Grenoble. Les salariés de Mvélo+ en grève
Par Manuel Pavard
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« Dans notre service, on est tous des passionnés de vélo et on est tous en pointe sur les mobilités alternatives. » La précision apportée par Jérôme Bertrand est loin d’être anodine. Pour le délégué syndical Sud Solidaires de Cykleo, la société opératrice du service de location Mvélo+ pour le compte du Smmag, cette particularité explique en partie l’ampleur de la mobilisation des salariés, en grève depuis ce jeudi 13 novembre.
Beaucoup refusent en effet d’accepter la récente mesure du Smmag qui a mis le feu aux poudres et qui constitue l’une des deux principales causes de ce mouvement : la suppression du tarif solidaire, depuis le 1er novembre, pour la location des vélos à assistance électrique (VAE), des vélos-cargos et des tandems. « On n’a pas du tout été concertés », déplore Jérôme Bertrand, qui dénonce une « décision totalement verticale ».

« Je suis en contact quotidien avec les usagers et je voyais bien que ce tarif bénéficiait aux mères isolées, aux gens en recherche d’emploi, aux jeunes précaires, explique-t-il. Aujourd’hui, on exclut toutes ces personnes à faibles revenus de l’accès à un moyen de locomotion qui leur permettait pourtant d’améliorer leur vie. »
« Pour nous, le 15, c’est la fin du mois »
L’autre grande revendication, plus classique, est liée aux conditions de travail des 49 salariés Mvélo+ de Cykleo. Lesquelles « se dégradent depuis la reprise du marché par Cykleo, le 1er janvier 2020 », affirme le syndicaliste Sud. Celui-ci cite ainsi, pêle-mêle, « les 40 % de turn-over, le management vertical, les outils de travail vieillissants et en nombre insuffisant, le logiciel de gestion de flotte inadapté » et ne permettant pas gérer efficacement les 13 500 vélos de Mvélo+.
Et que dire des salaires ? « Les salaires les plus bas sont seulement une centaine d’euros au-dessus du seuil de pauvreté », s’indigne Jérôme Bertrand. Et ce ne sont pas les revalorisations comprises « entre 0,4 et 1,2 % », lors des NAO, qui ont suffi à compenser les « vagues d’inflation successives », poursuit-il. Le constat est sans appel : « On en discute souvent entre collègues. Pour nous, le 15, c’est la fin du mois ! »
La grève reconduite le 14 novembre
Malheureusement, toutes les sollicitations adressées par les salariés à la direction de Cykleo pour trouver des axes d’amélioration se sont avérées vaines, regrette le délégué syndical, qui assure être ouvert au dialogue : « Dans un système capitaliste, une entreprise doit réaliser des bénéfices, on peut le comprendre. Mais tout dépend où on place le curseur… » Et dans le cas présent, les salariés sont clairement pénalisés.

Après s’être rassemblés toute la matinée sur le piquet de grève, devant l’agence Mvélo+ de la gare, les grévistes se sont rendus à vélo jusqu’au siège du Smmag. Sans avancée à ce stade. Réunis ce jeudi soir en assemblée générale, les salariés ont donc décidé de reconduire le mouvement de grève pour le vendredi 14 novembre.


