Les oubliés de l’histoire. Massacre des manifestants algériens le 17 octobre 1961 à Paris

Par Maryvonne Mathéoud

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Environ cinq cents personnes se sont rassemblées le 17 octobre à Grenoble.

À l’appel des associations : Algérie au coeur, Amal, Association Nationale des Pieds Noirs Progressistes et de leurs Amis (ANPNA), Association de Solidarité des Algériens de l’Isère (ASALI), Comité de soutien aux réfugiés algériens (CSRA), Coup de Soleil Rhône-Alpes, La Libre Pensée, Mouvement de la Paix-Isère, Ras L’Front Isère et soutenu par 48 organisations de l’Isère, environ 500 personnes se sont rassemblées ce dimanche 17 OCTOBRE 2021 à Grenoble. Les manifestants se sont ensuite rendus sur le pont St Laurent où ils ont jeté « UNE FLEUR DANS L’ISÈRE ». Grenoble est probablement la première ville en France à avoir commémorer ce massacre. En effet Jo Briant et quelques amis ayant eu l’information sur cette sinistre soirée se sont rendus sur les bords de l’Isère et ont symboliquement jeté des fleurs dans l’eau à la mémoire des victimes.

Texte de l’ap­pel : « Dimanche 17 OCTOBRE 2021 à 11h00 Ras­sem­ble­ment à Gre­noble place Edmond Arnaud (quar­tier Très-Cloîtres) Nous défi­le­rons ensuite vers la pas­se­relle St Laurent où nous jet­te­rons UNE FLEUR DANS L’ISÈRE à la mémoire des mani­fes­tants algé­riens mas­sa­crés le 17 octobre 1961 à Paris
Regar­der le pas­sé Le 17 octobre 1961, des dizaines de mil­liers de tra­vailleurs algé­riens et leurs familles ont mani­fes­té paci­fi­que­ment à Paris pour le droit à l’indépendance de l’Al­gé­rie, pour leur droit à l’égalité et à la digni­té, contre le couvre-feu raciste qui leur était impo­sé. Alors que la mani­fes­ta­tion était paci­fique, la répres­sion s’est abat­tue sur les mani­fes­tants avec une grande vio­lence : des mil­liers d’arrestations, des cen­taines de morts ou dis­pa­rus. Le pré­fet de police de Paris qui condui­sait les opé­ra­tions était Mau­rice Papon, condam­né en 1998 pour com­pli­ci­té de crimes contre l’hu­ma­ni­té pour des actes com­mis entre 1942 et 1944. Charles de Gaulle était alors le pré­sident de la Répu­blique, Michel Debré le pre­mier ministre. Au nom de la rai­son d’État, le silence fut orga­ni­sé sur cette tra­gé­die par le pou­voir de l’époque et ses suc­ces­seurs. C’est grâce à l’action de citoyens, his­to­riens, écri­vains, asso­cia­tions, grâce au foi­son­ne­ment d’initiatives mili­tantes, que la véri­té a pu émer­ger. Il est impor­tant de garan­tir l’accès aux archives. C’est pour­quoi il faut dénon­cer la loi du 30 juillet 2021, qui per­met de rendre inac­ces­sible des archives, selon le bon vou­loir de l’État, ce qui per­met de créer à volon­té de véri­tables trous noirs his­to­riques .
Agir au pré­sent Rendre hom­mage aux vic­times de la répres­sion de la mani­fes­ta­tion du 17 octobre 1961, c’est refu­ser la vio­lence d’État uti­li­sée pour répri­mer les mani­fes­ta­tions, c’est refu­ser la bana­li­sa­tion des vio­lences poli­cières, dont est notam­ment vic­time la jeu­nesse des popu­la­tions issues de l’immigration. Il est essen­tiel de main­te­nir vivante la mémoire, lut­ter contre la réha­bi­li­ta­tion du colo­nia­lisme et de leurs tenants. Com­ment accep­ter que soient ins­tal­lées des plaques hono­rant la mémoire du géné­ral Raoul Salan, comme à Roque­courbe dans le Tarn, alors qu’il est un des géné­raux du putsch d’Alger et diri­geant de l’OAS, ou comme à Foix en Ariège, hono­rant la mémoire du géné­ral Mar­cel Bigeard, lui qui qua­li­fia la tor­ture en Algé­rie de « mal néces­saire ». Qu’attendent les pou­voirs publics pour réagir ? Pour construire un futur soli­daire Depuis le 22 février 2019, le peuple algé­rien se mobi­lise et mani­feste pour une nou­velle socié­té plus libre, plus démo­cra­tique et plus juste. Au lieu de prendre en compte les reven­di­ca­tions du peuple algé­rien, le pou­voir algé­rien pro­cède à de nom­breuses arres­ta­tions arbi­traires de mili­tants poli­tiques. Nous appe­lons à être soli­daires du peuple algé­rien dans son com­bat démo­cra­tique
A l’occasion du 60ème anni­ver­saire de la répres­sion du 17 octobre 1961, mani­fes­tons pour :
– exi­ger de l’É­tat fran­çais qu’il recon­naisse offi­ciel­le­ment sa res­pon­sa­bi­li­té dans les mas­sacres liés à la colo­ni­sa­tion ;
– exi­ger la recon­nais­sance des mas­sacres du 17 octobre comme crime d’État ;  récla­mer l’ou­ver­ture des archives de la Guerre d’Al­gé­rie et de la colo­ni­sa­tion aux cher­cheurs fran­çais et étran­gers, sans res­tric­tions, ni exclu­sives ;
– refu­ser les dis­cours xéno­phobes, racistes, colo­nia­listes »

