Grenoble. Après la liquidation d’Avec, mobilisation pour la reprise du GHM
Par Edouard Schoene
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Le Collectif des usagers des cliniques mutualistes, les Amis des cliniques mutualistes de Grenoble, l’union de quartier Berriat-Saint-Bruno-Europole et le syndicat FO du GHM (souvent appelé « la Mut’ » à Grenoble) alertaient la presse le 17 octobre dernier. Ceci, un peu plus d’une semaine après la décision du tribunal de commerce de Bobigny qui, le 8 octobre, a ordonné la liquidation judiciaire du groupe Avec (plus de 10 000 salariés sur le territoire dans environ 150 structures), déjà en redressement depuis dix-huit mois.

Un nouveau revers judiciaire pour la société, mais aussi pour Bernard Bensaid. Son fondateur et ex-PDG accumulait en effet les dettes en ponctionnant toutes les structures du groupe Avec (plus de 177 millions d’euros en 2023), dont le GHM. Bernard Bensaid qui est par ailleurs renvoyé en correctionnelle : l’audience est programmée le 8 septembre 2026, pour « détournement de fonds publics et privés » et « prise illégale d’intérêts ».
Pour la liquidation de la « fausse mutuelle » Doctocare
Les défenseurs du GHM demandent quant à eux la liquidation de la société Doctocare, créée par Bernard Bensaid pour faire main basse sur le GHM. C’est ainsi via cette mutuelle écran — une entité « fantôme » sans activité ni salarié — que la trésorerie du GHM a été pompée par Avec en 2022.
Les associations et le syndicat, qui ont engagé plusieurs actions en justice dès 2021, demandent un « jugement sur le fond », malheureusement est reporté d’année en année. Cela signifierait que la justice se prononce sur l’irrégularité de la cession du GHM au groupe Avec. Des comptes sont à rendre sur les conséquences de cette cession « contraire au code de la mutualité », avec notamment 9,2 millions d’euros détournés par Bernard Bensaid vers des bénéficiaires (ADREA, Mutualité française Isère), au détriment de l’hôpital grenoblois.

En outre, la demande des défenseurs du GHM porte sur l’identification et la mise sous séquestre de tous les biens de l’industriel. Et ce, dans la perspective de réparer les dégâts commis dans nombre de structures du groupe Avec.
Des exigences précises pour le profil du repreneur
Quid de la situation de la Mut’ à ce jour ? Pour rappel, le groupement hospitalier est depuis le 22 mai 2023 sous administration provisoire. Les associations et le syndicat FO se prononcent et agissent pour que rapidement une reprise du GHM soit préparée et actée.
Leurs exigences sont précises. « Le futur repreneur doit répondre à un certain nombre de critères, détaillent-ils. Celui-ci doit s’inscrire totalement dans l’économie sociale et solidaire (ESS) : il doit être à but non-lucratif et totalement indépendant de tout groupe privé ; il doit s’engager dans une gouvernance démocratique en associant le personnel, les habitants et les usagers, les collectivités. Le repreneur doit également appartenir au territoire pour bien connaître les réalités de celui-ci et les autres acteurs de santé du bassin grenoblois avec lesquels il va travailler. Enfin, les administrateurs provisoires doivent être missionnés pour organiser la reprise du GHM. »

Il est grand temps pour que les usagers du GHM et le personnel de l’hôpital reprennent confiance dans l’avenir. Pour cela, l’Agence régionale de santé (ARS) doit rétablir le versement de dotation au GHM tandis que le service des impôts doit revenir à la situation précédente, c’est-à-dire ne pas imposer une taxation à un hôpital n’étant pas à but lucratif.
Les défenseurs de la Mut’ concluaient leur conférence de presse ainsi : « Nous poursuivons nos actions en justice pour un GHM autonome et nous participons à la préparation d’un nouvel avenir pour le GHM. »


