La CGT Isère se mobilise pour l’industrie et les services publics jeudi 12 décembre
Par Manuel Pavard
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C’est l’un des points d’orgue du « décembre rouge » promis par la CGT. Après les mobilisations des retraités et des fonctionnaires la semaine précédente, et au lendemain du coup d’envoi de la grève des cheminots, une grande journée d’action nationale est prévue ce jeudi 12 décembre, à l’initiative du syndicat, rejoint notamment par Solidaires, la FSU ou la CNT. Avec différents mots d’ordre allant de la défense des emplois industriels à celle des services publics.
Initialement, la CGT annonçait — à l’instar de sa secrétaire générale Sophie Binet le 7 novembre, sur le piquet de grève de Vencorex — une mobilisation pour sauver l’emploi et l’industrie. La France fait en effet face aujourd’hui à « une casse industrielle d’une ampleur sans précédent », souligne l’organisation syndicale, qui évoque « plus de 200 000 emplois directement menacés » sur l’ensemble du territoire national. Une situation « catastrophique », particulièrement en Isère.
« Après la liquidation de l’entreprise TeamTex-Logiplast, filiale du groupe Mutares, bien connu pour ses méthodes de voyou, qui laisse sur le carreau 161 salarié·e·s, dont au minimum 483 emplois induits, c’est au tour de Valeo d’annoncer un PSE et la destruction de 238 emplois (714 emplois induits) sur son site de Saint-Quentin-Fallavier », rappelle ainsi la CGT Isère dans un communiqué.
« Moratoire immédiat sur les licenciements »
Et que dire des 450 salarié·e·s de Vencorex, en grève depuis le 23 octobre et vivant avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête depuis le placement en redressement judiciaire de l’entreprise ? Des menaces qui pèsent non seulement sur la plateforme chimique de Pont-de-Claix, mais également sur le site voisin de Jarrie, comme l’illustre le mouvement lancé à Arkema le 5 décembre — actuellement en suspens. Soit près de 5 000 emplois en danger au total, en incluant les emplois induits.
Cette situation ne peut pas durer, selon la CGT, qui fustige « les licencieurs sous perfusion d’argent public : 200 milliards par an pour maintenir le niveau de rentabilité pour les actionnaires et faire baisser la rémunération du travail », s’insurge le syndicat. Lequel exige donc « un moratoire immédiat sur les licenciements, un plan national pour maintenir et relocaliser les emplois industriels, des aides publiques conditionnées au maintien des emplois, un retour au tarif réglementé pour l’énergie industrielle, un pôle public d’investissement productif, l’organisation des assises de l’industrie ».
La CGT Isère rappellera ces revendications lors d’un rassemblement à 11 heures devant la préfecture de l’Isère, place de Verdun. Des prises de parole des représentants syndicaux d’entreprises concernées par les plans de restructuration et/ou fermeture seront organisées. Un pique-nique de soutien est ensuite prévu à 12h30 sur le site de la plateforme chimique de Pont-de-Claix, en soutien aux salarié·e·s de Vencorex.
« Un front syndical interprofessionnel public-privé »
Les filières industrielles ne seront néanmoins pas les seules mobilisées ce jeudi 12 décembre puisque plusieurs organisations syndicales de la fonction publique appellent à se joindre à cette journée d’action. Surfant sur le succès de la grève du 5 décembre, la CGT, la FSU, Solidaires et la CNT défileront dans les rues de Grenoble, avec un départ fixé à 10 heures de la gare.
Les syndicats demandent aux parlementaires et au futur gouvernement de « construire une loi de finances pour 2025 prévoyant les moyens : à la hauteur des missions de service public ; permettant la création d’emplois partout où c’est nécessaire (…) ; des mesures salariales générales, bénéficiant à l’ensemble des agents, titulaires et contractuels ; la refonte des grilles indiciaires ; le renforcement des politiques d’égalité salariale et professionnelle entre les femmes et les hommes ».
Se disant « conscientes de l’enjeu politique et social de la période », ces organisations affirment s’engager « dans une démarche de construction d’un front syndical interprofessionnel public-privé ». La convergence des luttes en action !
Journée de lutte dans l’agglomération grenobloise
10h : manifestation pour la fonction publique, au départ de la gare de Grenoble.
11h : rassemblement pour la défense de l’industrie, devant la préfecture de l’Isère.
12h30 : pique-nique solidaire, devant la plateforme chimique de Pont-de-Claix, puis prises de parole des élus dans l’après-midi.
17h : projection du film-documentaire L’usine, le bon, la brute et le truand, par Les CE tissent la toile, sous le chapiteau du piquet de grève de Vencorex.
20h : concert de soutien aux grévistes d’Arkema sur le site de Jarrie.
Mobilisation également dans le Nord-Isère
Les salariés de Valeo, à Saint-Quentin-Fallavier, seront sur le piquet de grève dès 8h. Et à Bourgoin-Jallieu, un rassemblement contre les licenciements dans l’industrie est prévu à 9h devant Thermo Fisher Scientific.