Grenoble. Culture en lutte

Par Jean-Claude Lamarche

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Des manifestantes sur la place Notre-Dame, lors de la journée de mobilisation du 20 mars, à l'appel des organisations du secteur culturel..
Coupes budgétaires, gel de la part collective du pass Culture, baisses de subventions, précarité des conditions de travail... Face aux attaques répétées du gouvernement, les professionnels de la culture se sont mobilisés le 20 mars à Grenoble, aux côtés des enseignants, parents et élèves, dans le cadre d'une journée d'action nationale initiée par l'intersyndicale.

Le 20 mars, à Gre­noble comme par­tout en France, les pro­fes­sion­nels du spec­tacle, des arts, de l’en­sei­gne­ment artis­tique, de l’au­dio­vi­suel, du ciné­ma et de la culture se sont mobi­li­sés jus­qu’à la grève contre les coupes bud­gé­taires mas­sives à tous les niveaux, du muni­ci­pal au natio­nal. La consé­quence, essen­tiel­le­ment, de la purge aus­té­ri­taire impo­sée par le gou­ver­ne­ment illé­gi­time de « Fran­çois IV ».

Ces coupes bud­gé­taires réduisent les pos­si­bi­li­tés d’offrir à tous les publics l’accès à toutes les formes de culture et servent les inté­rêts des indus­triels du spec­tacle liés aux puis­sances d’argent sou­te­nant (et sou­te­nues par) des poli­ti­ciens de droite et d’extrême droite(1). Les baisses de sub­ven­tions et la remise en cause du pass Culture — sup­pres­sion pour les moins de 17 ans et réduc­tion de 300 à 150 euros pour les 18 ans concer­nant la part indi­vi­duelle ; gel de la part col­lec­tive — consti­tuent un frein pour l’accès aux biens, ser­vices et mani­fes­ta­tions cultu­rels des lycéens et étu­diants. Ceci, en par­ti­cu­lier pour ceux issus des milieux sociaux les plus modestes.

De la création et de la redistribution de richesses

Déjà, les syn­di­cats de l’enseignement, les parents d’élèves (FCPE) et les lycéens se sont ras­sem­blés devant le rec­to­rat de Gre­noble pour récla­mer le réta­blis­se­ment du mon­tant du pass Culture ain­si que l’amélioration de son emploi pour réduire les inéga­li­tés cultu­relles et ame­ner la jeu­nesse vers de nou­velles pra­tiques.

Ensei­gnants, parents d’é­lèves et lycéens se sont ras­sem­blés devant le rec­to­rat pour pro­tes­ter notam­ment contre le gel du pass Culture col­lec­tif. © Jean-Claude Lamarche

La jour­née du 20 mars a réuni plus de 15 000 par­ti­ci­pants dans toute la France(2). À Gre­noble, sur la place Notre-Dame, se sont suc­cé­dé de 17 à 19 heures des prises de parole, per­for­mances et expres­sions artis­tiques contre cette poli­tique des­truc­trice du sec­teur cultu­rel avec son cor­tège de pro­jets aban­don­nés, de fes­ti­vals annu­lés, de pré­ca­ri­sa­tion accrue des artistes et des inter­mit­tents.

Une poli­tique qui fait sem­blant d’oublier que la culture, c’est aus­si de la créa­tion et de la redis­tri­bu­tion de richesses. La culture c’est aus­si un acteur de l’économie, qui est au centre de l’activité pour bien des com­munes pen­dant la période des fes­ti­vals de l’été. Que devien­drait la vie éco­no­mique de villes comme Avi­gnon ou Aix-en-Pro­vence sans leurs fes­ti­vals de théâtre ou d’art lyrique ?

Inscrire les luttes dans la durée

C’est la volon­té de la CGT spec­tacle et culture 38 d’inscrire les luttes dans la durée, d’élargir la par­ti­ci­pa­tion en asso­ciant plus de pro­fes­sion­nels, de jeunes, d’étudiants et de lycéens, d’être pré­sente sur chaque évé­ne­ment cultu­rel afin d’obtenir le réta­blis­se­ment et la sanc­tua­ri­sa­tion des bud­gets cultu­rels. Soit un véri­table ser­vice public per­met­tant l’accès pour tous aux arts et à la culture, laquelle est aus­si un véri­table levier pour une lutte réelle et cohé­rente contre les idées d’extrême droite. Une nou­velle étape de la mobi­li­sa­tion avait en outre été fixée pour le 3 avril, dans le cadre de la jour­née d’action pour les ser­vices publics.

Le recours à la grève n’est par ailleurs pas exclu dans les semaines et mois à venir. Une moda­li­té d’action qu’Emmanuel I et Fran­çois IV devraient redou­ter à l’approche de la sai­son des fes­ti­vals, et qu’ils peuvent écar­ter en res­ti­tuant à la culture les cré­dits détour­nés pour ali­men­ter, entre autres, les pro­fits des fabri­cants de canons.

Quand on parle de culture, Macron sort son canon Cae­sar !

1 Exemple, le fes­ti­val Tomor­row­land à L’Alpe d’Huez pro­mu par Laurent Wau­quiez, pré­sident de la région Auvergne-Rhône-Alpes, au béné­fice d’un de ses copains pro­duc­teur de spec­tacles.

2 À Paris, les mani­fes­tants s’étaient ras­sem­blés paci­fi­que­ment devant le centre Pom­pi­dou. Rachi­da Dati a fait inter­ve­nir les CRS pour les délo­ger.

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