Exposition Yves Monnier au musée de Grenoble
Par Edouard Schoene
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« Le nom Strates, donné au projet, résulte de cette couche matérielle, parfois support pour le vivant, qui résulte d’un geste collectif, humain et non-humain : de quoi une strate est-elle le témoignage ? Comment notre société réagit-elle face aux strates qu’elle coproduit ? Comment observer sa lente constitution dans un lieu donné ? Pour rendre visible l’invisible, l’artiste Yves Monnier travaille à partir de pochoirs sur lesquels se déposent pollens, particules, feuilles et sable. Après un temps de dépose en extérieur, le négatif de l’image est décollé pour en révéler un positif atmosphérique. L’image interroge et fait parler. Elle rend visible ce que l’on respire. »

La visite a commencé avec une première œuvre, issue d’un pochoir collé sur une plaque de Fermacell (mélange de fibres de papier et de plâtre). Se référant à nos ancêtres qui utilisaient leur main, comme pochoir, pour souffler des particules sur le mur des cavernes, l’artiste s’est servi de la nature pour que des dépôts agissent autour d’un adhésif en forme de main.
Puis trois séries d’œuvres ont été commentées. Six tableaux, « ligne des pollens » où l’on voit les agissements de l’air, du pollen, de la pluie et du vent sur des supports pré-travaillés par l’artiste selon le procédé explicité précédemment. Chaque tableau correspond à un arbre (tilleul, frêne…). Six autres tableaux d’une série « ligne des activités humaines » où les isérois reconnaîtront des sites connus : viaduc du col du Fau, échangeur d’Échirolles,…Enfin une série d’œuvres où le travail du temps sur les falaises est traité par Yves Monnier.

Ce travail artistique, réalisé en quelques années, dans la région — l’artiste habite dans le Vercors — est le fruit d’un collectif, « strates », regroupant l’artiste, Yves Monnier, et des scientifiques, à l’instar de Laure Brayer, maîtresse de conférence en arts et techniques de la représentation, et Marc Higgin, anthropologue, géographe. Un film est par ailleurs à voir dans l’exposition. En outre, Strates a été l’occasion de recueils de paroles, d’expériences scientifiques, de rencontres… Une passionnante aventure sensible, avec des œuvres étonnantes et d’une grande beauté.

Un immense travail a été réalisé avec des publics de toute la région où les œuvres ont été conçues. Une plaquette précieuse pour découvrir dans le détail le projet Strates, sera rééditée sous peu, après épuisement de la première édition. Elle est d’ores et déjà accessible en numérique.
Encore dix jours pour découvrir l’expo
Exposition accessible au musée de Grenoble jusqu’au 1er mars ; entrée gratuite.