Face au glissement autoritaire et réactionnaire, organiser la riposte populaire !

Par Travailleur Alpin

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Jérémie Giono, secrétaire départemental du PCF dans l’Isère.

Dans une tribune que nous publions ici, le secrétaire départemental du PCF nous dit pourquoi les communistes participeront à la manifestation de ce samedi à Grenoble, dans le cadre d’une mobilisation nationale. 14h, au départ du musée de Grenoble.

 » Depuis plu­sieurs années, tout un pan de la classe diri­geante nous a habi­tué à faire déri­ver le débat public autour de thèmes iden­ti­taires issues de l’extrême-droite. Depuis le « minis­tère de l’Identité natio­nale » sous Nico­las Sar­ko­zy en 2007, en pas­sant par le débat sur la déchéance de natio­na­li­té sous Fran­çois Hol­lande en 2015, jusqu’à la polé­mique autour de l’aide médi­cale d’état impul­sée par Emma­nuel Macron en 2019, tout est fait pour divi­ser les classes labo­rieuses de notre pays autour de fan­tasmes réac­tion­naires.

Sur­fant sur des drames natio­naux comme sur des polé­miques média­tiques, cette rhé­to­rique de plus en plus omni­pré­sente s’ac­com­pagne d’une suc­ces­sion de lois sécu­ri­taires rognant les liber­tés publiques. La France est d’ailleurs régu­liè­re­ment inter­pel­lée sur ces évo­lu­tions légis­la­tives par les défen­seurs des droits de l’homme, à l’image de l’ONU qui deman­dait en décembre der­nier une révi­sion de la pro­po­si­tion de loi sur la sécu­ri­té glo­bale, jugée « incom­pa­tible avec le droit inter­na­tio­nal des droits de l’homme ».

Extrême-droi­ti­sa­tion du débat public et res­tric­tion des liber­tés civiles, ces deux dérives vont de pair et s’alimentent mutuel­le­ment, sans régler aucun des pro­blèmes fon­da­men­taux qui sont poin­tés.

Le nombre de places de pri­son a dou­blé en trente ans

Sur le champ de la sécu­ri­té, le nombre de places de pri­son a qua­si­ment tri­plé en 30 ans, la réponse pénale n’a jamais été aus­si éle­vée. Pour autant, même si les sta­tis­tiques sont contras­tées – depuis le début des années 2000, les homi­cides baissent par exemple de près de 35%, les dégra­da­tions volon­taires (van­da­lisme) baissent éga­le­ment sur les der­nières années, là où le nombre de cam­brio­lages à quant à lui aug­men­té après 2008, de même que le nombre de « coups et bles­sures » –, il serait faux de dire que le droit à la tran­quilli­té est aujourd’­hui un droit acquis. Au contraire, les poli­tiques menées ont sou­vent ren­for­cées l’en­cla­ve­ment : retrait des ser­vices publics, dévi­ta­li­sa­tion des com­merces de proxi­mi­tés et de la vie de quar­tier, fra­gi­li­sa­tion du loge­ment social désor­mais réser­vé aux popu­la­tions très modestes, fin de la police de proxi­mi­té rem­pla­cée par une doc­trine d’in­ter­ven­tions ponc­tuelles « spec­ta­cu­laires »… autant de dyna­miques qui ampli­fient les pro­blé­ma­tiques au lieu de les résor­ber.

Sur le champ du ter­ro­risme, les dis­po­si­tifs de sur­veillance et les mesures d’ex­cep­tion n’ont jamais été aus­si nom­breux et éten­dus. Pour autant, les der­nières années démontrent que ces menaces sont loin d’être écar­tées. Com­ment peut-il en être autre­ment lorsque la France et l’O­TAN pro­meuvent dans les faits les mou­ve­ments extré­mistes de l’is­la­misme wah­ha­bite dans le cadre de leur poli­tique inter­na­tio­nale – direc­te­ment, comme ce fut le cas en Afgha­nis­tan, dans le Cau­case, en Libye ou en Syrie, ou indi­rec­te­ment par le biais des alliances avec des pays comme l’A­ra­bie Saou­dite ou le Qatar – ?

