Grenoble. Pourquoi les salariés de la MC2 sont en grève depuis le 17 novembre

Par Luc Renaud

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Plusieurs représentations ont été annulées.

Souffrance au travail, multiplication des licenciements, salaires… Les salariés et leurs syndicat CGT sont mobilisés pour obtenir un retour au dialogue social et une amélioration des conditions de travail. Une réunion de négociations est prévue ce 24 novembre.

« Non, ce ne sont pas les salaires qui constituent notre première revendication ; ce sont les licenciements abusifs. » Ivan Bausuno, délégué du Syndicat national des professionnels du théâtre et des activités culturelles (Synptac-CGT), tient d’emblée à mettre les points sur les i : trop de désinformation.

Les salariés permanents et intermittents de la scène nationale grenobloise sont en grève depuis le 17 novembre. Après un premier mouvement les 7 et 8 novembre. « Nous sommes majoritaires dans la grève, souligne Ivan Bausuno, pas neuf ou douze, comme on peut le lire ici ou là, la preuve : lors du rassemblement du personnel devant la réunion du conseil d’administration, nous étions trente-cinq. » Désinformation, là encore.

Postes non pourvus

L’emploi, c’est donc le principal motif de la colère des salariés de la MC2. Déjà parce que les soixante-deux postes ne sont pas tous pourvus. « Nous avons travaillé à 48 pendant une période, nous sommes aujourd’hui un peu plus de cinquante », indique une technicienne. Sur ce point, la direction rappelle que des recrutements sont en cours et qu’il est difficile de trouver des candidats. « C’est normal, rétorque Ivan Bausuno, dans le réseau des scènes nationales et le milieu professionnel, les gens se parlent, et personne n’a envie de venir travailler dans l’ambiance que nous connaissons à Grenoble. »

Les alertes de la médecine du travail

L’ambiance, c’est la médecine du travail qui en parle. Elle est à l’origine de deux alertes pour des risques psychosociaux, l’une en 2022, l’autre en juillet dernier. Démarches officielles liées à la multiplication des arrêts de travail dont les syndicalistes estiment qu’ils découlent « quasiment tous des pratiques de direction en vigueur dans l’établissement ».

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Postes non pourvus, arrêts maladie de longue durée, mais aussi licenciements. Douze licenciements ces dernières années, trois depuis juillet dernier, deux pour faute grave – sans indemnités, après dix-huit et vingt-six ans d’ancienneté – et un autre pour inaptitude. Ce qui finit par faire beaucoup… et entraîne une surcharge de travail pour ceux qui restent.

Dialogue difficile avec… les magistrats

Toujours au chapitre des pratiques de direction de la MC2 et de la réalité du dialogue social, on pourra s’arrêter sur la situation du comité social et économique. Sur les dix élus du personnel – cinq titulaires et cinq suppléants – il en reste deux. Les autres ont quitté l’entreprise ou sont en arrêt longue durée. La CGT demande l’organisation d’élections, ce que refuse la direction. L’affaire est devant la justice qui, le 16 novembre, ordonné une médiation, malgré l’opposition de la direction. Le dialogue avec les magistrats semble difficile, lui aussi.

Bas salaires

Et puis il y a aussi les salaires. Évidemment, en cette période d’inflation. La CGT demandait des augmentations progressives par tranche de salaires. 6 % pour les salaires les plus bas, 0,5 % pour les plus élevés. « L’idée, c’était d’éviter que les plus bas salaires se retrouvent au niveau du SMIC, qui a lui augmenté au niveau de l’inflation », explique Ivan Bausuno. Les négociations se sont achevées sur un constat de désaccord, l’augmentation a été générale pour tous les salariés, de 3,2 % en 2023. L’inflation a été de 5,2 % en 2022 et dépassait les 6 % au printemps 2023, à 4 % en octobre dernier. Le salaire d’un chef de service à la MC2 peut actuellement se situer autour de 2200 euros bruts.

Sept jours de grève au 23 novembre. Il fallait bien que les motifs de colère se soient trop longtemps accumulés pour en arriver là.

Une ouverture vers la fin du conflit ?

Ce jeudi 23 novembre en fin de matinée, une réunion a eu lieu entre les responsables de la CGT et la direction. Entretien jugé plutôt positivement par Ivan Bausuno. « Des propositions concrètes doivent nous être présentées demain vendredi 24 novembre, c’est heureux après une semaine de grève ; il faudra qu’elles soient concrètes et traitent de l’ensemble des points que nous avons soulevés », prévient-il.

Une assemblée générale du personnel s’est déroulée dans l’après-midi du 23 novembre, à l’initiative de la direction qui souhaitait informer les salariés de la teneur des débats du conseil d’administration du 21 novembre.

Les salariés ont rejeté la demande qui leur était présentée de monter le spectacle programmé dans la soirée du 23 novembre dans l’attente de propositions concrètes de la direction.

Tout dépend désormais des discussions prévues ce vendredi 24 novembre.

La direction de la MC2

La scène nationale grenobloise est dirigée par Arnaud Meunier, son directeur.

Le conseil d’administration de la MC2 est présidée par Laeticia Rabih, conseillère métropolitaine.

Il est composé de cinq élus de Grenoble Alpes métropole, trois représentants de l’État, deux élus régionaux, un élu départemental, une élue grenobloise, cinq personnalités qualifiées et de représentants du personnel.

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