placée en liquidation judiciaire, ont manifesté au départ de leur usine de Charvieu-Chavagneux, ce mercredi 30 octobre. Les 161 personnes licenciées refusent de se contenter d'indemnités au rabais.

Par­tis en mani­fes­ta­tion ce mer­cre­di 30 octobre de leur usine à Char­vieu-Cha­va­gneux, les sala­rié-es de Logi­plast ex-Team Tex demandent des comptes à la suite de la liqui­da­tion judi­ciaire de l’entreprise. Une mobi­li­sa­tion pré­cé­dant le ren­dez-vous de la délé­ga­tion des élus du CSE avec le liqui­da­teur.

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Les mani­fes­tants ont éga­le­ment défi­lé dans les rues de Pont-de-Che­ruy. © Cécile Dhai­naut

À l’ordre du jour du CSE du 30 octobre, la pré­sen­ta­tion du « pro­jet de licen­cie­ment col­lec­tif pour motif éco­no­mique », dans le cadre du Plan de sau­ve­garde de l’emploi (PSE). L’occasion pour les 161 sala­rié-es, qui devraient rece­voir leur lettre de licen­cie­ment cou­rant novembre, d’exprimer leur indi­gna­tion face à cette liqui­da­tion bien orches­trée. Mais aus­si d’interpeller élus et res­pon­sables poli­tiques. Étaient pré­sents de ce fait les mili­tants com­mu­nistes, éco­lo­gistes et insou­mis, qui ont pré­sen­té un com­mu­ni­qué com­mun.

Une liquidation bien orchestrée

Pour Cécile Dhai­naut, de la sec­tion PCF de Pont-de-Ché­ruy, les sala­rié-es ont rai­son de poin­ter la res­pon­sa­bi­li­té de cette liqui­da­tion de Logi­plast, reven­due au groupe alle­mand Mutares en décembre 2023 : « Mal­gré l’implication et le vote des délé­gués du per­son­nel CGT, le CSE ne s’est pas déci­dé à exi­ger un expert-comp­table, qui ferait toute la lumière sur la réa­li­té de l’actif finan­cier de Logi­plast-Mutares et sur les primes de départ des direc­teurs, licen­ciés par Mutares. Il faut pour­tant l’exiger. En outre, quel mon­tant d’aide d’Etat Team Tex Nania a‑t-il per­çu pour Logi­plast ? Pour quel usage ? », s’interroge-t-elle.

Dans leur com­mu­ni­qué local, les com­mu­nistes, éco­lo­gistes et insou­mis inter­pellent d’ailleurs les élus de la Région sur ce point, de concert avec les sala­riés. Le tout en por­tant l’exigence d’une enquête finan­cière et d’une réelle trans­pa­rence, voire en deman­dant le rem­bour­se­ment des sommes si leur usage a été dévoyé.

Le bien-vivre et le bien-vieillir

Aujourd’hui, les sala­riés se battent pour obte­nir davan­tage que des primes de licen­cie­ment plan­cher. Rien ne leur a été pro­po­sé, pas même de for­ma­tion-reclas­se­ment. Tous estiment pour­tant avoir tra­vaillé dur pour Logi­plast.

Mes­saou­da Hama­ma, délé­guée syn­di­cale CGT, avec 26 ans d’entreprise au comp­teur, témoigne ain­si pour ses col­lègues. Elle raconte les dou­leurs et troubles mus­cu­lo-sque­let­tiques pour les gestes répé­tés. Le fait de venir tra­vailler avec des anti-dou­leurs, sans se per­mettre un jour d’arrêt, pour ne pas perdre une seule jour­née de tra­vail, « pour ne pas pri­ver nos enfants, nos familles ».

Avec cette poli­tique de très bas salaires, à ce jour, il y a 34 per­sonnes en acci­dent du tra­vail, dont 26 vont être opé­rées — de l’épaule, des coudes, des genoux ou des ten­dons, usés à tra­vailler pour Nania Team Tex… « À ce jour, sur 161 embau­chés, 43 per­sonnes souffrent de troubles-mus­cu­lo-sque­let­tiques, ten­di­nites chro­niques », pré­cise le com­mu­ni­qué com­mun.

