Grenoble. Un homme condamné pour menaces de mort et injures antisémites

Par Edouard Schoene

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Le prévenu a comparu devant le tribunal correctionnel de Grenoble vendredi 22 novembre.
Un homme de 44 ans a été condamné ce vendredi 22 novembre, par le tribunal correctionnel de Grenoble, à quatre mois de prison avec sursis, pour menaces de mort et injures antisémites. Des propos qui avaient visé un passager du tram, le 7 octobre, à Seyssinet-Pariset.

Il avait d’abord été présenté, le 11 octobre dernier, au tribunal correctionnel de Grenoble, dans le cadre d’une procédure de comparution immédiate. Mais le prévenu avait demandé le report de l’audience, étant alors placé sous contrôle judiciaire. C’est donc ce vendredi 22 novembre que M. B., 44 ans, a dû rendre des comptes sur ses agissements, dans la salle 5 du palais de justice.

Les chefs d’inculpation ? « Injure publique » et « menace de mort réitérée », toutes deux commises « en raison de l’origine, l’ethnie, la nation, la race ou la religion ». Plus précisément des propos antisémites et menaces de mort proférées à l’encontre d’un citoyen qui prenait le tramway, le 7 octobre, à Seyssinet-Pariset.

« Sale juif, (…) on va te faire la peau »

Selon le procès-verbal de la police, l’homme aurait en effet tenu les propos suivants, à la station de tram : « Israël génocide, tueurs d’enfants ». Avant de poursuivre en s’adressant à une personne qu’il avait déjà croisée une fois, près de la synagogue de Grenoble. « Sale juif, je te connais, on va te faire la peau », a-t-il asséné.

Ayant demandé un délai pour préparer sa défense le 11 octobre, le prévenu a été convoqué le 22 novembre au tribunal.

Si le prévenu avait nié en bloc lors de son audition par la police, il reconnaît en revanche, devant les juges, la plupart des faits qui lui sont reprochés… À l’exception notable de la menace de mort. À la barre, il avoue également avoir été très alcoolisé, affirmant ne pas se souvenir des détails de la scène du lundi 7 octobre.

Le quadragénaire a été identifié grâce à l’enregistrement de la caméra du tram et à l’enquête de police. L’exposé relatif à sa personnalité est édifiant, symptomatique d’un personnage marqué par une multitude d’actes de délinquance. Et un lourd casier judiciaire, avec de nombreux vols. Sans emploi depuis trois ans, isolé, M. B est en outre alcoolique. Ses multiples tentatives de sevrage, avec l’appui des services de la justice, n’ont pas abouti.

L’avocat de la victime, M. O., et du Crif justifie quant à lui le dépôt de plainte de son client : « Peut-être que M. O. partage la condamnation de la violence en Palestine, mais les insultes antisémites et menaces sont inadmissibles », tout comme « la violence sur la voie publique », dénonce-t-il.

« Il n’a rien à craindre de moi »

La procureur, Marianne Thirard, intervient ensuite pour ses réquisitions : « Chacun est libre d’avoir les croyances et convictions qu’il veut, mais M. B., vous pouviez le faire d’autres manières (manifester…). Vous reconnaissez heureusement les faits que vous contestiez lors de votre garde à vue. » La représentante du ministère public demande donc « une peine qui ne soit pas nécessairement la prison ferme et des indemnisations de la victime ».

L’audience s’est tenue dans la salle n°5 du tribunal correctionnel.

De son côté, Me Meiggie Tournoud, avocate de la défense, souligne que M. B. n’a pas poursuivi la victime le jour des faits et regrette ses agissements. D’origine maghrébine, il n’est pas musulman pratiquant et encore moins islamiste, n’ayant par ailleurs aucun lien avec une organisation menant des actions antisémites. Me Tournoud préconise un stage de citoyenneté et un suivi de santé.

Invité par la présidente à prendre la parole en dernier, M. B. demande à l’avocat de la défense de transmettre ses excuses à M. O. Et ce, tout en lui assurant : « Il n’a rien à craindre de moi ! »

Après avoir délibéré, le tribunal a rendu sa décision dans la foulée, devant les quelques personnes – dont une délégation de la Licra – ayant suivi l’audience. Le prévenu a été condamné à quatre mois d’emprisonnement avec sursis ainsi qu’à effectuer un stage de citoyenneté. Il devra également indemniser la victime à hauteur de 600 euros et verser 300 euros au Crif.

Un tel procès illustre ces dramatiques faits de société quotidiens, alimentés par un cocktail désastreux mêlant misère, alcoolisme, appels à la haine et racisme. Espérons que police et justice puissent jouer plus souvent leur rôle, comme cela a été le cas dans cette affaire.

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