Crolles. Les gilets jaunes réunis pour leurs six ans de lutte

Par Pierre-Jean Crespeau

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Calou et Jacques entourés d'autres gilets jaunes, au rond-point de Crolles, lieu emblématique du mouvement.
Une trentaine de personnes se sont rassemblées samedi 16 novembre, au rond-point de Crolles, pour les six ans des gilets jaunes. L'occasion de débattre de l'évolution du mouvement depuis sa création et de tracer des perspectives de lutte pour l'avenir.

Pour les six ans des gilets jaunes, ce samedi 16 novembre, une trentaine de personnes étaient au rendez-vous donné à 11h30 au rond-point de Crolles, pour un moment de partage entre repas, discussions et débats. S’ajoutant aux habitués, des gilets jaunes de Saint-Égreve et de l’Oisans se sont joints à l’évènement.

Les débats ont commencés vers 14h, avec des interventions – entrecoupées par des coups de klaxons de soutien – ayant un air de déjà vu. L’occasion de revenir sur le déroulement du mouvement depuis sa naissance, mais aussi de se projeter sur les perspectives de lutte et modes d’action.

Les gilets jaunes se sont réunis à Crolles, rejoints par des camarades de Saint-Égreve et de l’Oisans.

« Les ADA (Assemblées des assemblées) ont été mise en place dans un temps record, elles furent un exemple de coordination de respect de fraternité et de solidarité », déclare Calou. Et celle-ci de rappeler : « Tous ensembles, nous regardions dans la même direction […] Pour un monde meilleur et juste. Nous nous sentions bien plus capables que ceux qui nous gouvernaient […] sans leader. »

Le mouvement des gilets jaunes peut repartir à tout moment

Injustices, précarité, exploitation… La coupe était pleine, avec l’augmentation des carburants qui a abouti à ce moment où le peuple s’est approprié l’espace du quotidien, entre le domicile, le travail et finalement toutes les activités : les ronds-points. Une formidable explosion de solidarité et de créativité qui a, le temps d’une bouffée de lacrymo fraîche, fait vaciller le pouvoir bourgeois en place. « Je n’oublie pas la terrible répression et tous ceux qui ont subi des blessures irréversibles, des humiliations, qui ont vu leur vie changer, qui sont morts même pour que les injustices ne soient pas notre quotidien. C’est immonde », continue la gilet jaune.

Martine a lu une lettre écrite en 2018 par une mère de Libourne s’adressant à Emmanuel Macron.

Liliane évoque quant à elle les cahiers de doléances, qui avaient été oubliés depuis des années par le pouvoir. Elle explique qu’il faut recentrer le mouvement sur ses revendications historiques : la dénonciation des injustices fiscales, la (re)mise en avant du RIC, la suppression du 49.3. Enfin, de grosses inquiétudes ont été exprimées sur le budget 2025, qui risque de saigner les collectivités et les services publics.

Évocation et appel à la grève, SNCF, échanges vifs sur les syndicats, précarité au travail, risques liés à la grève, agriculteurs… On a presque l’impression que le mouvement des gilets jaunes peut repartir à n’importe quel moment tellement la situation politique et sociale du pays semble être dans une impasse. Il en sort cependant du positif, de la nécessité de l’union entre tous les travailleurs, chômeurs et bénéficiaires du RSA.

Les gilets jaunes sont déterminés à ne plus subir mais à agir.

D’autres sujets ont été abordés : immigration, vaccins, transports, etc. Des coups de sang contre le gouvernement et les collectivités locales accusées de cacher des dépenses, le coût des transports, et des problématiques plus locales. Que les paroles plaisent ou non, le rond-point des gilets jaunes est un véritable espace de liberté d’expression.

Jacques cadre la longueur des interventions : 3 à 4 minutes de parole, pour que chacun puisse s’exprimer. Un hommage est rendu à Laurent, décédé en janvier 2022, et Élodie, deux des piliers du rond-point auparavant. Mathilde, militante du Dal (Droit au logement), dénonce de son côté le détournement de l’argent placé sur le livret A, normalement destiné au logement social, vers l’industrie de l’armement. Une mesure belliqueuse et antisociale.

C’est avec beaucoup d’émotion que Martine a lu ensuite une lettre du cahier de doléances datant de 2018. À lire sur l’image ci-dessous.

Lettre du cahier de doléances datant de novembre 2018.

Les débats se sont terminés en chanson. Avec une conclusion porteuse d’espoir : six ans après, même si Macron ne le veut pas, les gilets jaunes sont là ! Pour l’honneur des travailleurs et pour un monde meilleur !

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