Grenoble. Le local de travail des livreurs, ce n’est plus seulement la rue

Par Luc Renaud

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Mohamed Fofana, secrétaire du syndicat CGT des livreurs.
Les livreurs à vélo disposent d’un local, mis à leur disposition par la ville de Grenoble. De quoi s’abriter entre deux courses, pendant des temps d’attente qui ne sont pas payés par leurs employeurs réels, les plateformes comme Uber ou Deliveroo.

Les sou­rires étaient de rigueur, rue Saint-Fran­çois ce same­di, à deux pas de la place Gre­nette. Des sou­rires pour un abou­tis­se­ment heu­reux : les livreurs à vélo dis­posent désor­mais d’un local fer­mé, mis à leur dis­po­si­tion par la ville de Gre­noble.

Et ce n’est pas du luxe. Moha­med Fofa­na, qui inter­ve­nait au nom du syn­di­cat CGT des livreurs et de l’Association pour les droits et l’accompagnement des livreurs indé­pen­dants (ADALI), le rap­pe­lait : « Qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il neige ou que ce soit la cani­cule… : par tous les temps nous atten­dons les com­mandes dans la rue ». Par­fois sous un abri­bus ou l’auvent d’un com­merce, avec les ten­sions que cela sus­cite par­fois.

Alain Lavy, res­pon­sable de l’u­nion locale CGT, a pré­sen­té un dia­po­ra­ma qui retrace les luttes de livreurs à vélo.

Certes, les reven­di­ca­tions demeurent : les pla­te­formes (Uber, Deli­ve­roo…) contraignent les livreurs au sta­tut d’autoentrepreneur, en igno­rant ain­si « toutes les obli­ga­tions d’un employeur clas­sique. Nous devons finan­cer nous mêmes nos outils de tra­vail, vélo, télé­phone, équi­pe­ments… » Avec des reve­nus uni­que­ment liés au temps pas­sé sur le vélo : « Nous sommes payés à la course, et non sur notre temps de tra­vail réel qui com­prend de nom­breux temps d’attente, pen­dant lequel nous res­tons à la dis­po­si­tion des pla­te­formes, sans être payés », sou­li­gnait Moha­med Fofa­na.

Steeve Flux­man, secré­taire du syn­di­cat CGT des sans-papiers, invi­tait à par­ti­ci­per au ras­sem­ble­ment du 4 décembre, devant la pré­fec­ture.

Mais si la recon­nais­sance de la réa­li­té du sta­tut d’employeur des pla­te­forme reste à conqué­rir, l’heure était à la satis­fac­tion, ce same­di soir. Les pre­miers contacts avec la ville de Gre­noble remontent à 2021, à l’initiative de l’union locale CGT. Une solu­tion tran­si­toire avait été trou­vée, à la mai­son des habi­tants du Vieux temple. Après tra­vaux de remise en état, les livreurs dis­posent désor­mais d’un local bien à eux, chauf­fé l’hiver et per­met­tant de se mettre à l’ombre l’été. Lau­ra Pfsi­ter, adjointe au maire de Gre­noble, et les res­pon­sables de la MDH du Vieux Temple en ont été dûment remer­ciés.

Livreurs, syn­di­ca­listes, repré­sen­tants de la ville et de la MDH du Vieux-Temple, ce 30 novrembre, il était dif­fi­cile de trou­ver place pour tout le monde.

Une soi­rée qui marque un suc­cès des livreurs et de leur syn­di­cat pour l’amélioration de leurs condi­tions de tra­vail.

Avec un rap­pel : « le com­bat des livreurs contre la pré­ca­ri­té concerne tous les sala­riés, insis­tait Alain Lavy, mili­tant de l’union locale CGT, ce contre quoi ils luttent, c’est ce que vou­drait impo­ser le patro­nat à tous les sala­riés et gri­gno­tant les droits acquis l’un après l’autre ».

La préfecture bloque les titres de séjour

Le syn­di­cat CGT des tra­vailleurs sans-papiers de l’Isère et le Col­lec­tif d’associations afri­caines et étu­diante de l’Isère appellent à un ras­sem­ble­ment mer­cre­di 4 décembre à 11h15, devant la pré­fec­ture, place de Ver­dun.

Les deux orga­ni­sa­tions pro­testent contre le blo­cage de la pré­fec­ture. Il devient en effet impos­sible d’obtenir le simple renou­vel­le­ment d’un titre de séjour, ou encore de dépo­ser une demande. « La pré­fec­ture devient inac­ces­sible et il est impos­sible d’obtenir des ren­dez-vous », rele­vait ain­si Steeve Flux­man, res­pon­sable du syn­di­cat CGT des sans-papiers, pré­sent lors de l’inauguration du local des livreurs. « Les consé­quences de ces blo­cages sont grave : perte de tra­vail et d’aides sociales, perte d’alternance, impos­si­bi­li­té de pour­suivre des études pour les étu­diants… »

Une réa­li­té et une injus­tice que syn­di­ca­listes et étu­diants feront entendre sous les fenêtres de la nou­velle pré­fette ce mer­cre­di 4 décembre.

L’un des res­pon­sables du col­lec­tif étu­diant qui appelle à mani­fes­ter le 4 décembre.
Moha­med Fofa­na.
La soi­rée inau­gu­rale s’est ache­vée par un repas pré­pa­ré par les livreurs.

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