Cyrielle Chatelain dépose une proposition de loi pour la nationalisation de Vencorex
Par Manuel Pavard
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François Bayrou a promis aux élus isérois, reçus à Matignon le 4 février, d’apporter des réponses « sous quinze jours » dans le dossier Vencorex. Membre de la délégation, Cyrielle Chatelain n’a toutefois pas attendu le retour du Premier ministre pour porter dans l’arène parlementaire la revendication défendue de longue date par les syndicats de la plateforme chimique de Pont-de-Claix (CGT, CFDT, CFE-CGC) comme par l’ensemble des partis de gauche. La députée de la deuxième circonscription de l’Isère a ainsi déposé ce lundi 10 février, à l’Assemblée nationale, une proposition de loi visant la nationalisation temporaire de Vencorex.

Signée par 99 député·es issu·es de divers groupes parlementaires, la proposition de loi permettrait déjà de sauver les plus de 400 emplois directs menacés — le seul candidat déclaré, BorsodChem, filiale du groupe chinois Wanhua, ne reprenant que 54 salariés sur 460. Et même davantage si l’on prend en compte les quelque 5 000 emplois directs et indirects concernés. L’enjeu est en effet de taille, la nationalisation temporaire constituant, selon la présidente du groupe Écologiste et social à l’Assemblée, « la piste la plus solide de sauvegarde des activités de Vencorex et deux plateformes chimiques du bassin grenoblois ».
« La seule solution » pour garantir le maintien de l’activité
D’après Cyrielle Chatelain, il s’agit même de « la seule solution » apportant les garanties indispensables. À savoir « la sortie de la saumure de la mine de Hauterives, à destination des électrolyses de Pont-de-Claix et de Jarrie ; le fonctionnement des électrolyses de Pont-de-Claix et Jarrie et donc le maintien de la production de chlore liquide ; la vente de soude, qui permet de contribuer à l’équilibre financier ; la restructuration de la plateforme de Pont-de-Claix afin d’en réduire les coûts d’exploitation ; l’accueil de nouvelles entreprises sur les plateformes chimiques ».

La députée de l’Isère évoque, dans l’exposé des motifs, « des impacts en cascade en matière de souveraineté, d’emploi et d’environnement ». Et l’élue NFP de citer les conséquences de la rupture d’approvisionnement en sel pour Arkema Jarrie, dont le chlore et le perchlorate alimentent ensuite ArianeGroup, pour fabriquer le carburant des fusées Ariane et des missiles stratégiques M51. Sans oublier Framatome, qui a besoin du chlore produit à Jarrie pour ses éponges de zirconium, utilisées dans les réacteurs nucléaires civils.
Certes, la nationalisation représente « un coût pour les finances publiques », reconnaît Cyrielle Chatelain. Estimé par le cabinet AlixPartners entre 250 et 300 millions d’euros, celui-ci serait cependant « moindre que le coût de dépollution du site, additionné à celui des impacts du démembrement du groupe sur la filière chimique française ». Une somme totale évaluée, elle, à près de 5 milliards d’euros.
« Une plateforme chimique qui ferme est une plateforme que ne rouvrira pas, ni ne sera installée ailleurs. »
Cyrielle Chatelain, députée NFP de l’Isère
Alors que la période d’observation prend fin le 6 mars prochain, le temps presse pour Vencorex. Nationaliser temporairement octroierait à l’entreprise « un délai indispensable à l’élaboration d’un projet de reprise solide avec les acteurs économiques intéressés pour réinvestir la plateforme chimique », explique la députée écologiste dans un communiqué daté du lundi 10 février.

Or, poursuit-elle, « il est indispensable de garantir le maintien de l’activité car une plateforme chimique qui ferme est une plateforme que ne rouvrira pas, ni ne sera installée ailleurs ». Sauver Vencorex, via la nationalisation, constitue ainsi, conclut Cyrielle Chatelain, « une urgence vitale pour répondre aux besoins de souveraineté industrielle, de sauvegarde de l’emploi et préservation des compétences sur le bassin de la chimie de Jarrie et de Pont-de-Claix ».