JO d’hiver 2030. La CGT Savoie remet ses revendications au président de la région

Par Travailleur Alpin

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Antoine Fatiga, Fabrice Panneckouke et Kévin Dos Santos. Le président de la région est reparti avec un cahier CGT "revendications JO".
Les Jeux d’hiver 2030 doivent bénéficier au tissu économique local et aux habitants de territoires alpins. C’est ce que la CGT a indiqué au président du conseil régional en évoquant la situation des saisonniers, l’emploi dans l’industrie, le transport des marchandises par voie ferrée, le nécessaire respect de l’environnement. Des Jeux pour répondre aux besoins du territoire et de sa population à l’opposé d’un feu de paillettes éphémère.

À l’initiative de la CGT, une ren­contre s’est tenue ce mer­cre­di 26 novembre à Moû­tiers entre Fabrice Pan­ne­ckouke, pré­sident de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Kévin Dos San­tos, secré­taire géné­ral de la CGT Savoie, et Antoine Fati­ga, repré­sen­tant CGT Trans­ports et domaines skiables. À cette occa­sion, la CGT a offi­ciel­le­ment remis son cahier reven­di­ca­tif au pré­sident de région, avec une posi­tion claire : les Jeux olym­piques et para­lym­piques d’hiver 2030 doivent consti­tuer une oppor­tu­ni­té sociale, éco­no­mique, envi­ron­ne­men­tale et ter­ri­to­riale et non une simple opé­ra­tion évé­ne­men­tielle. 

Mettre en place une conférence économique et sociale en Savoie

La CGT ne s’oppose pas aux Jeux et plaide au contraire pour leur réus­site. Mais elle estime indis­pen­sable de créer une ins­tance de concer­ta­tion locale, réunis­sant les acteurs éco­no­miques, syn­di­caux, ins­ti­tu­tion­nels et asso­cia­tifs. Cette struc­ture, pro­po­sée sous la forme d’une confé­rence éco­no­mique et sociale, per­met­trait d’anticiper les besoins du ter­ri­toire et leur ave­nir à quatre ans de l’échéance olym­pique.

La Savoie sera alors sous les pro­jec­teurs. Mais l’avenir d’un ter­ri­toire ne peut se réduire à son image : il repose aus­si sur sa capa­ci­té à défendre son tis­su indus­triel et à valo­ri­ser ses res­sources locales. « Si les Jeux sont une vitrine, alors fai­sons-en la vitrine du Made in France et des savoir-faire savoyards », sou­ligne Kévin Dos San­tos. Selon lui, l’industrie locale et notam­ment la filière bois pour­rait être mobi­li­sée pour la construc­tion et la réno­va­tion d’infrastructures olym­piques, tan­dis que les pro­duits locaux méri­te­raient éga­le­ment d’être mis en valeur. Les Jeux doivent créer de l’emploi qua­li­fié sur le ter­ri­toire.

À cette occa­sion, les syn­di­ca­listes n’ont pas man­qué d’aborder le sujet des entre­prises Fer­ro­globe – pro­duc­teur de sili­cium, dont les usines sont à l’arrêt en Savoie et en Isère – et DS Smith – qui fabrique des embal­lages car­ton­nés à la Rochette.

Logement saisonnier et conditions de travail

La situa­tion des sai­son­niers a été l’un des points forts de l’échange. Selon la CGT, les dif­fi­cul­tés d’hébergement dans les sta­tions montrent l’urgence à agir concrè­te­ment, au-delà des inten­tions. « Aujourd’hui, des sai­son­niers arrivent en gare sans savoir où dor­mir. On ne peut pas orga­ni­ser les Jeux si celle et ceux qui tra­vaillent pour les faire exis­ter ne peuvent même pas se loger », a aler­té Antoine Fati­ga, deman­dant la relance d’espaces sai­son­niers, des solu­tions d’hébergement d’urgence et la créa­tion de loge­ments durables, réuti­li­sables après 2030.

Anticiper au lieu de subir

Le cahier reven­di­ca­tif de la CGT aborde éga­le­ment la ques­tion des mobi­li­tés fer­ro­viaires, la satu­ra­tion des centres de san­té en hiver, la reva­lo­ri­sa­tion du tou­risme social, ain­si que la sécu­ri­sa­tion des filières indus­trielles du dépar­te­ment. Selon l’organisation syn­di­cale, l’expérience des JO de Paris 2024 – jugés réus­sis sur le plan social, du fait notam­ment du rôle joué par Ber­nard Thi­bault, ancien secré­taire géné­ral de la CGT – doit ser­vir de réfé­rence pour construire un modèle savoyard adap­té à la réa­li­té alpine et répon­dant aux enjeux envi­ron­ne­men­taux.

Sur la ques­tion des trans­ports, la CGT l’a aler­té sur la dis­pa­ri­tion des bri­gades voies locales à la SNCF – char­gées de la main­te­nance des voies fer­rées – qui ne per­mettent plus d’être dans la proxi­mi­té et sur la situa­tion de l’autoroute fer­ro­viaire alpine – qui trans­por­tait des camions entre Aiton et Turin – avec le ras­sem­ble­ment CGT du 11 décembre sur le site pour deman­der son redé­mar­rage.

Le pré­sident de région, Fabrice Pan­ne­ckouke, s’est mon­tré ouvert à l’idée d’organiser des temps d’échanges avec la pré­fec­ture, lais­sant entre­voir la pos­si­bi­li­té d’une struc­tu­ra­tion dépar­te­men­tale de la concer­ta­tion. La CGT estime que ce pre­mier signal doit être rapi­de­ment concré­ti­sé pour « évi­ter que les Jeux ne se construisent loin du ter­ri­toire ».

Pour la CGT, les Jeux doivent lais­ser un héri­tage. Pas seule­ment des infra­struc­tures, mais des droits sociaux, de l’emploi local et un modèle de déve­lop­pe­ment durable. « Les Jeux se feront ; autant qu’ils pro­fitent à celle et ceux qui y vivent et y tra­vaillent », conclut l’organisation.

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