Inter­ven­tion de Maria­no Bona au nom du col­lec­tif du 17 octobre 1961

« Bon­jour, Je vous remer­cie pour votre pré­sence nom­breuse en ce moment très par­ti­cu­lier qui marque le 60eme anni­ver­saire du mas­sacre com­mis le 17 octobre 1961 à Paris. Je tiens à remer­cier les nom­breux élu.es ici pré­sents. Depuis plus de trente ans, le sou­ve­nir du 17 octobre 1961 est hono­ré chaque année à Gre­noble par des ras­sem­ble­ments. Il y eut un pre­mier ras­sem­ble­ment dès le 18 octobre 1961, où notre ami Jo Briant par­ti­ci­pait, avec déjà des jets de fleurs dans l’Isère pour rendre hom­mage aux vic­times. Depuis 2016, nous tenons cet hom­mage à côté de la plaque com­mé­mo­ra­tive posée par la ville de Gre­noble, qu’il faut cha­leu­reu­se­ment remer­cier car c’est un geste d’engagement et de soli­da­ri­té que trop peu de villes ont fait. Cette ques­tion des plaques n’est pas anec­do­tique. Il est impor­tant que les murs des rues et les murs des places portent d’autres traces que celles des mas­sa­creurs de la Com­mune de Paris ou des Géné­raux qui « s’illustrèrent » de façon san­glante lors de la colo­ni­sa­tion. Lorsqu’on évoque la tra­gé­die du 17 octobre 1961, on se heurte bien sou­vent à l’incrédulité : « com­ment est-ce pos­sible ? Un tel mas­sacre en plein Paris sous la Répu­blique ? Nous le sau­rions quand même … ». Il faut dire et redire les faits. En octobre 1961, le pré­fet de police de Paris Mau­rice Papon, condam­né en 1998 à dix ans de réclu­sion pour son impli­ca­tion dans la dépor­ta­tion des juifs de la région bor­de­laise entre 1942 et 1944, décide du couvre-feu pour les « Fran­çais musul­mans d’Algérie », terme uti­li­sé à l’époque pour dési­gner les Algé­riens tra­vaillant en métro­pole. Il leur est inter­dit de cir­cu­ler dans les rues de Paris et de la ban­lieue entre 20h30 et 5h30 du matin. Cela se passe dans le contexte de l’état d’urgence qui per­met aux pré­fets « d’in­ter­dire la cir­cu­la­tion des per­sonnes ou des véhi­cules dans les lieux et aux heures fixés par arrê­té ». Il est impor­tant de rap­pe­ler à pro­pos de l’État d’Urgence, au vu de son uti­li­sa­tion régu­lière ces der­nières années, qu’il s’agit d’ une loi colo­niale votée en 1955 comme outil de répres­sion. Décla­ré sur le sol de la métro­pole lors de la ten­ta­tive de putsch en avril 1961, l’état d’urgence res­ta en vigueur jusqu’en mai 1963 – un an après les accords de ces­sez-le-feu d’Evian du 19 mars 1962 et la décla­ra­tion de l’indépendance de l’Algérie le 5 juillet 1962. Le soir du 17 octobre 1961, des dizaines de mil­liers d’Algériennes et d’Algériens, de toutes géné­ra­tions, jeunes et moins jeunes, ont mani­fes­té paci­fi­que­ment à Paris pour le droit à l’indépendance de l’Al­gé­rie et pour leur droit à l’égalité et à la digni­té, contre un couvre-feu raciste qui leur était impo­sé. Les mani­fes­tantes et les mani­fes­tants étaient essen­tiel­le­ment