Lycées professionnels. Six semaines de cours en moins

Par Didier Gosselin

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Le 12 décembre, devant le rectorat de l’académie de Grenoble.

Les dernières mesures du gouvernement visent à réduire les heures d’école en lycée professionnel au profit des périodes de stages en entreprises. La casse du lycée professionnel se poursuit !

Les enseignant·e·s des lycées pro­fes­sion­nels étaient en grève mar­di 12 décembre contre la mise en place des mesures annon­cées par la ministre délé­guée Carole Gran­jean. La mobi­li­sa­tion, située entre 10 et 15% par les syn­di­cats dans l’académie de Gre­noble, n’a pas été à la hau­teur des enjeux, et a man­qué de visi­bi­li­té. Cela ne signi­fie pas pour autant un dés­in­té­rêt de la part des enseignant·e·s mais plus une forme de rési­gna­tion face aux coups por­tés depuis des années et à ce qu’ils génèrent au niveau des équipes péda­go­giques : indi­vi­dua­lisme, mise en concur­rence, pré­ca­ri­té…

Capi­tal humain adap­table et flexible

Depuis leur rat­ta­che­ment au minis­tère du Tra­vail en 2022, les lycées pro­fes­sion­nels se trouvent encore plus sou­mis aux besoins locaux et tem­po­raires de main d’œuvre des entre­prises. Ain­si, les élèves, majo­ri­tai­re­ment issus des classes popu­laires, voient une nou­velle fois se réduire encore leurs heures d’école, tant en for­ma­tion pro­fes­sion­nelle, de plus en plus dévo­lue à des entre­prises dites « for­ma­trices », qu’en ensei­gne­ment géné­ral et cultu­rel réduit à la por­tion congrue. En effet, en 2024, ce sont six semaines de cours qui dis­pa­raî­tront en Ter­mi­nale Bac Pro au pro­fit d’une période de for­ma­tion en entre­prise ou de pré­pa­ra­tion à la pour­suite d’études via notam­ment les fameuses « soft skills » ou com­pé­tences trans­ver­sales.

Après 15 ans de contre-réformes suc­ces­sives, le lycée pro­fes­sion­nel est peu à peu vidé de sa mis­sion ini­tiale, for­mer des tra­vailleurs citoyens maî­tri­sant des bases d’un métier et d’une culture solides, capables de com­prendre et trans­for­mer le monde, et som­mé de four­nir du capi­tal humain adap­table et flexible répon­dant aux attentes du patro­nat.

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