Cyrielle Chatelain dépose une proposition de loi pour la nationalisation de Vencorex

Par Manuel Pavard

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Le piquet de grève devant la plateforme de Pont-de-Claix, bloquée par les salariés de Vencorex durant deux mois.
La députée NFP de l'Isère Cyrielle Chatelain, présidente du groupe écologiste à l'Assemblée nationale, a déposé ce lundi 10 février une proposition de loi visant la nationalisation temporaire de Vencorex. Signée par 99 député-es, celle-ci permettrait de préserver les emplois, tout en maintenant l'activité de l'entreprise et plus globalement des plateformes chimiques de Pont-de-Claix et Jarrie.

Fran­çois Bay­rou a pro­mis aux élus isé­rois, reçus à Mati­gnon le 4 février, d’ap­por­ter des réponses « sous quinze jours » dans le dos­sier Ven­co­rex. Membre de la délé­ga­tion, Cyrielle Cha­te­lain n’a tou­te­fois pas atten­du le retour du Pre­mier ministre pour por­ter dans l’a­rène par­le­men­taire la reven­di­ca­tion défen­due de longue date par les syn­di­cats de la pla­te­forme chi­mique de Pont-de-Claix (CGT, CFDT, CFE-CGC) comme par l’en­semble des par­tis de gauche. La dépu­tée de la deuxième cir­cons­crip­tion de l’I­sère a ain­si dépo­sé ce lun­di 10 février, à l’As­sem­blée natio­nale, une pro­po­si­tion de loi visant la natio­na­li­sa­tion tem­po­raire de Ven­co­rex.

Cyrielle Cha­te­lain a dépo­sé une pro­po­si­tion de loi, signée par 99 dépu­tés, pour natio­na­li­ser Ven­co­rex. © Luc Renaud

Signée par 99 député·es issu·es de divers groupes par­le­men­taires, la pro­po­si­tion de loi per­met­trait déjà de sau­ver les plus de 400 emplois directs mena­cés — le seul can­di­dat décla­ré, Bor­sod­Chem, filiale du groupe chi­nois Wan­hua, ne repre­nant que 54 sala­riés sur 460. Et même davan­tage si l’on prend en compte les quelque 5 000 emplois directs et indi­rects concer­nés. L’en­jeu est en effet de taille, la natio­na­li­sa­tion tem­po­raire consti­tuant, selon la pré­si­dente du groupe Éco­lo­giste et social à l’As­sem­blée, « la piste la plus solide de sau­ve­garde des acti­vi­tés de Ven­co­rex et deux pla­te­formes chi­miques du bas­sin gre­no­blois ».

« La seule solution » pour garantir le maintien de l’activité

D’a­près Cyrielle Cha­te­lain, il s’a­git même de « la seule solu­tion » appor­tant les garan­ties indis­pen­sables. À savoir « la sor­tie de la sau­mure de la mine de Hau­te­rives, à des­ti­na­tion des élec­tro­lyses de Pont-de-Claix et de Jar­rie ; le fonc­tion­ne­ment des élec­tro­lyses de Pont-de-Claix et Jar­rie et donc le main­tien de la pro­duc­tion de chlore liquide ; la vente de soude, qui per­met de contri­buer à l’équilibre finan­cier ; la restruc­tu­ra­tion de la pla­te­forme de Pont-de-Claix afin d’en réduire les coûts d’exploitation ; l’ac­cueil de nou­velles entre­prises sur les pla­te­formes chi­miques ».

Les sala­riés de Ven­co­rex se sont mis en grève le 23 octobre, levant leur mou­ve­ment fin décembre. © Manuel Pavard

La dépu­tée de l’I­sère évoque, dans l’ex­po­sé des motifs, « des impacts en cas­cade en matière de sou­ve­rai­ne­té, d’emploi et d’environnement ». Et l’é­lue NFP de citer les consé­quences de la rup­ture d’ap­pro­vi­sion­ne­ment en sel pour Arke­ma Jar­rie, dont le chlore et le per­chlo­rate ali­mentent ensuite Aria­ne­Group, pour fabri­quer le car­bu­rant des fusées Ariane et des mis­siles stra­té­giques M51. Sans oublier Fra­ma­tome, qui a besoin du chlore pro­duit à Jar­rie pour ses éponges de zir­co­nium, uti­li­sées dans les réac­teurs nucléaires civils.

Certes, la natio­na­li­sa­tion repré­sente « un coût pour les finances publiques », recon­naît Cyrielle Cha­te­lain. Esti­mé par le cabi­net Alix­Part­ners entre 250 et 300 mil­lions d’euros, celui-ci serait cepen­dant « moindre que le coût de dépol­lu­tion du site, addi­tion­né à celui des impacts du démem­bre­ment du groupe sur la filière chi­mique fran­çaise ». Une somme totale éva­luée, elle, à près de 5 mil­liards d’eu­ros.

« Une pla­te­forme chi­mique qui ferme est une pla­te­forme que ne rou­vri­ra pas, ni ne sera ins­tal­lée ailleurs. »

Cyrielle Cha­te­lain, dépu­tée NFP de l’I­sère

Alors que la période d’ob­ser­va­tion prend fin le 6 mars pro­chain, le temps presse pour Ven­co­rex. Natio­na­li­ser tem­po­rai­re­ment octroie­rait à l’en­tre­prise « un délai indis­pen­sable à l’élaboration d’un pro­jet de reprise solide avec les acteurs éco­no­miques inté­res­sés pour réin­ves­tir la pla­te­forme chi­mique », explique la dépu­tée éco­lo­giste dans un com­mu­ni­qué daté du lun­di 10 février.

Cyrielle Cha­te­lain, aux côtés d’autres élus (dont le maire Raphaël Guer­re­ro), devant l’u­sine Arke­ma de Jar­rie, fin jan­vier. © Page Face­book de Cyrielle Cha­te­lain

Or, pour­suit-elle, « il est indis­pen­sable de garan­tir le main­tien de l’activité car une pla­te­forme chi­mique qui ferme est une pla­te­forme que ne rou­vri­ra pas, ni ne sera ins­tal­lée ailleurs ». Sau­ver Ven­co­rex, via la natio­na­li­sa­tion, consti­tue ain­si, conclut Cyrielle Cha­te­lain, « une urgence vitale pour répondre aux besoins de sou­ve­rai­ne­té indus­trielle, de sau­ve­garde de l’emploi et pré­ser­va­tion des com­pé­tences sur le bas­sin de la chi­mie de Jar­rie et de Pont-de-Claix ».

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