Sassenage. Menaces de mort et racisme contre un chauffeur musulman de M’Tag

Par Manuel Pavard

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L'agent a reçu une boîte contenant deux tranches de saucisson ainsi qu'un papier avec le message "À mort ou dehors" et une croix gammée au dos. © CGT M'Tag
Un chauffeur de bus musulman du réseau M'Tag a reçu dans sa boîte aux lettres professionnelle, au dépôt de Sassenage, des menaces de mort accompagnées de tranches de saucisson et d'une croix gammée. La CGT - dont est membre le conducteur - dénonce des actes racistes et islamophobes récurrents à l'encontre des agents et demande à la direction des mesures immédiates.

La CGT M’Tag a fait part de sa « stu­peur », son « indi­gna­tion » et sa « pro­fonde colère », dans un com­mu­ni­qué dif­fu­sé le jour-même. Les faits se sont pro­duits ce mer­cre­di 12 mars, aux alen­tours de midi. À la fin de son ser­vice, au dépôt de Sas­se­nage, un chauf­feur de bus a décou­vert dans sa boîte aux lettres pro­fes­sion­nelle un étrange petit colis en plas­tique. À l’in­té­rieur, « des tranches de sau­cis­son, un dra­peau fran­çais, un en-tête de tract CGT mar­qué d’une croix gam­mée, ain­si qu’un mes­sage mena­çant : “Dehors ou à mort”. Cet acte inac­cep­table consti­tue une menace de mort expli­cite », s’é­meut le syn­di­cat.

Au dépôt M’Tag d’Ey­bens, un contrô­leur avait trou­vé une oreille de cochon dans sa boîte aux lettres. © Manuel Pavard

Le conduc­teur, syn­di­qué à la CGT, n’est mal­heu­reu­se­ment pas le pre­mier agent musul­man vic­time d’at­taques isla­mo­phobes au sein du réseau de trans­ports en com­mun de l’ag­glo­mé­ra­tion gre­no­bloise. Il y a quelques semaines, un contrô­leur avait ain­si trou­vé une oreille de cochon dans sa boîte aux lettres pro­fes­sion­nelle, cette fois au dépôt d’Ey­bens. Deux épi­sodes qui sur­viennent dans un contexte de libé­ra­tion de la parole raciste, selon le per­son­nel.

La CGT réclame un cahier de doléances et des caméras devant les boîtes aux lettres

Face à cette « situa­tion gra­vis­sime », la CGT a inter­pel­lé la direc­tion, notam­ment via un cour­rier de Pierre Cou­sin, élu au CSE, daté du jeu­di 13 mars. Exi­geant des mesures, le syn­di­cat demande à M’Tag « une com­mu­ni­ca­tion ferme et immé­diate », afin de rap­pe­ler « aux auteurs de ces agis­se­ments les risques qu’ils encourent, tant sur le plan pro­fes­sion­nel que pénal ».

La CGT demande l’ins­tal­la­tion de camé­ras de vidéo­sur­veillance fil­mant les boîtes aux lettres dans les dépôts (ici à Eybens). © Manuel Pavard

Il réclame éga­le­ment « la mise en place d’un cahier de doléances acces­sible sur chaque dépôt, per­met­tant aux agents vic­times ou témoins d’actes, de pro­pos ou de res­sen­tis hai­neux, racistes, anti­sé­mites ou dis­cri­mi­na­toires d’y consi­gner leurs témoi­gnages ». Sans oublier « l’ins­tal­la­tion sans délai de camé­ras de sur­veillance pro­té­geant les boîtes aux lettres ». Une reven­di­ca­tion déjà évo­quée récem­ment en CSE.

Dans son cour­rier, la CGT somme enfin la direc­tion de « sai­sir, si néces­saire, les auto­ri­tés com­pé­tentes », à savoir l’ins­pec­tion du tra­vail, le Défen­seur des droits et les ser­vices de police ou de gen­dar­me­rie. Selon Le Dau­phi­né libé­ré, M’Tag enten­dait dépo­ser plainte en son nom, ce ven­dre­di, pour les deux faits évo­qués.

De l’autre côté du papier, le logo de la CGT était recou­vert d’une croix gam­mée. © CGT M’Tag

De leur côté, les membres du bureau CGT M’Tag ont exer­cé leur droit de retrait à la suite de cette attaque raciste. Le syn­di­cat tient à « féli­ci­ter les agents ayant osé témoi­gner ». Et de conclure : « Les langues se délient et il ne faut plus se gêner, ce n’est pas aux vic­times de ces actes odieux de lon­ger les murs. »

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