des tra­vailleurs de la région pari­sienne, venus endi­man­chés avec leurs familles, issus des quar­tiers popu­laires et des bidon­villes, notam­ment celui de Nan­terre. Les consignes de la fédé­ra­tion de France du FLN étaient très claires : pas d’armes, même pas un canif. Pour expri­mer le refus du couvre-feu, les Algé­riennes et les Algé­riens défi­lèrent sur les bou­le­vards à 20h30, au moment même de la jour­née où il leur était inter­dit de quit­ter leurs domi­ciles. Le ministre de l’In­té­rieur, Roger Frey, et son pré­fet de Police Mau­rice Papon sou­tien­dront qu’il s’a­gis­sait là d’un « acte de guerre « . Drôle de guerre que celle menée par une mani­fes­ta­tion paci­fique ! 17 octobre 1961 – 17 octobre 2021 1/4 La répres­sion qui s’est abat­tue sur les mani­fes­tants fut d’une grande vio­lence : 11.000 arres­ta­tions, 300 vic­times, frap­pées à mort, jetées à la Seine, tuées par balles, mas­sa­crés dans l’enceinte même de la pré­fec­ture ou du Palais des sports . On a inven­té cette expres­sion ter­rible : « noyés par balles ». On pou­vait lire le len­de­main dans France Soir : « Ray Charles pour­ra chan­ter ce soir. Après le pas­sage du ser­vice de dés­in­fec­tion, le Palais des sports a retrou­vé sont aspect habi­tuel « . Mau­rice Papon a une res­pon­sa­bi­li­té écra­sante dans ce mas­sacre, lui qui quelques jours aupa­ra­vant avait dit aux poli­ciers pari­siens : « Vous serez cou­verts, je vous en donne ma parole. ». Le mas­sacre n’empêcha pas Mau­rice Papon de deve­nir dépu­té gaul­liste et ministre. Mais il n’est pas le seul à por­ter la res­pon­sa­bi­li­té de ce mas­sacre. Qui peut croire qu’il ait agi sans l’accord du Ministre de l’intérieur, Roger Frey, et du pre­mier ministre, Michel Debré, oppo­sé aux dis­cus­sions en cours en vue de l’indépendance de l’Algérie ? Quand au Géné­ral de Gaulle, alors Pré­sident de la Répu­blique, il connais­sait for­cé­ment le pas­sé vichys­sois de Mau­rice Papon lorsqu’il le nom­ma pré­fet. C’est lui qui décla­ra en 1967 lors de la pas­sa­tion de pou­voir au nou­veau pré­fet Mau­rice Gri­maud, « Vous avez là un poste très impor­tant et expo­sé. Il y faut beau­coup de sang-froid et d’au­to­ri­té. Vous suc­cé­dez à un homme [c’est à dire Mau­rice Papon] qui l’a occu­pé de façon consi­dé­rable. » . Lorsque Mau­rice Papon fut pres­sen­ti pour deve­nir tré­so­rier de l’U­DR, le géné­ral de Gaulle consul­té dira à cette occa­sion « Papon, c’est tout à fait conve­nable ». Les rap­ports offi­ciels ne font état que de deux morts. Le livre « Raton­nades à Paris » de Pierre et Pau­lette Péju, publié chez Mas­pé­ro quelques semaines après le mas­sacre, fut sai­si chez l’im­pri­meur par la police judi­ciaire. Le film de Jacques Pani­jel « Octobre 1961 » fut sai­si dès sa pre­mière pro­jec­tion. Les diverses lois d’amnistie ache­vèrent d’installer le silence sur ce mas­sacre. Tous les acteurs éta­tiques