Saint-Martin-d’Hères. Hommage à Madeleine Riffaud
Par Max Blanchard
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Résistante, poète et journaliste française, Madeleine Riffaud (1924–2024) a également été l’une des premières correspondantes de guerre françaises et l’une des premières militantes anticolonialistes.

Une femme d’action
Engagée dès l’âge de 18 ans dans un groupe de Francs-tireurs et partisans (FTP), arrêtée après avoir abattu un soldat allemand, elle est torturée pendant plusieurs semaines sans parler. Elle se choisit pour la clandestinité le pseudonyme de « Rainer » en hommage au poète Rainer Maria Rilke : « Je n’ai jamais détesté les Allemands, seulement les nazis », expliquait-elle. Elle échappe à la déportation et combat pour la Libération de Paris à la tête d’un détachement d’hommes.

Ses recueils de poèmes, écrits durant la guerre, sont publiés par Paul Éluard dès 1945. Journaliste en reportage chez l’habitant pendant les grèves des mineurs de 1947–1948, Madeleine Riffaud part ensuite dès 1952 en Algérie française, avant de vivre un an en Indochine, puis de couvrir les guerres d’Algérie et du Viêt Nam, comme « envoyée spéciale » de l’Humanité.
Elle échappe en 1962 à un attentat de l’OAS la visant mais en gardera des séquelles jusqu’à la fin de sa vie.
Son livre-témoignage, Les linges de la nuit, écrit après avoir travaillé plusieurs mois incognito comme agent hospitalier dans plusieurs hôpitaux parisiens, issu de son reportage pour le quotidien communiste, connaît un grand succès en 1974.
Hommage et respect
C’est cette vie pleine de péripéties, de courage et de chaleur humaine qu’ont su retracer avec délicatesse, à travers poèmes et témoignages, sept élèves du collège local Henri-Wallon, membres du club « Histoire et mémoire », dans une présentation liminaire à l’inauguration officielle.

David Queiros, maire de Saint-Martin-d’Hères, attestant de la volonté municipale de la reconnaissance de la place des femmes dans l’histoire, prenant appui sur le cheminement de Madeleine Riffaud, a souhaité insister pour sa part sur l’actualité de l’action pour la paix, avec une pensée douloureuse « pour tous les peuples aujourd’hui victimes de violences guerrières ».

Rappelant la formule de Madeleine Riffaud — « L’humiliation fait de vous un résistant ! » -, l’édile communiste montra que se battre pour la dignité humaine était bien le message de ce moment partagé.