« On peut se deman­der quelles condi­tions de tra­vail les res­pon­sables d’entreprise ont impo­sées durant trente ans », dénonce Cécile Dhai­naut. Selon la mili­tante PCF, « la colère contre Mutares ne doit pas faire écran à cette réa­li­té : de quelle pro­tec­tion de san­té ces sala­riés ont-ils béné­fi­cié pour être ain­si usés avant l’âge ? Pour être lais­sés sans solu­tion ? Dans le contexte où la péni­bi­li­té n’est plus prise en compte dans la nou­velle loi retraite, l’injustice faite aux sala­rié-es est hon­teuse et indigne. Rien ne rem­place l’implication des sala­rié-es pour faire res­pec­ter des condi­tions de tra­vail durables pour leur propre san­té. »

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Des pan­cartes en alle­mand pour inter­pel­ler le groupe Mutares. © Cécile Dhai­naut

Les lois actuelles n’ont visi­ble­ment pas per­mis de garan­tir le bien-vivre et le bien-vieillir des ouvriers et des ouvrières. D’anciens sala­riés de Logi­plast pré­sents à la mani­fes­ta­tion en témoignent en parole et dans leur chair.

Com­mu­nistes, éco­lo­gistes et insou­mis exigent donc « de la Sécu­ri­té sociale et de la méde­cine du tra­vail un grand audit et une enquête médi­cale pour les sala­riés Team Tex. La Sécu­ri­té sociale n’a pas à payer à la place des employeurs exploi­teurs d’un autre temps qui ont abî­mé pré­ma­tu­ré­ment les corps des sala­rié-es. Les sala­rié-es ont le droit une vie digne », assènent-ils. Après leur mani­fes­ta­tion du 30 octobre, les sala­riés sou­haitent d’ailleurs faire recon­naître leurs patho­lo­gies comme mala­die pro­fes­sion­nelle.

De nouveaux droits pour poursuivre la production

« Nous reven­di­quons de nou­veaux droits pour les sala­rié-es, afin qu’ils et elles décident et par­ti­cipent à la stra­té­gie de leur entre­prise, sur­tout lorsqu’il est ques­tion de la sur­vie de l’entreprise et de leurs emplois, comme c’est le cas à Logi­plast-Team Tex », indiquent les auteurs du com­mu­ni­qué.« Les sala­rié-es doivent être en capa­ci­té de pour­suivre l’activité, par le biais d’une aide et for­ma­tion à la créa­tion de SCIC, coopé­ra­tive col­lec­ti­ve­ment et démo­cra­ti­que­ment vali­dée, lorsque la pro­duc­tion leur semble légi­time », ajoutent-ils.

Et de pour­suivre : « Mutares a reven­du les machines pen­dant les congés d’été des sala­rié-es pour envi­sa­ger l’avenir, et trans­mettre l’entreprise à un éven­tuel repre­neur, lors du redres­se­ment judi­ciaire. Le blo­cage de l’outil de pro­duc­tion et des machines jusqu’à la liqui­da­tion doit deve­nir la règle. Le main­tien d’un tis­su indus­triel vivace contri­bue à l’économie régio­nale et natio­nale. » Les mili­tant-es ont inter­pel­lé les cinq dépu­tés NFP de l’Isère en ce sens.Pour les com­mu­nistes, éco­lo­gistes et insou­mis, « il y a un ave­nir des sala­rié-es après Logi­plast. En cas de licen­cie­ment, la règle de for­ma­tion-reclas­se­ment doit être obli­ga­toire, l’entreprise étant res­pon­sable de la pro­mo­tion de la for­ma­tion tout au long de la vie. Aucune excep­tion pour les Logi­plast ! » Et ceux-ci de pré­co­ni­ser « la créa­tion d’une Sécu­ri­té d’emploi et de for­ma­tion », en insis­tant sur le fait que « chaque reprise d’emploi garan­tit le sys­tème social pour tous et toutes : mala­die, retraite, mater­ni­té, inva­li­di­té ».

Conclu­sion : « Les mili­tants et mili­tantes com­mu­nistes, éco­lo­gistes et insou­mis sont por­teurs de pro­po­si­tions qui arti­culent tra­vail, vie en bonne san­té, loi­sirs, éco­no­mie et réin­dus­tria­li­sa­tion. Nous pou­vons inves­tir et pro­duire fran­çais dans la filière auto­mo­bile, et pro­duire ici des sièges auto bébé de qua­li­té. »

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Ban­de­role dénon­çant Mutares lors du ras­sem­ble­ment orga­ni­sé en marge de la déci­sion du tri­bu­nal, le 23 octobre.

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