Isère. Les salariés agricoles en première ligne de l’exploitation

Par Luc Renaud

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Le 27 avril 2023, le syndicat CGT des gardiens de troupeaux manifestait devant le siège de la chambre d’agriculture pour obtenir l’ouverture de négociations avec les employeurs agricoles.

Les salariés agricoles, comme les petits paysans, sont parmi les premiers à être frappés par l’indigence de leurs revenus. Ce qui n’est pas le cas des des grandes entreprises agricoles et des multinationales de l’agroalimentaire.

Le syn­di­cat CGT des gar­diens de trou­peaux de l’Isère et la Fédé­ra­tion natio­nale agroa­li­men­taire et fores­tière CGT (FNAF-CGT) par­tagent une pré­oc­cu­pa­tion : faire entendre la voix des sala­riés agri­coles dans la crise que tra­verse le pays. Car la FNAF le sou­ligne : « Au bas mot, 40 % de la valeur de la pro­duc­tion agri­cole est réa­li­sée par un pro­lé­ta­riat pré­caire et smi­car­di­sé, pour­cen­tage en constante aug­men­ta­tion du fait notam­ment des modi­fi­ca­tions struc­tu­relles de l’agriculture natio­nale ». « Nous nous bat­tons pour que le Code du tra­vail s’applique dans le milieu agri­cole. Salaires de misères, heures non rému­né­rées, loge­ments insa­lubres, dis­cri­mi­na­tions racistes et sexistes, acci­dents et morts au tra­vail sont mon­naie cou­rante en agri­cul­ture », confirme le syn­di­cat des gar­diens de trou­peaux.

Moins de contrôles, c’est aus­si la sur­ex­ploi­ta­tion des sala­riés et de la nature

L’origine des dif­fi­cul­tés ? Des lois, comme la loi Ega­lim, qui « ne visent qu’au par­tage des marges béné­fi­ciaires au détri­ment des sala­riés, des petits et moyens pay­sans et des consom­ma­teurs », écrit la FNAF. Et « ce phé­no­mène se conjugue à une socia­li­sa­tion tou­jours plus accen­tuée de l’agriculture, notam­ment au tra­vers de la Poli­tique agri­cole com­mune. Cette socia­li­sa­tion ne pro­fite qu’à une couche res­treinte des agri­cul­teurs et de quelques grands groupes capi­ta­listes. La popu­la­tion n’en voit pas la cou­leur. » Sans oublier que « moins de contrôles et de normes envi­ron­ne­men­tales et sociales signi­fie à la fois une exploi­ta­tion plus grande et des sala­riés et de la nature ».

Concen­tra­tion au détri­ment des petits pay­sans

Le syn­di­cat des gar­diens de trou­peaux ajoute que les prin­ci­paux syn­di­cats agri­coles que sont la FNSEA, les Jeunes agri­cul­teurs et la Confé­dé­ra­tion rurale sont aus­si des syn­di­cats d’employeurs de sala­riés agri­coles, des orga­ni­sa­tions « par­ti­sanes d’un sys­tème capi­ta­liste à bout de souffle, qui orga­nisent la concen­tra­tion des exploi­ta­tions agri­coles au détri­ment des petits pay­sans. Le trio FNSEA-JA-CR est aux ordres des mul­ti­na­tio­nales de l’agro-business, comme en témoigne l’impressionnant CV du pré­sident de la FNSEA, Arnaud Rous­seau ».

La FNAF appelle à sor­tir l’agriculture « de l’assujettissement aux lois du mar­ché » et à construire « des conver­gences avec les forces pro­gres­sistes et popu­laires, y com­pris agri­coles et éco­lo­gistes » avec « l’objectif de coopé­ra­tions au niveau natio­nal et inter­na­tio­nal ».

Le syn­di­cat des gar­diens de trou­peaux estime que « nous pou­vons choi­sir la pla­ni­fi­ca­tion démo­cra­tique de la pro­duc­tion ali­men­taire, la construc­tion de struc­tures col­lec­tives, une socia­li­sa­tion de l’agriculture ouvrant la voie à la satis­fac­tion des besoins ali­men­taires et non à l’enrichissement d’une poi­gnée d’agro-businessmen ».

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