MC2-Grenoble – Lovetrain 2020. Une chorégraphie éblouissante signée Emanuel Gat

Par Régine Hausermann

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© Julia Gat, fille du chorégraphe

Vendredi 12 mai 2023 – Le programme annonçait une « comédie musicale contemporaine » sur des tubes de Tears for fears. Le public a reçu un choc esthétique devant tant de beauté plastique. Treize danseur·ses éblouissant·es, en costumes chatoyants, pour un train d’amour qu’on voudrait ne plus quitter. Magique !

Des grappes de dan­seurs et dan­seuses qui font et se défont

Cinq femmes, huit hommes entrent sur scène par des ouver­tures étroites pra­ti­quées dans le mur de fond de scène. On les avait vu pas­ser der­rière ces fentes ver­ti­cales, sil­houettes estom­pées par des volutes de fumée. Se fai­sant dési­rer. Enfin ils et elles entrent sur le pla­teau, seul·es ou par groupes de deux, trois… Leurs cos­tumes aux larges plis éblouissent.  

Pas de symé­trie dans cette danse-là mais des figures évo­lu­tives. Au début, peu de contact entre les danseur·ses puis, au cours du train d’amour, les contacts s’esquissent et s’intensifient, entre hommes et femmes, entre femmes, entre hommes.

Tho­mas Brad­ley — dan­seur et concep­teur des cos­tumes — nous donne des pistes sur la méthode de tra­vail qui conduit à tant de fan­tai­sie. « Nous tra­vaillons direc­te­ment avec Ema­nuel. Il n’y pas d’intermédiaire. Notre grande force, c’est d’être sou­dé. Après nous avoir don­né quelques recom­man­da­tions, il nous laisse nous expri­mer. C’est un vrai tra­vail de pla­teau et d’improvisation. C’est très rafraî­chis­sant ce sen­ti­ment d’autonomie. De son regard de chef d’orchestre, il revient vers nous pour cise­ler l’ensemble, lui don­ner une cohé­rence. Le pro­ces­sus créa­tif est pour Ema­nuel de l’ordre de la dua­li­té, entre obses­sion et réflexion. Je trouve cela fas­ci­nant. » 

EMANUEL

© Julia Gat

Métis­sage pic­tu­ral et cho­ré­gra­phique, entre pop et baroque

Les réfé­rences pic­tu­rales viennent de l’Orient et de l’Occident. Cer­tains tableaux, cer­tains gestes, rap­pellent des bas-reliefs de temples indiens ou cam­bod­giens quand cer­tains dra­pés nous ramènent à la pein­ture baroque

Tho­mas Brad­ley les a conçus « comme une ode à l’élégance, au volume et à la forme ». Les cou­leurs sont écla­tantes, évoquent les soies asia­tiques, jaunes, vio­lettes, bleues, vieux-rose… Les étoffes, épaisses mais fluides, ampli­fient les dépla­ce­ments, leur donnent de la majes­té.

Aux tubes pop suc­cèdent des plages de silence. Aux ombres, des lumières ver­ti­cales ou laté­rales, sou­vent nim­bées du sfu­ma­to créé par les fumi­gènes. La sur­prise est constante.

Ema­nuel Gat, cho­ré­graphe et créa­teur des lumières

emanuel-gat.-photo-by-wendyd_2231

© Wen­dyd

Le cho­ré­graphe israé­lien est né en 1969. Il découvre la danse à l’âge de 23 ans et com­mence à tra­vailler comme cho­ré­graphe indé­pen­dant dès 1994. Pen­dant dix ans, il déve­loppe son esthé­tique et fonde sa com­pa­gnie — Ema­nuel Gat Dance — à tel Aviv en 2004. Ses pre­mières pièces créa­tions sont remar­quées à l’étranger. « Win­ter Voyage » sur la musique de Franz Schu­bert. « Le Sacre du prin­temps », dis­tin­gué par le Bes­sy Award de la meilleure cho­ré­gra­phie.

En 2007, il décide de s’ins­tal­ler en France, à la Mai­son inter­com­mu­nale de la danse à Istres. Sa répu­ta­tion inter­na­tio­nale est éta­blie et son style unique connaît un grand suc­cès cri­tique.

En 2013, Ema­nuel Gat est nom­mé artiste asso­cié au Fes­ti­val Mont­pel­lier-Danse.

En 2018, il est nom­mé artiste asso­cié à Chaillot — Théâtre natio­nal de la Danse à Paris ; il pré­sente « Sto­ry Water » — avec le pres­ti­gieux Ensemble Modern de Franc­fort — pour la Cour d’Hon­neur du Palais des Papes au Fes­ti­val d’A­vi­gnon.

Paral­lè­le­ment à son tra­vail cho­ré­gra­phique, Gat conçoit les lumières pour toutes ses œuvres, par­tie inté­grante de son style.

Jeu­di soir, il accom­pa­gnait sa troupe et il est venu, en veste rouge, saluer le public heu­reux, enthou­siaste. Mer­ci l’artiste !

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