Deux cents salariés travaillent dans une usine essentielle à la transition énergétique en France.

La décision européenne de constituer un grand consortium du solaire s’accompagne de la volonté d’écarter EDF de ce futur marché. Des investissements colossaux sont annoncés… sans que l’avenir de Photowatt, pour laquelle EDF a investi des centaines de millions d’euros, soit assuré.

L’entreprise berjallienne se trouve une nouvelle fois à la croisée des chemins. EDF veut se séparer de Photowatt et plusieurs projets seraient à l’étude pour vendre cette entreprise au plus offrant. A l’heure de la transition énergétique où les besoins vont se faire énormes et alors qu’on s’oriente vers une obligation de fabrication européenne dans le solaire à hauteur de 75%, la vente de Photowatt par EDF est un non-sens industriel et économique absolu.

Après avoir investi 360 millions d’euros depuis 10 ans dans la recherche et pour maintenir l’entreprise à flots sans pour autant se battre pour (re)conquérir les marchés locaux, nationaux ou européens, EDF s’apprête donc à en faire bénéficier un groupe ou un fonds d’investissement privé. Pire, EDF concurrence sa propre entreprise Photowatt en faisant venir de Chine les milliers de panneaux photovoltaïques qui vont équiper le parc solaire de l’ex-Superphénix de Creys-Malville. Voilà qui s’apparente à un véritable et scandaleux sabordage ! Sans compter les promesses de commandes non tenues par tous ceux, élus locaux notamment, qui s’étaient engagés à se fournir chez Photowatt…

Selon Sabir Ramic, délégué CGT, la décision de céder Photowatt est à mettre en lien avec les dernières décisions européennes (plan REPowerUE) visant au développement d’un véritable marché européen du solaire, que la Commission européenne justifie par la nécessaire réduction de la dépendance énergétique avec la Russie et la volonté de limiter les échanges solaires avec la Chine suite aux tensions politiques avec ce pays.

Pour l’instant, rien n’a filtré sur les contours de ce futur consortium intégrant Photowatt – au sein duquel EDF ne serait pas partie prenante –, si ce n’est la possible présence d’un groupe lié à l’immobilier… Effectivement, précise Sabir Ramic, la proposition de la Commission européenne de rendre obligatoire l’énergie solaire sur les toits de tous les nouveaux bâtiments d’ici 2025 va dans le sens de cette information à confirmer.

225 milliards d’euros disponibles

Ce qui est clair, c’est que l’Europe a décidé de mettre le paquet en annonçant des investissements supplémentaires de 210 milliards d’ici 2027 « qui devront être réalisés par les secteurs privé et public, au niveau national, transfrontières et de l’Union européenne ». D’ores et déjà, 225 milliards d’euros sont disponibles « sous la forme de prêts au titre de la facilité pour la reprise et la résilience ». La Commission a adopté le 18 mai 2022 une législation et des orientations à l’intention des Etats membres sur la manière modifier et de compléter leurs plans nationaux, notamment sur les procédures d’octroi de permis, les accords d’achat d’électricité, les performances énergétiques des bâtiments, les financements etc. Et ce afin d’accélérer la transition écologique dans le cadre du marché européen et compte-tenu de la crise actuelle du marché mondial de l’énergie.

Plus que jamais, l’heure est donc à la mobilisation sociale et politique. Non pour exiger des énièmes promesses ou engagements mais pour créer, par la lutte collective, de nouvelles institutions mettant en cause les fondements du mêmes du capitalisme qui structurent également la construction européenne et sa concurrence libre et non faussée : monopole patronal et technocratique de l’utilisation de l’argent dans les entreprises, qu’elles soient publiques ou privées, et l’utilisation de l’emploi comme un solde, un résultat aléatoire s’ajustant à toutes les autres contraintes, notamment celle du taux maximal de profit… !

Une planification nouvelle, décentralisée et démocratique

Il nous faut agir pour mettre en place des conférences régionales et nationales pour l’emploi, la formation et la transformation écologique et sociale : nouvelles institutions jumelées avec des fonds régionaux, nationaux, européens.

Ces conférences définiraient des objectifs chiffrés, de production, d’emploi et de formation. Ainsi que des objectifs d’investissement et de mise à disposition de ressources (fonds publics et crédit bancaire) en lien avec les institutions publiques et la création monétaire. Elles joueraient un rôle de planification nouvelle, décentralisée et démocratique. Articulées aux enjeux européens et internationaux, elles pourraient être à la fois un moyen d’appropriation par les travailleurs et les citoyens des enjeux à affronter et des réponses à y apporter aux échelles locale, nationale, internationale.

A Photowatt comme ailleurs, c’est l’intelligence collective au service du bien commun qui permettra de trouver les bonnes solutions pour construire ensemble la nécessaire transformation sociale et écologique. Force de propositions, les communistes y prendront toute leur part !

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