Hôtel du libre-échange, de Georges Feydeau. À voir à la MC2 du 11 au 14 mars à 20h

Par Régine Hausermann

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Stanislas Nordey, samedi 23 février à la MC2.
Samedi 23 février – La presse était invitée à rencontrer Stanislas Nordey, metteur en scène, et l’équipe technique en plein travail de création, à deux semaines de la première à Grenoble. Le metteur en scène et le scénographe nous invitent à monter sur scène et à découvrir les coulisses de la pièce de Georges Feydeau (1862-1921). Une création ambitieuse avec quatorze comédienn·es et un gros décor. Un geste militant par gros temps, celui des restrictions budgétaires !

Le décor de l’acte II

C’est sur ce défi que tra­vaille l’équipe qui doit régler 197 entrées et sor­ties, rien que pour cet acte. Les trois murs sont dres­sés, recou­verts de lettres de grandes taille. Très vite, on s’aperçoit qu’il s’agit des didas­ca­lies du 2e acte. Emma­nuel Clo­lus explique les inter­ro­ga­tions de l’équipe et ses choix. « Com­ment à par­tir des des­crip­tions scé­niques figu­rant au début de chaque acte, sai­sir la méca­nique conçue par Fey­deau , afin d’en extraire l’essence même de la pièce en la net­toyant de toutes sco­ries visuelles propres à la déco­ra­tion. » Donc faire le tri dans les didas­ca­lies, allé­ger le décor et pri­vi­lé­gier le rythme. « Com­ment res­pec­ter la pièce sans en faire une recons­ti­tu­tion his­to­rique ? Com­ment racon­ter l’œuvre sans la tra­hir ? »

Visite des coulisses

Des mate­las et des som­miers par terre, une table, des chaises, un ser­vice à thé, des vête­ments sur un por­tant … Les actes I et III se déroulent dans le même lieu, un espace salon avec un endroit de tra­vail. Le décor de l’acte II est plus com­plexe car il se com­pose de trois espaces scé­niques visibles de tous : deux chambres entou­rant un palier cen­tral relié par des portes. Comme les cir­cu­la­tions sont d’une extrême pré­ci­sion, tout l’enjeu est de per­mettre au public d’avoir accès à l’ampleur du jeu des acteurs. Donc pas de chan­ge­ments de décor der­rière des rideaux de scène, pas d’entracte. Le scé­no­graphe et l’équipe ont pri­vi­lé­gié le plai­sir du public à se lais­ser entraî­ner dans la machine théâ­trale.

Pourquoi revenir à Feydeau ?

Il y a vingt ans, Sta­nis­las Nor­dey a mis en scène une autre pièce de Fey­deau, La Puce à l’oreille, séduit par l’art de « cet amou­reux fou de la scène, son sens de l’absurde qua­si sur­réa­liste par moments ». Écri­vain mais aus­si met­teur en scène, sa curio­si­té était sans bornes, que ce soit à pro­pos de l’art de l’acteur, de la machi­ne­rie théâ­trale, de l’architecture de la langue.

« Pour mon retour en com­pa­gnie, après neuf années pas­sées à diri­ger le Théâtre Natio­nal de Stras­bourg, j’ai déci­dé de m’attacher à L’Hôtel du Libre-Échange, autre som­met de son œuvre. » Avec la même équipe de créa­tion : Emma­nuel Clo­lus pour la scé­no­gra­phie, Raoul Fer­nan­dez pour les cos­tumes et Loïc Tou­zé pour la cho­ré­gra­phie.

« Le pro­jet est ambi­tieux par son ampleur (14 comédien.ne.s au pla­teau, un décor à trans­for­ma­tion, une tren­taine de cos­tumes). Il y a pour moi un enjeu double : le plai­sir de pro­po­ser aux par­te­naires et aux publics un spec­tacle com­plet, visuel­le­ment fort, et éga­le­ment de se battre pour que des pro­jets de ce type puissent encore exis­ter en un temps où l’on sait bien que, face à la raré­fac­tion des moyens, la ten­ta­tion est forte de ne s’engager que sur des pro­jets dits rai­son­nables. »

L’Hôtel du Libre-Échange suit les péré­gri­na­tions de deux couples d’amis, les Pin­glet et les Paillar­din pris dans une méca­nique d’adultère déli­rante. Le génie de Fey­deau tient à sa façon de faire voler en éclats toutes les règles de la logique tout en s’attelant à dépeindre des situa­tions amou­reuses com­plexes. Mon­sieur Pin­glet et Madame Paillar­din ont une sexua­li­té débor­dante, leurs conjoints pas du tout, et à par­tir de ce constat, les cartes sont rebat­tues à l’envi par un Fey­deau déchaî­né.

« Chez Fey­deau, le sexe est très impor­tant nous confie le met­teur en scène lorsque nous pas­sons près des mate­las en cou­lisses. La figure fémi­nine est cen­trale. Les femmes mènent les hommes par le bout du nez. Fey­deau a d’ailleurs été cen­su­ré pour oser des termes trop crus ! »

Durée 2h45. Tarif de 5 à 33 €. A partir de 14 ans
Après sa créa­tion à Gre­noble, la pièce par­ti­ra en tour­née

Du 19 au 22 mars à Bon­lieu – Scène natio­nale Anne­cy

Les 27 et 28 mars à Mal­raux – Scène natio­nale Cham­bé­ry-Savoie

Du 3 au 11 avril – Théâtre de la Cité – CDN Tou­louse Occi­ta­nie

Du 6 mai au 16 juin – Odéon – Théâtre de l’Europe, Paris

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