Grenoble. Double commémoration du massacre du 17 octobre 1961
Par Edouard Schoene
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« Jeudi 17 octobre 2024 à 18h, rassemblement à Grenoble, place Edmond Arnaud (quartier Très-Cloîtres). Nous défilerons ensuite vers la passerelle Saint-Laurent où nous jetterons une fleur dans l’Isère, à la mémoire des manifestants algériens massacrés le 17 octobre 1961 à Paris. » C’est ainsi qu’un appel du Collectif grenoblois du 17 octobre – qui regroupe dix organisations – invite à se joindre à un moment important de commémoration, soutenu par la ville de Grenoble et une trentaine d’associations.
Ce jour-là, il y a 63 ans, « des dizaines de milliers de travailleurs algériens et leurs familles ont manifesté pacifiquement à Paris pour le droit à l’indépendance de l’Algérie, pour leur droit à l’égalité et à la dignité, contre le couvre-feu raciste qui leur était imposé », rappelle le collectif. Malgré une mobilisation pacifique, la police dirigée par Maurice Papon a violemment réprimé les manifestants, faisant « des milliers d’arrestations, des centaines de morts ou disparus » (bilan encore incertain aujourd’hui).
Plus de six décennies après ce massacre colonial, couvert au sommet de l’État, les Grenoblois sont donc de nouveau appelés à rendre hommage aux victimes du 17 octobre 1961. Une commémoration prévue en deux temps, cette année.
Un premier rendez-vous est ainsi organisé dès ce jeudi 10 octobre, au siège de la fédération PCF de Isère (20 rue Émile-Gueymard, à Grenoble), par le syndicat enseignant Lutte de classes éducation (LDC), Ras l’front Isère (RLF), Asado et le Collectif du 17 octobre 1961. Au menu : une rencontre avec Olivier Le Cour Grandmaison.
Universitaire spécialiste des questions de citoyenneté sous la Révolution française et de l’histoire coloniale, le politologue est l’auteur de plusieurs livres, dont Racisme d’État, États racistes : une brève histoire (éditions Amsterdam, 2024). Il interviendra en ouverture d’un débat sur le passé colonial français, l’urgence des luttes contre l’extrême droitisation de la société française et la reconnaissance des crimes coloniaux.