Des poli­tiques qui génèrent les pro­blèmes qu’elles pré­tendent résoudre

Ce sont bel et bien ces pro­ces­sus géné­rés d’une part par les consé­quences du capi­ta­lisme libé­ral – en cela qu’il remo­dèle nos socié­tés –, d’autre part par les poli­tiques des gou­ver­ne­ments au ser­vice de ce sys­tème, qui engendrent les pro­blèmes que subissent les classes labo­rieuses de notre pays.

Face à cela, la réponse de la classe diri­geante est tou­jours la même, c’est celle de la fuite en avant, celle de l’am­pli­fi­ca­tion des poli­tiques qui génèrent les pro­blèmes qu’elles pré­tendent résoudre.

Mais depuis quelques années, la pente s’ac­cé­lère, nous ne sommes pas face à un « simple » mou­ve­ment linéaire. Et pour cause : à la racine, c’est la crise du capi­ta­lisme occi­den­tal, qui ne peut main­te­nir tant bien que mal son hégé­mo­nie que par la guerre exté­rieure et inté­rieure. A l’é­chelle inté­rieure, ça passe par une inten­si­fi­ca­tion sans pré­cé­dent du taux d’ex­ploi­ta­tion de l’en­semble du monde du tra­vail : casse des droits sociaux, gel des salaires et hausse des prix, réorien­ta­tion du bud­get de l’État vers la sub­ven­tion directe au capi­tal (exo­né­ra­tions, sub­ven­tions, cré­dits d’im­pôts…) au détri­ment des ser­vices publics…

Le capi­ta­lisme occi­den­tal entraîne bel et bien avec lui toute la socié­té sur la pente du pour­ris­se­ment, en jouant de ce pour­ris­se­ment pour divi­ser les classes labo­rieuses et impo­ser sa poli­tique.

L’É­tat de droit devient un obs­tacle

En cela, l’État de droit devient de plus en plus un obs­tacle, et c’est une nou­velle phase que nous voyons poindre. L’ex­trême-droite incarne poli­ti­que­ment ce chan­ge­ment, et toute une frange de la classe capi­ta­liste opte de plus en plus ouver­te­ment pour cette option. En quelques années, en paral­lèle de la droi­ti­sa­tion géné­rale des dis­cours, c’est ain­si un pan entier de l’es­pace média­tique qui s’est recon­fi­gu­ré au ser­vice de l’ex­trême-droite, avec chaîne de télé­vi­sion (Cnews), maga­zine en vue (« Valeurs Actuelles »), struc­tu­ra­tion d’une sphère d’in­fluence sur inter­net sor­tant de la mar­gi­na­li­té…

Face à cette défer­lante, la riposte popu­laire est plus que jamais néces­saire !

Parce que défense de nos liber­tés indi­vi­duelles et col­lec­tives, de nos droits et de nos condi­tions de vie sont insé­pa­rables, nous devons faire de ce 12 juin le point de départ d’une contre-offen­sive consciente.
Face à la mon­tée de l’ex­trême-droite et de ses idées réac­tion­naires, notre camp social doit incar­ner le renou­veau d’une Répu­blique sociale et démo­cra­tique, qui rompe avec les logiques mor­ti­fères du capi­ta­lisme libé­ral et fasse le choix de l’Hu­main d’a­bord, une Répu­blique sociale et démo­cra­tique qui incarne la reprise en main par le monde du tra­vail des fruits de son tra­vail !  »

Jéré­mie GIONO
Secré­taire dépar­te­men­tal du PCF Isère

Mani­fes­ta­tion le 12 juin, 14h

La mani­fes­ta­tion par­ti­ra de la place Lava­lette, devant le musée de Gre­noble, le same­di 12 juin à 14 heures.

Pour les liber­tés, contre les idées d’ex­trême-droite. Contre le racisme, contre la guerre, pour nos droits sociaux.

Le  texte de l’ap­pel uni­taire.

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