« DDEN », leur rôle dans les écoles
Par Edouard Schoene
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Les délégués départementaux de l’Éducation nationale siègent dans les conseils des écoles primaires et maternelles. « L’ancêtre de notre fonction est le « magistrat aux mœurs » créé par la Convention en 1793 » nous précise Pascal Costarella lui-même responsable au sein des DDEN du secteur « Rive gauche du Drac-Vercors » qui comprend les communes de Seyssins à Veurey, rive gauche du Drac. Quarante écoles, soit quarante conseils d’école pour… neuf DDEN.
« La loi Falloux du 15 mars 1850 crée les délégués cantonaux. Ce sont alors des auxiliaires de l’administration, de véritables inspecteurs surveillant les sentiments politiques et religieux des instituteurs et la moralité de leur action. Avec les lois de 1886–1887, le « délégué cantonal » devient le regard de la société. C’est une sorte de « missionnaire laïque » et républicain soucieux de son indépendance, et qui va contribuer à l’enracinement de l’école publique dans le pays. En 1940, le régime de Vichy supprime les délégations cantonales. Elles seront rétablies en 1945. En 1969 le délégué cantonal devient le « délégué départemental de l’Éducation nationale ». Les délégués, nommés par l’administration de l’éducation nationale, tous les quatre ans, siègent donc dans les conseils d’écoles et se réunissent régulièrement au sein d’une association départementale. Ils sont 255 dans le département pour 897 écoles (onze à Fontaine pour trente-trois écoles).

Leur rôle est important, comme l’illustre ce projet concernant une école fontainoise. Début 2024, le conseil d’école de maternelle Anatole France est saisi d’une proposition de fusion des écoles maternelle et primaire. Une telle proposition est toujours issue de l’administration de l’Education nationale, l’inspection académique, en concertation avec la municipalité. Le DDEN de l’école, Serge Chaléon se prononce contre cette fusion en avançant un argument assez traditionnel en la circonstance, celui de la défense de l’intérêt des élèves. Les petits groupes sont en général plus favorables aux apprentissages et élèves que des regroupements en école souvent trop grosses. Il note n’avoir pas reçu de dossier et souligne que l’école n’est pas préparée à cette fusion d’autant qu’un problème de poste de femme de service est posé.
Selon nos informations, la représentante de la municipalité de Fontaine au conseil d’école, Mme Anne-Sophie Chardon (adjointe, conseillère départementale) prétend alors refuser le vote du DDEN (pourtant membre de droit) et demande, après consultation d’un correspondant en mairie, un vote nominatif. Ceci est contesté par les membres du conseil d’école et, après un nouvel appel téléphonique, elle se ravise et le conseil vote, délégué départemental compris.
Le vote est défavorable à la fusion. Quelques jours plus tard le conseil d’école primaire est sollicité pour se prononcer sur la fusion des écoles, en présence de l’inspection d’académie. Il se prononce contre, malgré l’avis de l’élu de la ville, M. Thoviste, qui y est favorable.
Des instances de concertation mises à mal
Les DDEN constatent une tendance lourde de municipalisation des décisions relatives aux locaux scolaires dont la charge est municipale. Certes, des dotations d’État sont censées compenser les charges mais la réalité est autre : l’État n’assume pas de compensation intégrale de ces charges.
Les décisions sur les horaires sont aujourd’hui municipales. En outre le rôle des directions d’écoles tend de plus en plus vers l’administratif. Un tract intersyndical soulignait ainsi : « Ce qui est prioritaire aujourd’hui pour le ministre, ce n’est pas l’amélioration des conditions de travail des directrices et directeurs. C’est bien la volonté de finaliser une modification profonde de ce que représente l’école primaire aujourd’hui en instaurant une chaine hiérarchique permettant de valider une gestion par le pilotage et les évaluations. » Serge Chaléon regrette qu’à Fontaine, les instances de concertation, comme la commission de l’enseignement, ont disparu sur le dernier mandat municipal.
Une mission qui reste motivante
Les DDEN du territoire étaient informés, invités aux instances démocratiques où étaient traitées les questions concernant les élèves et parents d’élèves : travaux dans les locaux, projets de constructions, effectifs prévisibles et leurs conséquences…). Dans le passé, précise Pascal Costarella, nous avions de l’ordre de 50% des DDEN qui étaient des directeurs d’écoles ou instituteurs à la retraite. Aujourd’hui avec l’aggravation des conditions de travail et le recul de l’âge de la retraite le recrutement de DDEN est plus difficile. Serge Chaléon ajoute que les enseignants depuis la transformation de leur statut et la perte du logement sur place, remplacé par une indemnité dans le statut de professeur des écoles, ne sont plus des acteurs associatifs dans le quartier, puisque résidant souvent dans d’autres communes.
Le rôle d’un DDEN, précise Pascal Costarella, demeure riche et motivant : « La surveillance des bâtiments scolaires constitue l’aspect le plus évident. Il peut être consulté sur les projets de construction, d’aménagement et d’équipement des locaux, l’utilisation des locaux scolaires en dehors des heures de classe, les activités péri-scolaires. Sa fonction s’étend en outre aux centres de loisirs, transports, restaurants scolaires, bibliothèques… en un mot à tout l’environnement éducatif pour le bien-être des élèves. La visite d’école est l’une des missions les plus importantes du DDEN. Nous accueillerons avec plaisir les candidat(es) pour cette fonction. »
Rappelons que l’Éducation nationale reçoit les candidatures, en particulier celles qui transitent par les associations de délégués départementaux de l’Éducation nationale.