se savaient tota­le­ment cou­verts, voire encou­ra­gés à répri­mer avec vio­lence, du poli­cier de base jusqu’au pré­fet. Avec le 17 octobre 1961, nous avons affaire à un crime d’État. Il est plus que temps que le Pré­sident de la Répu­blique le recon­naisse publi­que­ment. Face à la volon­té d’occultation de ce mas­sacre, c’est l’action de citoyens, his­to­riens, écri­vains, asso­cia­tions, grâce au foi­son­ne­ment d’initiatives mili­tantes, qui per­mit que l’es­sen­tiel de la véri­té sur ce mas­sacre soit aujourd’hui connu. En ce 60eme anni­ver­saire du 17 octobre 1961, il est néces­saire de rap­pe­ler le rôle très impor­tant de Jean-Luc Einau­di, sa bataille pen­dant 30 ans pour faire connaître et recon­naître le crime d’État. Édu­ca­teur pour la jeu­nesse, atten­tif aux lais­sés pour compte et aux oubliés, ce citoyen, se fit his­to­rien pour mettre au grand jour ce que fut le 17 octobre 1961. Ne pou­vant pas accé­der aux archives,.Jean-Luc Einau­di recueilli les témoi­gnages des témoins, des sur­vi­vants, des familles. En évo­quant sa figure, Pierre Vidal Naquet décla­ra « on ne naît pas his­to­rien, on le devient ». A sa mort le 22 mars 2014, Moha­med Har­bi, figure consi­dé­rable de l’Histoire de l’Algérie, qua­li­fia Jean-Luc Einau­di de « héros moral ». Jean-Luc Einau­di ne fut pas le seul ni le pre­mier à vou­loir faire sor­tir de l’oubli cette « jour­née por­tée dis­pa­rue ». Mais son son com­bat est emblé­ma­tique de l’action de toutes ces per­sonnes qui agissent au quo­ti­dien pour dire l’Histoire, pour rendre jus­tice. A sa mesure, votre pré­sence ici, année après année, est par­tie inté­grante de ce com­bat. C’est un com­bat qu’il faut encore mener à l’heure où la Répu­blique s’obstine à refu­ser de regar­der en face l’héritage de la colo­ni­sa­tion. 17 octobre 1961 – 17 octobre 2021 2/4 C’est un com­bat qu’il faut encore mener pour que le crime d’État que consti­tue la répres­sion du 17 octobre 1961 soit offi­ciel­le­ment recon­nu. Un com­bat qu’il faut encore mener au moment où les tenants de l’Algérie fran­çaise, du racisme, de la xéno­pho­bie tiennent au grand jour leurs dis­cours fétides. Com­ment ne pas voir le dan­ger alors que des mili­taires de haut rang peuvent publier une tri­bune mena­çant la Répu­blique le 21 avril 2021, jour anni­ver­saire de la ten­ta­tive de Putsch à Alger ? Com­ment accep­ter que , sans être contes­tées, des Mai­ries puissent hono­rer les figures du géné­ral Salan, put­schiste d’avril 1961 et chef de l’OAS, ou le géné­ral Bigeard qui qua­li­fia la tor­ture de « mal néces­saire » ? Com­ment accep­ter qu’un Eric Zerm­mour puisse dire sans encombre décla­rer publi­que­ment qu’il se situe “aujourd’­hui du côté du géné­ral Bugeaud » ? Le même Bugeaud, grand mas­sa­creur, qui à la tête d’une armée de 100 000 hommes a mas­sa­cré, pra­ti­qué les enfu­mades, mis en œuvre la poli­tique de la terre brû­lée pour affa­mer les popu­la­tions. Le 17 octobre 1961 ce fut aus­si la répres­sion d’une lutte menée par les immi­grés, pour leur digni­té. Cette lutte est loin d’être finie, sur­tout au moment ou les dis­cours xéno­phobes et isla­mo­phobes se répandent, impul­sés depuis le som­met de l’État. Ce dont nous avons besoin c’est de véri­té et de jus­tice, pas de répres­sion. Il faut refu­ser la bana­li­sa­tion des vio­lences poli­cières, dont sont notam­ment vic­times les jeunes des popu­la­tions issues de l’immigration. La vio­lence uti­li­sée contre les mou­ve­ments sociaux, contre les jeunes lycéens et étu­diants, pro­vo­quant des bles­sés graves et même des morts doit nous inter­pel­ler. Le 17 octobre 1961 nous alerte sur ce qui peut se pro­duire lorsque l’État est prêt à uti­li­ser tous les moyens au nom de la rai­son d’État. Nous mani­fes­te­rons tout à l’heure pour :  exi­ger de l’É­tat fran­çais qu’il recon­naisse offi­ciel­le­ment sa res­pon­sa­bi­li­té dans les mas­sacres liés à la colo­ni­sa­tion ; exi­ger la recon­nais­sance des mas­sacres du 17 octobre comme crime d’E­tat ; récla­mer l’ou­ver­ture des archives de la Guerre d’Al­gé­rie et de la colo­ni­sa­tion aux cher­cheurs fran­çais et étran­gers, sans res­tric­tions, ni exclu­sives ; refu­ser les dis­cours xéno­phobes, racistes, colo­nia­listes. Ces reven­di­ca­tions sont por­tées depuis des années, et nous espé­rions que le 60ème anni­ver­saire ver­rait une réponse cor­recte appor­tée à cer­taines d’entre elles. Mal­heu­reu­se­ment, ce n’est pas le cas. Les archives sont tou­jours fer­mées, la res­pon­sa­bi­li­té de l’État n’est tou­jours pas recon­nue, les dis­cours xéno­phobes, racistes et colo­nia­listes sont tolé­rés. Alors que le Pou­voir s’obstine à ne pas regar­der en face toute son His­toire, il se lance dans une polé­mique inutile et bles­sante vis à vis de l’Algérie. Ce n’est pas à la hau­teur du moment. 2022, c’est le 60ème anni­ver­saire de la fin du sys­tème colo­nial en Algé­rie, d’une guerre cruelle, 60ème anni­ver­saire de l’indépendance de l’Algérie. C’est une date qu’il ne faut pas prendre avec fri­lo­si­té. Bien au contraire. Nous appe­lons à prendre des ini­tia­tives pour rendre compte de ce qui fut une bonne nou­velles pour les peuples algé­rien et fran­çais, pour tous les peuples. 17 octobre 1961 – 17 octobre 2021 3/4 Les asso­cia­tions du col­lec­tif « 17 octobre 1961 » pren­dront toute leur part dans l’organisation d’initiatives allant dans ce sens. Notre objec­tif est de faire que les ques­tions liées à la colo­ni­sa­tion et à la guerre d’Algérie soient lar­ge­ment por­tée dans l’agglomération. Nous appe­lons les pou­voirs publics et les col­lec­ti­vi­tés locales à prendre toute leur part dans cette com­mé­mo­ra­tion, pour com­battre des démons tou­jours pré­sents, mais aus­si pour mettre en par­tage une his­toire com­mune entre la France et l’Algérie, construire des liens de soli­da­ri­té entre les deux rives de la Médi­ter­ra­née. Cet hom­mage ne serait pas com­plet sans expri­mer notre soli­da­ri­té avec le peuple algé­rien. Depuis le 22 février 2019, sur l’ensemble du ter­ri­toire algé­rien, le peuple s’est levé en masse et paci­fi­que­ment, pour obte­nir des chan­ge­ments poli­tiques et sociaux. C’est le Hirak. Jeunes, femmes, étu­diants.… pro­gres­sistes et démo­crates, mani­festent pour une nou­velle socié­té plus libre, plus démo­cra­tique et plus juste, débar­ras­sée de la cor­rup­tion. Nous devons être soli­daires de ce com­bat, le faire connaître lar­ge­ment. La jeu­nesse algé­rienne n’est pas oublieuse de son His­toire : elle s’en est empa­rée et elle ins­crit son com­bat actuel dans la conti­nui­té du com­bat pour la libé­ra­tion de l’Algérie. Des dizaines d’Al­gé­riennes et d’Al­gé­riens sont actuel­le­ment en pri­son pour délit d’o­pi­nion ou avoir vou­lu infor­mer. Des par­tis poli­tiques sont mena­cés d’interdiction, des jour­na­listes sont empri­son­nés. Nous venons d’apprendre avec stu­peur la dis­so­lu­tion du RAJ, Ras­sem­ble­ment Actions Jeu­nesse, né en 1992 en pleine décen­nie noire, contri­buant depuis 28 ans aux com­bats pour les droits et la démo­cra­tie. Nous deman­dons la libé­ra­tion immé­diate de tous les pri­son­niers poli­tiques, et le res­pect des droits des orga­ni­sa­tions démo­cra­tiques algé­riennes. Les ques­tions sou­le­vées par ce mou­ve­ment ne se résou­dront pas par la répres­sion, mais par la pleine prise en compte des demandes du peuple algé­rien. Bien sûr, c’est au peuple algé­rien et à lui seul de déter­mi­ner le che­min qu’il sou­haite suivre. Mais cela ne doit pas nous empê­cher d’a­gir pour ampli­fier la soli­da­ri­té avec le peuple algé­rien dans son com­bat démo­cra­tique. Mer­ci de votre atten­tion. »

Extrait de l’in­ter­ven­tion de Eric Piolle maire de Gre­noble
« 60 ans après la réponse ins­ti­tu­tion­nelle de l’é­tat n’est pas à la hau­teur
oui la France doit recon­naître les mas­sacres du 17 octobre 1961 comme crime d’é­tat .
oui la France doit recon­naître plei­ne­ment sa res­pon­sa­bi­li­té dans les mas­sacres de la colo­ni­sa­tion.
oui les archives de la guerre d’Al­gé­rie et de la colo­ni­sa­tion doivent être ouvertes sans res­tric­tion.
A ceux qui, au plus haut som­met de l’é­té vou­draient nous faire croire que le silence effa­ce­rait les crimes et lave­raient les mains des bour­reaux, à ceux qui vou­draient nous faire croire que les vic­times dérangent à deman­der le droit de par­ler, à deman­der la jus­tice, à cela je veux dire non.
Ce n’est pas aux vic­times de se taire, c’est aux res­pon­sables de sor­tir enfin du silence et c’est à la jus­tice de les y contraindre s’ils refusent de rendre des comptes »

Mariano-Bona/

Maria­no Bona.

Eric-Piolle/

Eric Piolle.

Fleur/
Plaque/
Banderole/

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